Deux heures et demie de discours et des esquisses de mesures (actualisé)

Emmanuel Macron a parlé, parlé, parlé...

  • Publié le 26 avril 2019 à 10:34
  • Actualisé le 26 avril 2019 à 11:29

En saluant "de justes revendications" portées par les gilets jaunes, Emmanuel Macron a esquissé les orientations du "deuxième acte" de son quinquennat ce jeudi 25 avril 2019, en appelant à poursuivre les réformes, notamment avec un nouvel acte de décentralisation et une baisse de l'impôt sur le revenu. Concernant les Outre-mer, le président déclare, sans surprises et sans annonces, "être attaché aux territoires ultra-marins", et affirme qu'une plus grande décentralisation leur serait bénéfique. Des réflexions sont en cours pour identifier les transferts de compétences à réaliser. Par ailleurs sa visite à La Réunion prévue pour le mois de juin a été reportée à septembre.

Le chef de l’Etat a confirmé plusieurs des annonces qui avaient fuité par le biais des médias, il en annoncé d'autres, dans les secteurs de l’emploi, de l’éducation ou encore de la fiscalité, tout en maintenant sa ligne de conduite depuis le début de son mandat. "Je pense très profondément que les orientations prises durant ces deux premières années, à bien des égards, ont été justes", a-t-il déclaré.

• Sur les Outre-mer

Le président s'est dit "attaché aux territoires d’Outre-mer", un "archipel France" selon lui. Il ajoute qu'il est important de mener "une politique ambitieuse" dans ces territoires. Il a cependant confirmé la fermeture de France Ô : "une chaîne en plus n’est pas indispensable". Il souhait davantage de sujets ultra-marins à la télévision, "mais ils ne doivent pas pour autant être relégués dans un coin".

Dans les territoires ultra-marins, l'attente de décentralisation est très forte, selon le chef de l'Etat. Des discussions sont en cours pour identifier les compétences à transférer. Il cite à l'inverse d'autres compétences qui peuvent au contraire revenir à l'Etat car elles sont "insoutenables" pour les territoires d'Outre-mer, comme la recentralisation du RSA, annoncée lors de la venue d'Annick Girardin à La Réunion au mois de mars.

La ministres des outre mers, en toute logique, a estimé que plusieurs annonces avaient été faites en direction des territoires ultra marins

 

Cet enthousiasme ministériel n'est pas celui noté à La Réunion où les réactions sont mitigées à la suite de cette longue prise de parole présidentielle

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A l'issue de la conférence de presse, Réunion la 1ère, a annoncé que la visite à La Réunion prévue initialement pour juin prochain, a été reportée à septembre. La faute au Breixit semble-t-il...

Lire aussi : Le président viendra à La Réunion en septembre, pas en juin

• À propos d'immigration

Il ne s'agissait pas d'annonces à proprement parler mais le chef de l'Etat a également dit un mot sur le problème de l'immigration en Europe. Il invite d'ailleurs à "refonder l'espace Schengen" et veut une Europe "qui tient ses frontières et les protège".

Alors qu'à La Réunion, les audiences se poursuivent au tribunal administratif concernant les migrants sri-lankais arrivés samedi 13 avril 2019, le président affirme pour sa part qu'il "croit à l'asile, mais il faut lutter contre les filières de passeurs", sans pour autant faire précisément allusion au cas réunionnais. Il ajoute souhaiter si possible un débat chaque année au parlement sur la politique migratoire nationale et européenne.

• Sur la démocratie participative

Concernant les collectivités, Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de "conforter les maires dans leur rôle". "Je crois aux élus", a assuré le président, "et les maires sont le visage quotidien de la République". Mais il propose de faire participer les citoyens davantage à la vie politique du pays. Cela passe par "une part significative de proportionnalité" dans le Parlement, environ 20%, et par une limitation des mandats. Il a également confirmé une "réduction du nombre de parlementaires".

