Annonces du président

Le gouvernement s'apprête à plancher sur les mesures annoncées par Macron

  • Publié le 26 avril 2019 à 13:02
  • Actualisé le 26 avril 2019 à 13:15

Après les annonces d'Emmanuel Macron jeudi, il revient désormais au gouvernement de mettre en musique les mesures fiscales et sociales censées répondre à la crise des "gilets jaunes", et déjà critiquées par l'opposition.

Chacun dans son rôle: un séminaire "inédit", réunissant lundi ministres et présidents des groupes de la majorité et des commissions au parlement autour du Premier ministre Edouard Philippe, doit maintenant permettre au gouvernement de plancher à la fois sur la méthode et le calendrier.
Ministres et représentants de la majorité se sont bousculés dès vendredi matin dans les médias pour assurer le service après-vente de la conférence de presse du chef de l'Etat.

Emmanuel Macron, qui a "écouté, compris, appris" pendant le grand débat national organisé en réponse aux manifestations, a défini jeudi "un cap nouveau, une nouvelle étape pour notre république", a commenté la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur France Inter.
Annonce très commentée vendredi matin, la baisse d'impôt sur le revenu de 5 milliards d'euros interviendra en janvier 2020, et elle pourrait atteindre "10%" pour les foyers fiscaux concernés, a d'ores et déjà précisé le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Ceux-ci pourraient être 15 millions, a dit le ministre des Finances Bruno Le Maire, en assurant que le gouvernement ne laissera "filer" ni le déficit public ni la dette.

- Dette et déficit public -

Emmanuel Macron a souhaité que cette mesure soit financée par la suppression de certaines niches fiscales pour les entreprises et des réductions de la dépense publique. Il a aussi mis en avant la nécessité de travailler davantage, en prônant de "laisser le libre choix" d'un allongement de la durée de cotisation pour la retraite.

Autre mesure forte, "des classes de 24 élèves maximum de la grande section de maternelle au CE1", un investissement "absolument essentiel" aux yeux du chef de l'Etat. "Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, avec Gérald Darmanin, auront à faire des propositions pour voir comment atteindre cet objectif du président", a là encore indiqué Mme Ndiaye.

Emmanuel Macron a par ailleurs confirmé la réindexation des pensions de retraites de moins de 2.000 euros sur l'inflation, avec toutefois deux nouveautés: la fin de la "sous-indexation" de toutes les retraites en 2021, et le souhait d'une retraite minimale de 1.000 euros pour ceux qui ont une carrière complète.

Il ne veut par ailleurs plus aucune fermeture "ni d'hôpitaux ni d'écoles" d'ici 2022, et souhaite un "Conseil de défense écologique" réunissant Premier ministre et ministres concernés, et qu'il présidera.

- "Bras d'honneur" -

Ces annonces suffiront-elles à calmer la colère des "gilets jaunes" qui depuis la mi-novembre manifestent chaque samedi, avec toutefois une mobilisation infiniment moindre que celle du début ? Non, ont répondu à l'unisson dès jeudi soir le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon et la tête de liste du Rassemblement national pour les Européennes, Jordan Bardella: "la colère" est "relancée" pour le premier, elle "a de beaux jours devant elle", dit le second.

Emmanuel Macron a fait "un sacré bras d'honneur aux gilets jaunes", a résumé vendredi matin le porte-parole du RN Sébastien Chenu en lui reprochant d'avoir signifié qu'il maintiendrait son "cap".
Les manifestants n'"ont pas dit qu'il fallait tout arrêter et ne plus rien faire; ils ont dit +nous ne voyons pas de changements concrets+", a fait valoir Sibeth Ndiaye.

Des "gilets jaunes" rencontrés par l'AFP jeudi soir à Aubagne (Bouches-du-Rhône) ont critiqué "des mesurettes à la con", "du pipeau", pendant que Priscillia Ludosky, une des figures du mouvement, tweetait: "27/04 manif 01/05 manif 04/05 manif 08/05 manif 11/05 manif 18/05 manif 25/05 manif".

L'opposition de droite comme de gauche critique des mesures insuffisantes, en particulier pour les retraités. Les Républicains concentrent leurs critiques sur la baisse de la dépense publique et leur patron Laurent Wauquiez a dénoncé la possibilité évoquée par le chef de l'Etat d'"abandonner" l'objectif de 120.000 fonctionnaires en moins "si ce n'est pas tenable". Et le compte n'y est pas non plus pour les écologistes d'EELV en matière d'environnement et de climat.

Un total de 63% de Français interrogés en ligne jeudi par Harris Interactive et l'agence Epoka pour LCI, RTL et Le Figaro ont trouvé le chef de l'Etat "pas convaincant" et 80% pensent que sa prestation ne mettra pas fin au mouvement, 65% plaçant "l'augmentation du temps de travail" au premier rang des mesures considérées comme "une mauvaise chose".

AFP

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