Le bateau a été déchargé sous la protection de la police (actualisé)

Poursuivis pour avoir empêché le déchargement du poisson, deux pêcheurs fixés sur leur sort mercredi

  • Publié le 19 février 2019 à 15:31
  • Actualisé le 19 février 2019 à 17:47

Yannis Latchimy, l'un des pêcheurs à l'origine de l'action et Bertrand Baillif, président du Comité des Pêches ont été jugés selon la procédure du référé au tribunal de Saint-Denis ce mardi après-midi 19 février 2019. C'est la société Réunimer qui les attaquait au motif qu'ils auraient empêché le déchargement de l'Ile Sainte-Marie, un bateau malgache transportant du poisson au port-ouest. Les deux hommes seront fixés sur leur sort ce mercredi. Mais ce jugement risque de tomber à plat. En effet, alors que l'audience avait lieu ce mardi après-midi, le navire a été déchargé sous la protection des forces de l'ordre. La société Réunimer a réclamé le paiement d'une astreinte de 5000 euros par personne et par jour de blocage constaté à compter du jugement

A quai depuis six jours au port-ouestl l"Ile Sainte-Marie" a finalement débarqué sa cargaison de poissons ce mardi sous la protection des forces de l'ordre. Sur le quai, les pécheurs se sont s'indignés. Ils ont dénoncé le manque de contrôle dans l'enceinte portuaire. "C'est une véritable passoire", ont-ils alerté, car on entrerait au Port-ouest comme dans un moulin. Ni les services vétérinaires, ni les douanes n'ont contrôlé la cargaison du bateau mis en cause...

Ce mardi les policiers sont arrivés en tout début d'après-midi. "Le déchargement du bateau a commencé peu de temps après" s'insurge un pécheur présent sur place.

Ce même jour à 15 heures, Yannis Latchimy à l'origine de l'affaire et Bertand Baillif ont été convoqués au tribunal pour un jugement en référé. La société Réunimer les poursuivait pour avoir bloqué le bateau malgache et empêcher son débarquement. Le président du Comité des pêches était représenté par Maître Vincent Hoarau,.

Le défenseur a demandé la nullité de la procédure. Selon l'avocat les contats d'huissier ne mentionnent pas clairement le rôle qu'à joué son client lors de ce blocage. Même s'il reconnait qu'"il partage une sympathie pour l'action".

De son côté Yannis Latchimy s'est défendu seul, "J'ai pas bloqué ce bateau, j'ai simplement demandé : =vous pouvez pas débarquer sans les services compétents ?+". Et quand à son rôle sur le blocage du bateau, il affirme qu'il s'agissait d"un geste symbolique".

Réunimer a réclamé une astreinte de 5000 euros par personne et par jour de bloicage constaté à compter du jugement. La décision sera rendue mercredi 20 février vers 15 heures. Quoi qu'il en soit, ces montants ne seront pas réclamés puisque  le bateau malgache a été déchargée ce mardi après-midi au moment de l'audience.

Le président de Réunimer, groupe détenteur d’Enez a régi sur les accusations portées par les deux hommes : "ils nous accusent d’avoir des opérations illégales. C’est complètement faux. Les seuls qui peuvent dire si c’est légal ou nom, ce sont les services de l’Etat, qui nous donnent toutes les autorisations pour débarquer. Nous débarquons 38 fois par an, à peu près tous les dix jours, avec ce même navire. Ni monsieur Baillif, ni monsieur Latchimy n’ont le droit de faire la Police à la place de l’Etat. C’est pour cela qu’ils sont au tribunal."

Regardez le direct Facebook de Yannis Latchimy qui se trouvait sur le quai au moment du déchargement

Ces professionnels de la mer s'indignent d'autant plus que deux d'entre-eux sonrt convoqués au tribunal de Saint-Denis ce mardi après-midi. Le propriétaire de la cargaison de poissons a engaré une procédure en référé contre eux pour "entrave" à la liberté de travail. Regardez


"Je suis convoqué à 15h30 au Tribunal de Grande Instance. J'ai empêché d'accoster le bateau", ironise le président du Comité des pêches. "Et si moi je porte plainte sur contrebande, sur du poisson qui est débarqué sur le territoire en toute illégalité ? Belle République !"

