Alcoolisme problématique, suicides, dépression...

Les chiffres préoccupants de la santé mentale

  • Publié le 19 mars 2019 à 02:59
  • Actualisé le 19 mars 2019 à 09:33

A l'occasion de la semaine d'information en santé mentale, l'Observatoire régional de la santé - Océan Indien a publié une étude sur la santé mentale à La Réunion. De nombreux éléments en ressortent : alcoolisme problématique, taux de suicide plus élevés qu'en métropole, prévalence des femmes chez les malades souffrant de dépression...

Voici les principales conclusions tirées de l'étude :

• Les femmes en surreprésentation pour les troubles mentaux

La plupart des troubles mentaux rapportés dans le rapport touchent en plus forte proportion les femmes. En effet, la détresse psychologique, la dépression et les pensées suicidaires sont plus nombreuses chez les femmes que chez les hommes. Ces troubles représentent respectivement : 28.9%, 10.9% et 5.8% des femmes interrogées, contre 17.6%, 5.7% et 3.5% des hommes.
Elles sont également deux fois plus nombreuses à avoir tenté de se suicider, et à avoir récidivé à une tentative manquée. Selon les chercheurs, cela souligne une prévalence du sentiment de mal-être chez les femmes.


• Les hommes, plus touchés par une mortalité précoce et l’alcoolisme

Si les tentatives de suicide sont plus élevées chez les femmes, ce sont les hommes qui sont le plus touchés par les décès par suicide. En effet, sur la période 2013-2015, 82% des décès étaient des hommes. Pour 100 000, on compte 21 décès, contre 4 chez les femmes. Ils sont aussi plus concernés par la surconsommation d’alcool : 52,9% des décès avec mention de troubles mentaux étaient liés à l’usage de l’alcool, contre 9,5% chez les femmes. 82% des hommes hospitalisés en 2017 l’ont été pour troubles liés à l’alcool, contre 36% des femmes.

• Le suicide, deuxième cause de mortalité chez les jeunes

Après les accidents de transport, le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes. Ils sont par ailleurs deux fois plus nombreux qu’en métropole dans la tranche des 18-24% : 8% contre 4% en métropole. Il est important de souligner que cette part de la population est aussi plus sujette aux troubles mentaux tels que la dépression, ainsi qu’aux tentatives de suicide, et à la consommation de psychotropes.

• La précarité, un facteur déterminant

D’après l’étude, la précarité, et plus largement les déterminants sociaux, ont une influence non négligeable sur la santé mentale de la population. Par exemple, les personnes déclarant vivre dans une situation financière difficile sont deux fois plus nombreuses à présenter des signes de détresse psychologique. Même constat chez les personnes n’ayant plus d’activités depuis plus de six mois – comme les personnes atteintes de maladies chroniques par exemple.

• L’alcool, cause ou conséquence des troubles mentaux ?

La surconsommation d’alcool est apparue tout au long de l’étude comme une problématique récurrente. Mais cette dernière n’a pas réussi à déterminer si l’usage était une cause ou une conséquence des troubles mentaux observés chez la population. Les chiffres démontrent cependant que les personnes ayant une consommation chronique d’alcool sont trois fois plus concernées par les états dépressifs et quatre fois plus nombreuses à avoir eu des pensées suicidaires. L’alcool est aussi la première cause d’hospitalisation pour troubles mentaux chez les jeunes, ainsi que la deuxième cause de mortalité chez les personnes âgées.

De manière générale, les experts préconisent une meilleure collaboration entre les services d’addictologie et psychiatriques, les études ayant démontrés un lien entre ces deux problématiques. Une meilleure prise en charge, ainsi qu’une meilleure sensibilisation, sembleraient être un bon début de piste pour pallier aux lacunes de la psychiatrie à La Réunion.

as/www.ipreunion.com

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1 Commentaires
dodo, depuis son mobile
dodo, depuis son mobile
5 ans

Lorsque les problèmes financiers (absence de rémunération issue d'une activité) s'associent à la disparition du lien intergénerationnel, le manque de cohésion s'oublie dans l'alcool.

J'y vois un manque d'amour, un besoin d'aimer et d'être reconnu. Qu'est devenue la famille, cet espace où chacun pouvait se sentir en sécurité, être soutenu et aidé ?

Nous sommes devenus des statistiques, des numéros, des données quantifiables destinées à servir de prétexte à la création d'entités toujours plus gourmandes de faits mesurables.

Et si l'essentiel n'était pas là, pas dans ces chiffres, mais plutÃ't dans le mal-être au fond de chacun de nous ?