Fin de vie

L'arrêt des traitements de Vincent Lambert a débuté, ses parents dénoncent "une folie"

  • Publié le 20 mai 2019 à 16:45
  • Actualisé le 20 mai 2019 à 16:48

L'interruption des traitements visant à maintenir en vie Vincent Lambert, annoncée par son médecin pour cette semaine, a débuté dès lundi matin: cette décision médicale a provoqué la colère de ses parents, qui espèrent encore que de nouveaux recours judiciaires stoppent "cette folie".

Dans ce courriel, dont l'AFP a obtenu copie, le Dr Sanchez "espère pour Monsieur Vincent Lambert que chacun saura ouvrir une parenthèse et se rassembler, auprès de lui, afin que ces moments soient le plus paisibles, intimes et personnels".

L'interruption des traitements visant à maintenir en vie Vincent Lambert, annoncée par son médecin pour cette semaine, a débuté dès lundi matin: cette décision médicale a provoqué la colère de ses parents, qui espèrent encore que de nouveaux recours judiciaires stoppent "cette folie".

C'est dans un mail adressé à la famille que Vincent Sanchez, chef du service de soins palliatifs de l'hôpital Sébastopol de Reims, lui a fait part de "l'arrêt des traitements" et de "la sédation profonde et continue" de Vincent Lambert, 42 ans, tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans. De sources médicales, le décès, dans ces conditions, interviendrait d'ici quelques jours à une semaine.

Dans ce courriel, dont l'AFP a obtenu copie, le Dr Sanchez "espère pour Monsieur Vincent Lambert que chacun saura ouvrir une parenthèse et se rassembler, auprès de lui, afin que ces moments soient le plus paisibles, intimes et personnels".

- La la famille depuis six ans -

Une allusion aux positions inconciliables qui déchirent la famille depuis six ans: d'un côté, les parents, fervents catholiques, un frère et une sœur s'opposent à l'arrêt des traitements; de l'autre, son épouse Rachel, son neveu François et cinq frères et sœurs veulent mettent fin à cet "acharnement thérapeutique".

"C'est des monstres ! C'est des nazis !", a d'ailleurs lancé depuis une voiture Viviane Lambert, la mère de Vincent, 73 ans, en passant devant l'établissement. "On va balancer les vidéos ! Je veux voir mon fils tant qu'il n'est pas encore trop endormi", a-t-elle aussi crié, en larmes. De fait, une vidéo du patient a été diffusée lundi sur le site de Valeurs actuelles, présentée comme datant de dimanche, où la mère est au chevet de son fils.

Dimanche, avec son mari Pierre, 90 ans, ils avaient organisé un rassemblement au même endroit pour dénoncer une "euthanasie déguisée". Quelque 200 personnes y avaient participé. Les parents estiment que leur fils est handicapé, et doit être transféré dans un établissement spécialisé.

"Le coup de force continue, il est encore temps d'arrêter cette folie", ont également réagi dans un communiqué les avocats des parents, Jean Paillot et Jérôme Triomphe.

Ils entendent en effet contraindre la France à appliquer les "mesures conservatoires" d'un organisme de l'ONU, le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH), qui lui a demandé de surseoir à l'arrêt des soins, dans l'attente d'un examen du dossier sur le fond.

- "Dans le cadre de la loi" -

Dans ce but, ils ont à nouveau saisi lundi La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et le Conseil d'Etat et annoncé une "audience en urgence" devant la cour d'appel de Paris, suite à une décision du TGI de Paris vendredi. Autre action envisagée: devant le tribunal correctionnel de Reims à l'encontre du Dr Sanchez, dont ils réclament la radiation.

Ils mettent en avant notamment le dernier rapport d'experts mandatés par la justice, rendu fin 2018. Ces derniers avançaient notamment que la condition médicale de Vincent Lambert "n'appelle aucune mesure d'urgence" et qu'"il existe en France des structures pouvant l'accueillir jusqu'à sa disparition".

Ces mêmes experts affirmaient toutefois que son "état végétatif chronique irréversible" ne lui laisse plus "d'accès possible à la conscience".

La France martèle que les mesures conservatoires préconisées par le CDPH "sont dépourvues de caractère contraignant" et met en avant le "droit du patient à ne pas subir d'obstination déraisonnable".

L'interruption des traitements, la quatrième depuis 2013, a été validée par le Conseil d'Etat fin avril et les parents ont multiplié en vain les recours depuis.

- "Crime d'Etat" -

Samedi, Me Jean Paillot et Me Jérôme Triomphe ont imploré Emmanuel Macron de les maintenir, qualifiant la mort programmée du patient de "crime d'Etat commis au prix d'un coup de force contre l'Etat de droit".

"Le président de la République ne veut pas aller à l'encontre de décisions de justice", a répondu Nathalie Loiseau, tête de liste de la majorité aux élections européennes.

"Pourquoi cette précipitation pour le conduire vers la mort ?", s'est étonnée samedi la Conférence des évêques, alors que François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes, a également demandé qu'on "se laisse le temps".

Père de la loi de 2016 régissant la fin de vie, Jean Leonetti, également premier vice-président LR, estime au contraire que l'arrêt des soins de Vincent Lambert s'inscrit bien "dans le cadre de la loi". Même si le patient n'a pas laissé de directives anticipée, son épouse et son neveu affirment que cet ancien infirmier avait pris position contre tout acharnement thérapeutique.

AFP

guest
1 Commentaires
Dieu
Dieu
4 ans

Enfin que dieu l'acceuille