- Impossibilité de tracer les produits -

Cette histoire aurait pourtant pu passer inaperçue. Un navire convoyeur malgache entre au Port-ouest au beau milieu de la nuit, sur les coups de trois heures vendredi 15 février 2019. "L’Île Sainte-Marie" est un habitué de La Réunion, il vient décharger ses cales, pleines de poissons, pêchés par différents bateaux malgaches.  Des pêcheurs de La Réunion l’en empêchent. Ils se demandent si tout est en règle… Ni contrôle de douane, ni contrôle vétérinaire ne sont faits. Les pêcheurs dénoncent et attaquent, parlent de concurrence déloyale, d’impossibilité de tracer les produits, évoquant même des problèmes sanitaires. Selon eux, cette situation n’est pas inédite, elle est juste devenue normale. Et cinq jours et demi plus tard, ce mardi matin 19 février, la situation n’avait pas bougé d’un pouce.

Elle a évolué dans l'après-midi avec le déchargement du bateau

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"Nos petits pêcheurs sont en train de s'éteindre"

"Il y a zéro contrôle, pas de douane, martèle Yannis Latchimy. C'est inadmissible. Un bateau battant pavillon malgache ne peut pas entrer dans un port de La Réunion, un port français comme ça!" Et pourtant, l’Île Sainte-Marie est bien à quai, en attente d’être déchargé. Le pêcheur est exaspéré : "nos petits pêcheurs sont en train de s'éteindre, sur 600 il n'en reste que 80 actifs. Aujourd'hui le marché déloyal c'est qu'un poisson qui arrive comme ça, il est en train de tuer tous les petits pêcheurs."

Sur les étals et dans les grandes surfaces, du poisson "Océan Indien" et non "Madagascar" "Il y a une tromperie du consommateur, s'énerve Bertrand Baillif. J’ai déjà alerté les douanes sur ce problème l’année dernière, je n’ai jamais eu de réponse. C’est révoltant !"

Pour la douane, c'est chaque chose en son temps...

"Les poissons pêchés en dehors des eaux françaises doivent passer par nous," affirme la direction des douanes. "Avant de décharger quelque chose, tout doit être déclaré dans un manifeste qui sert à dire "voilà tout ce que j’ai à bord", et par principe tout est noté, ajoute-t-elle. Si nous montons à bord et que nous trouvons quelque chose d’illicite, nous saisissons…On fait notre travail avec des analyses de risques, en fonction du degré de risque…"

Mais chaque chose en son temps… "Avant de faire cette déclaration en douane pour payer les droits et taxes, les produits animaux doivent d’abord être contrôlés par les services vétérinaires, situés au Port-est. Nous devons ainsi avoir l’aval des vétérinaires pour déclarer en douane" ajoute la direction des douanes

Cependant, le bateau est amarré au Port-ouest et non au Port-est… "Tout est à l’envers, souffle le président du Comité des pêches. Et ça fait dix ans que c’est comme ça !" Et ce n’est apparemment pas un problème : la marchandise sera transportée, par camion frigorifique sur un peu plus de 4 kilomètres… et tout paraît normal. "Il n’y a pas de cas particulier, ce bateau est traité au même titre que les autres. D’un point de vu matériel, il  n’y a pas les moyens de faire les contrôles vétérinaires sur place au moment du débarquement."

Mais alors pourquoi ce bateau n'a pas accosté directement au Port-Ouest? Là où sa marchandise peut être contrôlée sans problème ? "C’est vraiment du ressort de la douane et des services de l’Etat…" répond d’abord la Capitainerie du Port, avant d'ajouter : "Nous avons tous les jours des porte-conteneurs. Ils ont la priorité, le Port-est est consacré essentiellement à cette activité commerciale, pas à la pêche."

De la drogue ? "Ça se saurait!"

Et du côté de la gendarmerie ? La question ne se pose même pas : un bateau de commerce, ça ne les concerne pas... "Et s'il transportait de la drogue je peux vous assurer que ça se saurait, précisent les gendarmes. Les trafiquants sont pistés bien en amont. Avant qu’il y ait un bateau qui entre peinard dans le Port et qui décharge sa cargaison de drogue, il va encore se passer quelques dizaines d’années." Ah, et bien nous sommes rassurés.

Notre enquête s'est arrêtée là faute de réponse des services vétérinaires pourtant sollicités à des nombreuses reprises par notre rédaction. La suite, peut-être au prochain épisode....

nt/www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Jfk
Jfk
5 ans

Quelques dizaines d'années?! J'espère jamais!

No problem
No problem
5 ans

Empoisonneur...baiseur de subventions. Pour embaucher des gacjed sou payé ....