Une étude annonce une montée des eaux de deux mètres d'ici 2100

Et si La Réunion finissait engloutie par les eaux...

  • Publié le 29 mai 2019 à 10:16
  • Actualisé le 2 juin 2019 à 18:35

Dans une étude parue le 20 mai 2019, vingt-deux experts estiment que le niveau de la mer pourrait monter de deux mètres d'ici 2100. Une estimation bien au-dessus des chiffres annoncée dans la dernière étude de référence réalisée en 2014 par GIEC, le groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. La Réunion, perdue dans l'océan indien, est l'un des territoires en première ligne face au phénomène. Deux mètres d'élévation, ce scénario est-il vraiment envisageable ? La Réunion sera-t-elle submergée par les eaux ? Comment parer ce phénomène ? Comment y faire face ? Pour en savoir plus, Imaz Press a interrogé des spécialistes du réchauffement climatique (photo rb/www.ipreunion.com)

Que dit l’étude ?

Anny Cazenave est chercheure au Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS) à Toulouse. Pour Imaz Press, elle a vulgarisé cette étude très technique basée sur la fonte de la calotte glacière en Antarctique et au Groenland.

Après analyse, la scientifique est sceptique "ces experts annoncent une plausible montée des océans de deux mètres d’ici 2100, c’est très difficile à estimer. La communauté scientifique a beaucoup d’incertitudes quant à l’avenir. Depuis plusieurs années, les glaces fondent de manière accélérée, ce phénomène va-t-il continuer ? Va-t-il y avoir un emballement ou au contraire, un arrêt de cette fonte ? Nous ne le savons pas. De plus, d’ici 2100, d’autres processus que nous n'avons peut-être pas pris en compte pourraient intervenir. Il y a une grosse fourchette de projections sur la fin du siècle."

Deux scenarii possibles 

Mais la scientifique ne sous-estime pas l’intérêt de cette étude. La fonte des glaces est une conséquence du réchauffement climatique dû notamment aux émissions de gaz à effet de serre. Les experts ont publié leurs conclusions dans des comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS). Deux scenarii ont été avancés par la communauté de spécialistes :

le plus optimiste : un réchauffement de la planète limité à 2 °C, c'est l'objectif minimal des accords de Paris, signés en 2015. Depuis cette époque, la Terre s'est déjà réchauffée d'environ 1 °C. "Et durant l’année 2018, on a battu des records de températures, il faut donc s’attendre à ce que les accords de Paris ne soit pas respectés, nous n’avons pas inversé la tendance, bien au contraire" commente Anny Cazenave.

Si le réchauffement climatique s’arrête à 2°C, selon l’étude, les mers s’élèveraient, de manière globale, de 36 et 126 cm. Pour Anne Cazenave, c’est le scénario le plus probable.

La scientifique faisait partie du GIEC en 2014, aujourd’hui, elle pense qu’il faudrait revoir les chiffres annoncés en 2014 à la hausse. "Malgré l’aspect imprévisible du phénomène de fonte de la calotte glaciaire, se baser sur une montée des eaux d’environ un mètre est "raisonnable" et sans doute plus réaliste" indique la géographe.

le scénario le plus pessimiste : c’est celui qui a le plus fait parler de lui, un scénario catastrophe avec une montée "plausible" des eaux qui pourrait dépasser les 238 cm si les températures augmentaient de 5°C. On est loin, très loin des dernières études réalisées sur le sujet "le taux de probabilité de ce scénario est très faible mais cela ne veut pas dire qu’il est exclu" explique Anny Cazenave.

La scientifique rappelle qu’il ne faut pas faire dans le catastrophisme, elle pense que l'objectif de ce scénario du pire est d’adresser un message aux Nations "il ne faut, certes, pas prendre ces hypothèses pour argent comptant mais cela sert d’alerte pour dire aux États qu’il faut se préparer, protéger les biens et les personnes. Dans le passé, certains phénomènes ont été sous-estimés, les conséquences ont été très graves."

Une montée des eaux à La Réunion, ça donnerait quoi ?

Une chose est sûre, le niveau des mers va monter, c'est inéluctable. Anny Cazenave table plutôt sur une montée des eaux entre un mètre et un mètre cinquante d'ici 2100. Mais ce n'est là qu'une hypothèse. 

Dans tous les cas, la scientifique se veut rassurante "non, il ne faut pas s’attendre à ce que La Réunion finisse engloutie par les eaux en 2100 cependant La Réunion est une région où l’océan monte plus vite que la moyenne actuellement" précise la scientifique "il faut s’attendre à une amplification du phénomène dans les tropiques."

De plus, même si le réchauffement climatique s’arrêtait aujourd’hui, l’île, comme le reste du globe continuerait à subir une montée des eaux qui grignoterait les zones littorales pour deux raisons :

• la chaleur stockée dans les océans ces cinquante dernières années continuerait à faire monter le niveau des eaux
• le dioxyde de carbone (CO2) déjà émis est stocké dans l’atmosphère, son espérance de vie est estimée à un millénaire

Des cyclones plus intenses qui apporteront plus d'eau 

Une montée des eaux à La Réunion, même d’un mètre, aura des conséquences sur ce que la scientifiques appelle "les événements extrêmes" c’est à dire, les cyclones.