Le chef de l'État a partiellement répondu à l'une des revendications-phare du mouvement né à l'automne, en disant "aller plus loin sur le référendum d'initiative partagée", en faisant passer son seuil d'environ 4,5 millions de signatures (10% du corps électoral) à un million. Cette mesure figurerait dans la réforme constitutionnelle que le chef de l'Etat veut voir revenir au Parlement "à l'été".

Ce type de référendum va selon lui dans la "bonne voie", tandis que le référendum d’initiative citoyenne pourrait "remettre en cause la démocratie". Sur le plan local, le président propose donc de renforcer ce droit d’interpeller les élus, sur une thématique précise, mais tout en écartant le "référendum d'initiative citoyenne" (RIC) voulu par les gilets jaunes.

Emmanuel Macron propose également une refonte du Conseil économique, social et environnemental. Il souhaite ainsi mêler les citoyens aux discussions : "dès le mois de juin, 150 citoyens seront tirés au sort", affirme-t-il.

• Une baisse d'impôts sur le revenu, mais "davantage" de travail

Sur le plan fiscal, Emmanuel Macron a confirmé une baisse d'impôts sur le revenu. "Je ne veux pas de hausse d'impôts et je veux des baisses pour ceux qui travaillent en réduisant significativement l'impôt sur le revenu", a-t-il affirmé lors de la conférence de presse. Bruno Le Maire propose pour sa part que 15 millions de foyers fiscaux en profitent. Au micro de RTL ce vendredi 26 avril, Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, a annoncé que la baisse des impôts serait effective à partir de janvier 2020.

Mais il demande aussi aux Français de "travailler davantage" pour financer cette baisse d'impôts. Il a cependant estimé que cela ne pouvait pas passer par la suppression d'un jour férié ou un recul de l'âge légal de départ à la retraite, et il a relevé qu'on pouvait "laisser le libre choix" en ce qui concerne l'allongement de la durée de cotisation. Le président n'a pas évoqué une remise en cause des 35h.

Lire aussi : Macron propose de travailler plus pour payer moins d'impôts

Très demandé par les gilets jaunes, l'ISF, lui, n'a pas été remis sur la table. "Ce n'est pas un cadeau pour les plus fortunés", affirme le président, qui ne souhaite toujours pas revenir sur la réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune. Mais il admet le principe d'une évaluation et d'un éventuel réajustement de son mécanisme et de son assiette. "On regardera d'ici 2020 et on corrigera si besoin."

• "Un nouvel acte de décentralisation"

Outre une réforme constitutionnelle, qui doit être présentée au parlement d'ici l'été, le président de la République a appelé le gouvernement à présenter le mois prochain "une profonde réforme de l'administration", et a annoncé la création dans "chaque canton", d'ici à "la fin du quinquennat", d'un "endroit où l'on puisse trouver une solution aux problèmes", baptisé "France services".

Le président veut donc "ouvrir un nouvel acte de décentralisation". "On a souvent transféré des bouts de compétence, mais il y a aussi une responsabilité démocratique à transférer avec", a-t-il affirmé. Une République davantage décentralisée permettrait selon lui de "répondre aux défis des régions, de la Corse, des Outre-mer, qui ont un fonctionnement très spécifique". Cela devrait être mis en place d'ici le premier trimestre 2020.

Les maisons " France services " développées dans chaque canton, devraient permettre de lutter contre " la fermeture d’écoles et d’hôpitaux ", des fermetures d’ailleurs qui ne seront plus possibles sans l’accord des maires. " Il y a trop de monde à Paris pour prendre les décisions ", affirme Emmanuel Macron, qui veut " plus de fonctionnaires sur le terrain, et moins de postes dans les administrations centrales ". C’est essentiel afin de " simplifier les démarches ".

• Hauts fonctionnaires, écoles, retraites

Le chef de l'État a encore réclamé "la fin des grands corps de l'État", et a réaffirmé sa volonté de supprimer l'École nationale d'administration (ENA), dont l'existence était annoncée menacée depuis plusieurs jours.

