Kwa Films

Le bon sens des hommes... et la folie du monde

  • Publié le 14 avril 2019 à 12:59
  • Actualisé le 14 avril 2019 à 14:58

Des Réunionnais font un rêve : celui de l'autonomie. L'autonomie des ventres mais aussi celle des consciences. Et si l'on réinventait tout ce que nous avons perdu ? Autour d'eux, le monde est devenu fou : le consumérisme est roi, l'individualisme forcené, la domination de l'Homme sur la nature est la règle. Pourtant, certains ont choisi de résister à ce tourbillon insensé.

Ingrid, la jeune poétesse, Bernard, qui aide les autres à se relever en donnant une seconde vie aux objets, Max, le paysan inspiré, Daniel et Annie-Claude, les éveilleurs de conscience et William, heureux tisaneur. Ils font appel à leur mémoire, au bon sens des anciens qui savaient vivre en autonomie : se nourrir, se soigner, recycler, vivre en communauté. Comment retrouver aujourd'hui ces connaissances traditionnelles pour aller dans la bonne direction? Celle d'un monde plus juste et plus humain. Le film "Le bon sens des hommes" est visible sur Kwa Films !

Anaïs Charles Dominique est la réalisatrice du film. Elle nous explique le choix du scénario. Comment vivre aujourd’hui dans ce monde miné par les effets du capitalisme : pollution, concurrence économique, déshumanisation...? L'idée : dresser les portraits de six Réunionnais et Réunionnaises qui proposent une alternative: puiser dans la tradition créole et proposer une autre voie.

Ces Réunionnais, dans leur vie de tous les jours, mettent en application des pratiques ancestrales, simples et sensées. Ils nous racontent comment la Réunion a pu, à une époque, être proche de son environnement, cultiver pour se nourrir, élever des animaux dans la cour, se soigner avec les plantes, recycler les objets.

A quel moment tous ces savoir-faire ont-ils disparu pour laisser place à une société de consommation omniprésente et qui nous fait oublier jusqu’aux connaissances les plus utiles pour notre survie au quotidien?

Ce documentaire engagé, tourné vers les modes de vie et de production, est un chant d’espoir contre l’appauvrissement des consciences; un chant de résistance pour être pleinement soi-même.

Après Maloya, j’écris ton nom (2015) et L’Horizon Cassé (2009), nous évoquons, encore une fois, l’évolution de l’identité réunionnaise face aux bouleversements récents historiques, économiques, sociaux.

Les personnages

Toute jeune poétesse, Ingrid Varon est habitée par les récits de la vie lontan: ce monde perdu, empreint de valeurs plus authentiques. La rencontre avec sa grand-mère, véritable zarboutan (pilier, en créole) lui donne des repères pour avancer dans la vie. Elle guide, à son tour, les plus jeunes en les initiant aux pratiques traditionnelles, en leur redonnant le goût de leur langue, la fierté de leur culture.

Âgé d’une quarantaine d’années, William Silotia est tisaneur de métier et il habite à Saint-Denis. Il s’est formé en métropole en botanique pour revenir aux tisanes réunionnaises avec une connaissance scientifique des vertus des plantes. Avec ces savoirs ancestraux, il soigne les maladies modernes de ses congénères (diabète, cholestérol). Pour fabriquer ses tisanes, formule unique pour chaque patient, il prend le temps de les écouter, d’entendre leurs maux les plus profonds. Toute cette attention et cette implication du soigneur sont des éléments clés de la médecine traditionnelle.

Établis dans les hauts de Saint-Anne (Cambourg), Daniel Bègue et Annie-Claude Abriska pourraient vivre paisiblement, en cultivant leur potager. Ils ont pourtant décider d'alerter leur amis, leur voisins et tous ceux qui le veulent sur les dangers de l’agriculture et de l’élevage intensif. Depuis plus d’un an, ils animent des groupes de citoyens et les accompagnent dans la mise en place d’une autonomie alimentaire et morale.

Max Fontaine a connu l’agriculture conventionnelle, utilisant pesticides et engrais. Un cyclone violent lui a fait prendre conscience qu’il était sur la mauvaise voie. Quand il a fallu reconstruire tout ce qui avait été détruit, il a décidé de revenir aux savoirs anciens de ses parents et grands-parents. Elevé à la Plaine-des-Grègues, dans les hauts de Saint-Joseph, il a baigné dans cette "culture de l’autonomie" des gramouns. Les techniques agricoles durables basées sur la reconstitution de la biodiversité étaient déjà présentes, il y a quelques décennies. Elles avaient le double avantage d’être efficaces (bonne rentabilité) et de permettre aux paysans d’être autonomes (diversité des cultures, ressources du jardin permettant de se nourrir, de s’abriter, de se soigner).

A la tête de la Fondation Emmaüs Réunion, Bernard Grondin a érigé un modèle économique basé sur l’économie de la collecte et du recyclage. L’objectif principal de son activité est de tendre la main à des hommes et des femmes, malmenés par la vie et de les réintégrer dans la société grâce à leur activité. Il fait ainsi revivre des valeurs de la Réunion lontan: la solidarité, l’entraide et la vie en communauté. Les anciens avaient également le souci d’éviter le gaspillage, non pas par mode, mais par nécessité: ils recyclaient les objets avec beaucoup d’ingéniosité. Bernard Grondin estime que cet héritage doit aujourd’hui être réactivé pour résister à ce monde consumériste, destructeur de nos ressources naturelles et de nos modes de vie.

Les thèmes du film

  • Se nourrir sainement: agriculture propre, autonomie alimentaire, polyculture
  • Se soigner naturellement: utilisation des tisanes
  • Consommer moins: recycler, se contenter de l’essentiel
  • Connaître sa langue et sa culture: se nourrir des traditions et savoir-faire anciens Etre solidaire dans sa communauté: oeuvrer à l’insertion de tous par l’activité
  • Privilégier les rapports humains à la richesse matérielle

L'équipe du film

La réalisatrice du film Anaïs Charles-Dominique a déjà réalisé plusieurs documentaires (courts et long-métrages) et une série de cinq courts documentaires. Ses thèmes de prédilection sont la société et l’identité culturelle réunionnaise. Elle est assistée à la réalisation par Cassandre Bigaignon.

Anaïs s’entoure, pour ce film, une fois de plus de son équipe habituelle Arnaud Petitet au montage et Emmanuel Dinh à la prise de vue (caméra et steadycam), aidé ici de Rayane Mrankodo. Les images tournées en drone sont réalisées par Adrien Diss. La bande son est signée par le jeune trompettiste réunionnais Tim Zéni et la prise de son directe est assurée par Christophe Martin et Antoine Guilloux.

TIKTAK PRODUCTION est une société de production, basée quand le quartier populaire du Chaudron, à Saint-Denis de la Réunion. Elle a été créée
par Laurent Médéa et Anaïs Charles-Dominique en 2005.
Tiktak production a, depuis, permis la réalisation de nombreux projets (documentaires, court-métrages de fiction et d’animation) en axant son travail sur une proposition engagée et un regard critique sur notre société réunionnaise en évolution perpétuelle.
Pour voir le film LE BON SENS DES HOMMES, c'est par ici !

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