Placés en zone d'attente dans des hôtels

Migrants: les 70 passagers de l'Imula souhaitent demander l'asile

  • Publié le 6 février 2019 à 03:00
  • Actualisé le 14 février 2019 à 09:37

Débarqués mardi 5 février 2019 au Port-ouest, les 70 passagers du bateau sri-lankais l'Imula commencent leur (longue) bataille administrative et probablement judiciaire pour obtenir l'asile en France. Ils ont été placé en "zone d'attente" et sont logés dans des hôtels, la zone d'attente de l'aéroport de Gillot étant trop limitée.

• Arrivés sur une coque de noix

Le navire de migrants a été intercepté par les autorités maritimes à environ 5 kilomètres au large des côtes réunionnaises en fin d'après-midi, lundi 4 février 2019. "L'Imula" transporte environ 70 personnes dont cinq enfants et huit femmes. Il ressemble en tout point aux autres bateaux arrivés précédemment : des navires de pêches que nous trouvons très souvent au Sri-Lanka, nous expliquait il y a quelques semaines Anthony Goreau-Ponceaud, géographe, maître de conférences à l'Université de Bordeaux. Près de 4.000 kilomètres et 20 jours de navigation séparent l'ancien Ceylan et La Réunion.

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• Placés en zone d'attente dans un hôtel

A la fin des opérations administrative (identification des personnes etc.) et sanitaire, les 70 migrants ont été conduits dans un hôtel. La zone en attente de Gillot est trop limitée

Cet hôtel a donc le statut de "zone d'attente". C'est "un lieu d’enfermement de l’étranger, précise l'avocat Maître Ali Mihidoiri. C’est une zone d’accès très limitée, la loi prévoit spécifiquement les personnes qui sont autorisées à y accéder."

La période maximum de maintien dans cette zone est de 20 jours, sous contrôle du Juge des Libertés et de la détention. "Ce dernier intervient une première fois au bout de quatre jours pour décider, le cas échéant, d'une prolongation de 8 jours supplémentaires et une seconde fois au terme de ces 8 jours en vue d'une éventuelle prolongation exceptionnelle d'encore huit jours," signale l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

• Vont-ils demander l'asile ?

D'après la Péfecture, les passagers de l'Imula ont bien l'intention de demander l'asile à la frontière. Demander l'asile en France n'est en rien facile : c'est une véritable bataille administrative et parfois judicaire. Penser qu'un migrant obtient facilement l'asile est une erreur... C'est long, très long et difficile.

La demande d'asile à la frontière a été instaurée en 1982. Elle a "pour objet d’autoriser ou non l’entrée sur le territoire, au titre de l’asile, des ressortissant étrangers qui se présentent aux frontières démunies des documents requis pour y être admis," écrit l’Ofpra sur son site. C’est le ministère de l’Intérieur qui prend la décision d’admettre ou non le demandeur sur le territoire, après avis de l’Ofpra.

En cas d’admission sur le territoire, l’étranger a huit jours pour formuler une demande d'asile auprès de la Préfecture. Une décision de non admission se traduira par le renvoi de la personne vers son pays d’origine. Un recours est cependant possible devant le Tribunal administratif.

Durant cette période, l’étranger est maintenu en zone d’attente.

• "Quels sont les moyens que nous pouvons mobiliser pour accueillir ces personnes" s'interroge Olivier Hoarau, maire du Port

Interrogé mardi 5 février 2019 sur les arrivées de migrants à La Réunion, le maire du Port Olivier Hoarau a déclaré : "quels sont les moyens que l'Etat français peut mobiliser pour enrayer ce phénomène, non pas que nous ne souhaitons pas les voir arriver, c'est surtout de pouvoir les accueillir." Pour lui, la ville du Port n'est pas la seule concernée. "Il y a une mobilisation de certains avocats pour défendre leur droit, poursuit-il. C'est la Constitution française, ils sont sur un territoire français et je me réjouis qu'elle protège ces personnes."

Au sujet des commentaires xénophobes, racistes entendus comme de coutume à chaque nouvelle arrivée, le maire du Port réagit : "Le premier sentiment en général lorsqu'on parle avec émotions, est négatif. Dans ce genre de situation, il faut que la raison reprenne le pas dessus. Compte tenu de la situation de beaucoup de Réunionnaises et de Réunionnais, sur le logement ou le travail... et de voir peut-être ces arrivants comme des menaces pour leurs conditions, il faut rassurer dans la qualité et la capacité de prendre en charge ces ressortissants."

• Avant l'Imula, quatre bateaux sont arrivés à La Réunion en onze mois. Que sont devenus leurs passagers?

=> 1er bateau, arrivé en mars 2018 : Les six hommes avaient pu déposer une demande d’asile. L’un d’entre eux a choisi de rentrer au Sri-Lanka, les autres viennent de recevoir une réponse négative l’Ofpra. Certains veulent faire appel de la décision.

=> 2ème bateau, arrivé en octobre 2018 : Les huit hommes ont été rapatriés en grande pompe quelques jours après leur arrivée. Du côté de la Cimade, l'association qui lutte pour le respect des droits des migrants, on se demandait si les procédures avaient été respectées...

=> 3ème bateau, arrivé le 14 décembre 2018 : Les 62 Sri-lankais, hommes, femmes et enfants ont déposé leur demande d’asile à la Préfecture. Ils sont en attente de la décision de l'Ofpra.

=> 4ème bateau, arrivé le 26 décembre 2018 : Après de multiples péripéties judiciaires, les 7 hommes arrivés à bord du "Roshan" seront reconduits dans leur pays.

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Titi974
Titi974
5 ans

Je crois qu'il faudrait par commencer par l'avocat, ce n'est pas normal que ces gens arrivent avec pour seul papier, le numéro du miridoiri et connaissent que leur droit. Je suis certain que des gens bien placés à la Réunion sont complices dans cette filière d'immigration.Il faudrait que l'avocat soit nommé, mais pas choisi par le clandestin avant de quitter son pays.