Réparation auto

Des pièces détachées moins chères, plus écologiques et d'occasion, c'est possible

  • Publié le 8 avril 2019 à 03:00
  • Actualisé le 8 avril 2019 à 12:39

De plus en plus de Réunionnais adoptent un comportement écoresponsable et de participent (un minimum) à la protection de l'environnement... et sous les capots de leurs titines ? Depuis le lundi 1er avril, un décret oblige les garagistes à proposer à leurs clients des pièces détachées issues de l'économie circulaire pour les réparations des véhicules. En moyenne, elles coûteraient jusqu'à 50% du prix neuf et seraient tout aussi fiables...

"Il y a tellement de voitures à La Réunion ! Le casseur est surchargé ! Il faut réutiliser ce que l’on peut, c’est obligatoire," s’emporte Dominique Alphy, gérant d’un garage Sainte-Clotilde. Début 2016, La direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) estimait qu’il y avait 341.500 voitures en circulation sur l’île. Et chaque année, elles sont des centaines à finir à la casse. La plupart des pièces qui les composent pourraient portant bien reprendre du service…

Du gâchis lorsque l’on songe à l’énergie et aux matières premières utilisées pour les produire… "C’est tout simple : une pièce démontée que nous allons revendre, c’est une pièce en moins de fabriquée, que nous n’avons pas besoin d’importer et plus tard de détruire. Tout est bénéfique à utiliser des pièces d’occasion. Le consommateur obtient une pièce de qualité à prix moindre, le garagiste fait quand même ses opérations," résume Sébastien Bienassis responsable Qualité sécurité environnement (QSE) à Generall Auto de Sainte-Clotilde

L’utilisation des pièces d’occasion n’est pourtant pas récente. Depuis le 1er janvier 2017, un texte oblige les professionnels de l’automobile de proposer systématiquement des pièces d’occasion. Mais trop peu connue, la mesure peinait à s’affirmer auprès des particuliers. Au 1er avril 2019, elle est donc renforcée par un décret.

Le garagiste doit désormais obligatoirement présenter deux devis à l’automobiliste : un pour des réparations avec des éléments neufs, un autre pour réparation avec des pièces d’occasion. Mais surtout, il doit faire systématiquement signer un papier au client en lui demandant s’il accepte, ou pas ces pièces. "Pour les trouver, nous appelons plusieurs casses pour voir si elles sont disponibles. Nous comparons les prix et nous les proposons aux clients," explique Dominique Alphy.

Economie circulaire

Ces pièces sont aussi appelées "pièces issues de l’économie de l’économie circulaire," (PIEC), elles sont sécurisées, tracées et doivent provenir de l’un des 1.700 centres de VHU (véhicules hors d’usage) agréés répartis sur tout le territoire français. Il y en a onze à La Réunion. Parmi eux, la casse de Sébastien Bienassis. "Aujourd’hui nous collectons des véhicules hors d’usage. Nous sommes dans l’économie circulaire, nous récupérons tout ce qui peut l’être en retirant les éléments dangereux, nous démontons, nous faisons contrôler et nous revendons," explique-t-il.

Pour lui, les pièces les plus demandées seront celles de carrosserie, comme des potières, coffre, capot, rétroviseurs, phares. A savoir que les pièces d’usure (les plaquettes de frein, les pneus, les amortisseurs…), celles de sécurité ou de liaison au sol ne peuvent pas être remplacées par une pièce d’occasion.

30 à 50% d'économie

Ce dispositif devrait profiter au portefeuille des automobilistes. Le prix des pièces d’occasion est nettement plus intéressant. "Vu le coût des pièces à La Réunion, je propose automatiquement et depuis longtemps des pièces d’occasion à mes clients. Ils sont très intéressés," raconte Patrick Groz, gérant du garage Groz et frères à La Possession.
Les PIEC coûte en moyenne entre 30 et 50% du prix neuf. "Tout dépend de la pièce. Certaines sont particulière et extrêmement rares, d’autres sont très courantes," précise Sébastien Bienassis. Pour une portière de voiture neuve à 200 ou 300 euros, "il faut compter 150 euros en occasion, voire moins. Même s’il faut refaire la peinture, c’est rien du tout !" estime Dominique Alphy.

Gain d’argent, gain de temps ?

Pas forcément… Dans les casses autos, c’est "soit on a la pièce, soit on l’a pas, rit Sébastien Bienassis. Si on l’a, la disponibilité est immédiate. Sinon…," sinon, c’est très long ! Et pour les garagistes, ce n’est pas forcément évident : "Il faut faire le tour des casses, voir ce qu’ils ont… c’est un souci. Une pièce neuve, on commande et c’est tout bon," souffle Dominique Alphy.

Mais ce problème se pose également avec une pièce neuve. Si elle n’est pas disponible sur l’île, il faut la commander en métropole et le délai peut-être de plusieurs semaines. Une procédure qui est presque automatique pour les éléments de carrosserie, mais pas pour les pièces mécaniques.

La peur de l’occasion…

Pour autant, les automobilistes sont parfois méfiants vis-à-vis des pièces d'occasion. "Je pense que le consommateur a peur de les utiliser. Surtout pour certaines… Il faut expliquer les choses, faire comprendre que les pièces de réemploi sont fiables," estime Sébastien Bienassis. Et il ne faut pas oublier que toutes pièces montées sur un véhicule est sous garantie légale, qu’elles soient neuves ou d’occasion. "S’il y a un problème sur une pièce PIEC, le remplacement est gratuit, mais pas la main d’œuvre, rectifie Dominique Alphy. S’il faut reprendre, il faut repayer la main d’œuvre !"

nt/www.ipreunion.com

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