Procédures judiciaires (actualisé)

Condamnations pour violence : gilets jaunes 2000 - forces de l'ordre 0

  • Publié le 11 mai 2019 à 08:44

Au 30 avril, d'après le Canard Enchaîné, l'Inspection générale de la Police (IGPN) dénombrait 227 plaintes pour violence policière en tout genre, insultes, coup de matraque, tirs de Lanceur de balle de défense (LBD)... De son côté, la justice en a enregistrée 291. Et combien ont abouti ? Zéro, nada, rien de rien. Dans le Canard, un magistrat tempère quand même ce rien : "une quarantaine de procédures ont été clôturées et retournées au parquet. Elles sont actuellement en cours d'analyse."

Les magistrats à la traîne ? Les enquêteurs de l’IGPN trop lents ? Ces derniers disent accuser une baisse d’effectif depuis 2017… Ils seraient submergés, si bien que les dossiers s’entassent et s’encrassent.

Même refrain chez les gendarmes, depuis le 17 novembre, 41 signalements ont été effectués, 15 enquêtes ont été enclenchées dont 10 classées sans suite.

Et pour les Gilets jaunes ? Quelle justice ?

De l’autre côté du trottoir, la justice est moins tendre et beaucoup plus rapide. La garde des sceaux, Nicole Belloubet, a fait savoir fin mars que plus de 2.000 personnes avaient été condamnées depuis le 17 novembre. Environ 40% d’entre elles ont reçu des peines d’emprisonnement ferme. A ces chiffres s’ajoutent les 1.800 manifestants qui attendent encore d’être jugés.  Les gardes à vue atteignent quant à elles le nombre record de 8.645…

0 pour la police, plus de 2.000 pour les manifestants. Oui, la violence est inacceptable, mais elle l’est des deux côtés. Alors, comment expliquer une telle différence de traitement ? Un manque de preuves ? Pourtant les vidéos des violences, il y en a des centaines et des centaines. Des forces de l’ordre d’un côté, des manifestants de l’autre.

Exemple avec Christophe Dettinger, filmé en train de frapper violemment deux gendarmes le 5 janvier lors de l’acte 8 des Gilets jaunes. La vidéo passe et repasse sur les réseaux sociaux. Le gouvernement dénonce avec force les violences.

La justice est rapide pour le "boxeur de gendarmes", le 13 février, il est condamné à 30 mois de prison dont un an ferme. A l’audience, il se défend et estime avoir défendu une femme, frappée au sol. Qu’il a tapé ceux qui avaient tapé.

Le même jour, toujours pendant l’acte 8 mais à Toulon cette fois,  un commandant de Police, Didier Andrieux est filmé par plusieurs personnes alors qu’il passe à tabac des manifestants. "Déposez plainte, je suis commandant, il n'y a pas de souci," lance-t-il à des Gilets jaunes.

"Il n'y a pas de souci," puisque ni la Direction de la sécurité publique, ni le Procureur de la République de Toulon n’entameront de procédure à son encontre. Seul le préfet du Var, saisira l'IGPN pour qu’une enquête soit ouverte. Elle fait partie de ces dossiers qui s’entassent et s’encrassent.

Et que penser de Geneviève Legay ? Cette dame de 73 ans, grièvement blessée après une charge de la police le 23 mars dernier à Nice lors d’un rassemblement des Gilets jaunes. Le crâne et le coccyx fracturés. "Quand on est fragile, qu'on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci", déclarait à son sujet Emmanuel Macron.

Une information judiciaire est ouverte pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique. Le dossier ? Il est sur la pile, avec les autres qui s’entassent et s’encrassent.

"Pour expliquer les violences policières, il n’y a aucun bon argument," Emmanuel Macron, en mars 2017

Des histoires que celles-ci il en circule des centaines. Autant qu’il y a d’œil arraché, de main sectionnée, de crâne fracturé, de bras cassé. Violence des manifestants et violence policière. La première est l’expression d’une colère attisée par des décennies d’injustice. La seconde, un peu moins compréhensible est souvent justifiée par la fatigue et l’épuisement. Dans les deux cas, elles ne sont pas acceptables.

Même Christophe Castaner est d’accord sur ce point. "Face à de la violence extrême il faut des moyens de défense. (…) Mais si jamais c’est utilisé de façon disproportionnée, il faut des sanctions. J’attends de mes forces de l’ordre de l’exemplarité," récitait-il face caméra le 15 janvier. Geneviève Legay a-t-elle été d'une violence extrême ? Alors où sont les sanctions ? Ou plutôt : à quand les sanctions ?

Et au dessus du ministre, le président. Il y a un peu plus de deux ans, en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron condamnait droit dans ses bottes et avec fermeté les violences policières.

Nous étions en mars 2017 : "pour expliquer les violences policières, il n’y a aucun bon argument. (...) Dès qu’il y a une bavure, il doit y avoir une réponse et une sanction" disait-il.

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