Concernant la fonction publique, il a affirmé être prêt à "abandonner" l'objectif des 120 000 suppressions de postes chez les fonctionnaires, mesure promise pendant sa campagne.

Dans les écoles, Emmanuel Macron indique vouloir des classes de "24 élèves maximum" de la grande section de maternelle au CE1. L'objectif ? "Miser sur l'éducation dès la petite enfance". Il ajoute qu'il est nécessaire de "valoriser le métier d'enseignant", en travaillant notamment pour rendre cette carrière plus attractive.

Il est également revenu sur les retraites et a confirmé "la ré-indexation des retraites de moins de 2 000 euros" dès le 1er janvier 2020. Objectif final :  que plus aucune retraite ne soit sous-indexée d'ici 2021.

• Sur le climat

Concernant l'urgence climatique, le chef de l'Etat a annoncé vouloir accentuer la lutte contre le gaspillage, et travailler pour une meilleure isolation dans les logements et un ménage éco-responsable. Il a notamment annoncé la mise en place d'un "conseil de défense écologique", qu'il suivrait personnellement.

• Un mot sur les Gilets jaunes

En préambule, Emmanuel Macron a salué les "justes revendications" portées par les gilets jaunes. Evoquant "un mouvement inédit", il a remarqué qu'il "s'est ensuite progressivement transformé, tiraillé entre les injonctions contradictoires", puis a été "récupéré par les violences de la société". "Mais je ne veux pas que les dérives de quelques-uns occultent les justes revendications portées à l'origine de ce mouvement et profondément soutenues", a-t-il souligné.

A la fin de la conférence, les journalistes ont également questionné le président sur le recrutement d'Alexandre Benalla, aperçu, entre autres, sur des vidéos en train de violenter des manifestants le 1er mai 2018. "Je ne regrette pas de l’avoir embauché, c’était cohérent à l’époque", se justifie le président. "Mais il a fait des fautes graves, et je lui en veux d’autant plus. Quand vous décidez d’embaucher quelqu’un y a une part de risque." Le chef de l'Etat a conclu : "On en a beaucoup fait sur cette affaire."

Avant la conférence de presse, Emmanuel Macron avait posté sur Twitter sa liste de choses à faire

Si l'on en croit le sondage réalisé par le Frigaro, RTL et LCI à l'issue de la longne conférence de presse, 63% des Francais n'ont pas trouvé Emmanuel Macron convaincant

"Je me fiche de la prochaine élection, je veux réussir furieusement, passionnément ce mandat" a dit Emmanuel Macron au cours de sa conférence de presse.

Le résultat de ce sondage donne un relief particulier à cette déclaration décochée au débotté comme toutes les petites phrases du président... Vous savez, celles qui se retournent toujours contre lui...

mm/mb/www.ipreunion.com avec AFP

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4 Commentaires
kisaladi, depuis son mobile
kisaladi, depuis son mobile
4 ans

L'indexation des retraites de moins
de 2000 euros est-ce par foyer fiscal ou individuel ?

Bobo
Bobo
4 ans

Monsieur le président se n ai pas en 2022 qu il faut appliquer les 1000 euros pour les retraités mais tout de suite car il y en as qui vont se retrouver à la retraite dé aujourd hui

Le Sudiste
Le Sudiste
4 ans

Intervention convaincante, mais il est vrai que dans une ère où tout ce qui est retenu ne sont que des petites phrases sorties du contexte ou des résumés Twitter, il est difficile pour le citoyen d'écouter une personne argumenter de manière détaillée. C'est peut être ce qui nuit à Macron, le fait de vouloir expliquer de manière trop longue les effets bénéfiques et pervers de tout ce qui est débattu. Le style Le Pen ou Mélenchon à base de "ça ne sert à rien" est plus facilement assimilable.

CHABAN
CHABAN
4 ans

Super, et on peut aller bazard et payé la légumière avec ces salades ?