Peut-être "le plus meurtrier" survenu dans la région

Cyclone Idai - Course contre la montre pour sauver les "prisonniers" des eaux

  • Publié le 19 mars 2019 à 02:57
  • Actualisé le 20 mars 2019 à 06:37

Alors que le bilan s'élève déjà à 300 morts, les secouristes étaient engagés mardi 19 mars 2019 dans une course contre la montre pour sauver des milliers de personnes toujours réfugiées sur des arbres et des toits, cinq jours après le passage du cyclone Idai en Afrique australe, qui pourrait être "le plus meurtrier" jamais survenu dans la région, selon les humanitaires.

Le cyclone, qui a balayé la semaine dernière le centre du Mozambique puis l'est du Zimbabwe voisin, a fait au moins 300 morts. Mais le bilan pourrait dépasser le millier de morts au seul Mozambique, épicentre des destructions, a prévenu lundi son président Filipe Nyusi.

Selon l'organisation Care, Idai "pourrait être le #cyclone le plus meurtrier en Afrique australe" à ce jour.

"Nous parlons d'un désastre majeur", a renchéri le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, mardi à Genève.

Un "océan" dans les terres

Au Mozambique, l'un des pays les plus pauvres au monde, une surface d'un rayon de 100 km est totalement inondée, selon le ministre de l'Environnement Celson Correia.

Il y a un "océan" dans les terres, isolant complètement des villages, a expliqué à l'AFP une humanitaire qui a requis l'anonymat.

Et la situation ne devrait pas s'améliorer car des pluies abondantes sont attendues dans les prochains jours, a prévenu le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a commencé à acheminer de l'aide pour plus d'un demi-million de personnes.

Pour compliquer la situation, plusieurs barrages menacent de céder au Mozambique, leur capacité approchant du niveau maximum.

Filipe Nyusi a demandé à ses concitoyens qui habitent près de rivières dans la région "de quitter la zone pour sauver leur vie". Car les autorités pourraient n'avoir d'autre choix que d'ordonner l'ouverture des vannes de barrages, alors que les terres sont déjà totalement submergées.

Au Mozambique comme au Zimbabwe, de nombreux ponts et routes ont été emportés par les eaux, compliquant les opérations de secours et l'évaluation des besoins.

En bateaux pneumatiques et en hélicoptères, des humanitaires ont continué mardi au Mozambique à porter secours à des personnes réfugiées sur la cime d'arbres et des toits. "Dans les arbres, les gens doivent se battre avec des serpents, des insectes, des animaux", a témoigné à l'AFP Ian Scher, président de l'organisation sud-africaine Rescue SA qui participe aux opérations de secours depuis Beira (centre). Mais les hélicoptères ne sont pas assez nombreux. "On sauve qui on peut et les autres vont périr, a prévenu Ian Scher. On doit prendre des décisions difficiles. Parfois on ne peut sauver que deux personnes sur cinq. Parfois on leur laisse de la nourriture et on va secourir une autre personne qui est plus en danger."

'Comme un tsunami'

Rescue SA a ainsi identifié une île formée par les inondations où quelque 350 personnes ont trouvé refuge en attendant les secours.
"L'eau est arrivée d'un coup, comme un tsunami, et a détruit presque tout sur son passage", a raconté à l'AFP Jose Batio, dont la maison a été détruite.

Pendant un jour, "on était des prisonniers sur le toit" d'un voisin jusqu'à ce que les secours arrivent en bateau, a-t-il ajouté, aux côtés de son épouse et de ses enfants, au sec sur une route à quelque 60 km de Beira. "On a survécu, mais beaucoup de nos voisins ont été emportés par les eaux."

Beira, ville d'un demi-million d'habitants, était toujours privée d'électricité, d'eau courante et d'internet mardi, cinq jours après avoir été balayée par Idai. La salle d'opération et plusieurs services de l'hôpital de la ville ont été gravement endommagés, et la totalité des 17 centres de santé de Beira se retrouvent sans toit, selon l'organisation Médecins sans frontières (MSF).

Au Zimbabwe voisin, où les habitants enterraient leurs morts, le président Emmerson Mnangagwa s'est rendu mardi dans la province du Manicaland (est), la plus touchée par le cyclone, pour évaluer les dégâts.


Au moins 200 personnes sont encore portées disparues dans la région, notamment après l'effondrement d'habitations occupées par des fonctionnaires.

L'organisation Amnesty International a appelé la communauté internationale à se mobiliser devant l'ampleur de la catastrophe, mais aussi devant les conséquences du changement climatique.
"Alors que les effets du changement climatique s'intensifient, on peut s'attendre à ce que ces conditions climatiques extrêmes se produisent plus fréquemment", a prévenu Amnesty, appelant à "des mesures ambitieuses pour lutter contre le changement climatique".

L'arrivée du cyclone avait été précédée de très fortes précipitations au Mozambique mais aussi au Malawi voisin, des intempéries qui avaient fait au moins 122 morts. Le Malawi a finalement été épargné par Idai.

www.ipreunion.com avec l'AFP

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