Anny Cazenave explique qu’il faut s’attendre à des phénomènes cycloniques plus violents qui apporteront plus d’eau "les zones littorales sont les secteurs les plus menacés. Les surfaces inondées à l’intérieur des terres seront plus grandes. Certains secteurs situés dans les zones basses seront sans doute inondés de manière permanente" détaille l’experte.

Gwenaëlle Pennober est universitaire, elle travaille sur les changements climatiques à La Réunion. Selon elle, en fonction des types de milieux, les conséquences d’une montées des eaux seront différentes.

La spécialiste précise "ce que l'on sait c'est que cette montée des eaux s'accompagnera d'érosion et de submersion marine. Nous sommes une île haute donc nous seront moins concernés que les îles bases (les vieux systèmes volcaniques)."

Gwenaëlle Penniber poursuit "si la barrière récifale est en bonne santé, peut être qu’elle pourra préserver quelques zones basses situées en arrière. Si elle ne s'adapte pas rapidement aux changements climatiques, elle ne remplira plus son rôle d’atténuation des houles donc une érosion des plages et ennoiement des zones basses situées en arrières se produiront.

Concernant les cordons de galets "il faut s’attendre à des inondations récurrentes des zones situées en arrière."

Les cotes de sable noir ne seront pas épargnées non plus "cette montée des eaux provoquera sans doute un déplacement en arrière des cordons littoraux vers l’intérieur des terres si le territoire n'est pas urbanisé. Si le secteur est urbanisé, il se produira une érosion massive."

Et la biodiversité marine sera en première ligne "une salinisation des masses d'eau littorales provoquera une perte de biodiversité dans les étang littoraux dont la salure risque d’augmenter" indique la spécialiste.

Comment faire face ?

Anny Cazenave n’est pas fataliste mais réaliste "la hausse du niveau des mers est un phénomène lent et surtout inéluctable." Pour s’y préparer, la spécialiste explique qu’il faut que les populations limitent leurs émissions de gaz à effet de serre et que les Nations se préparent en construisant des digues et des systèmes qui permettront de protéger les biens et les personnes.

Gwenaëlle Pennober est du même avis, le volet scientifique aura aussi un rôle majeur à jouer sur la question "il est urgent de mettre en place des observation des niveaux d'eau sur les côte. C'est ce que l'on va initier à l'Ermitage grâce à des caméras dès septembre prochain. Des procédés sont en cours de développement à l'université de Bordeaux. Ce dispositif s'inscrit dans le cadre du site SNO Dynalit reunion (OSU-Réunion)."

La Réunion ne doit pas s'attendre au pire mais tout de même se préparer. La montée des eaux aura notamment pour conséquence de diminuer la superficie de l'île et les zones de surface habitable. Avec une démographie galopante et un territoire qui n'est pas extensible, la question de l'occupation et de l'urbanisation se pose plus que jamais.

fh/www.ipreunion.com

redac@ipreunion.com

guest
8 Commentaires
Bibi
Bibi
4 ans

Faut il se préparer à vendre nos biens côtiers avant cette montée des eaux ?.Nous nous posons la question car un bien en phase d'être submergé dans les 70 ans maximum nous ferait économiser la taxe foncière, taxe habitation, assurance habitation, électricité etc....Doit on se préparer à fuir avant la ruine ?Bibi

Bibi
Bibi
4 ans

Je me demande si je dois me préparer à vendre mon bien à l'hermitage avant d'être submergé. Dois t'on se préparer à vendre tous nos biens ?

Lacolere
Lacolere
4 ans

La montée des eaux est inéluctable toutes les expertises mondiales vont dans le même sens. Au lieu de délivrer de s permis de construire à tout va pour les lobbys BTP Vinci les maires et préfets feraient mieux de s'occuper d'interdire les entreprises polluantes taxer les yatchs et grands compagnies Maritimes et aériennes et sauvegarder les personnes et les cÃ'tes littorales ..Le monde est parti pour une grande immigration de toutes les îles et pays cÃ'tiers... La habitat deviendra vertical les populations vivront dans des grattes ciel ! Que dire des centrales nucléaires placées en bord de cÃ'tes Maritimes...

Jean Claude Martigné
Jean Claude Martigné
4 ans

... et si les journalistes évitaient des accroches racoleuses et s'en tenaient aux faits !

Titi974
Titi974
4 ans

En 2 100 , j'aurais environ 150 ans je n'aurais plus conscience de tout ça, j'aurais simplement un peu peur si un rékin vient jusque devant ma case car mon baro ifermepu bien, ( juste le také lé dur avec la rouille)

Marc-eau
Marc-eau
4 ans

Mis à part les cases les pieds dans l'eau qui nous empêchent de profiter du littoral je doute fort que toute la réunion soit submergée par deux mètres d'eau ð??"

pseud'eau
pseud'eau
4 ans

ca fait 15 ans que je l'avais prevu!.. et les scientifiques se basent sur l'accord de paris QUE LES US ont renie, que les chinois continue leur pollution et que l'europe se veut verte MAIS NE FAIT QUE DISCUTER ET NE PAS AGIR EFFICACEMENT quant a la reunion, n annonce une montee des eaux d'1 metre 50... mais dans le meme temps on continue avec des carrieres comme bois blanc ca c'est efficace!!

pure connerie, depuis son mobile
pure connerie, depuis son mobile
4 ans

40 ans qu'on nous raconte les mêmes conneries et au final les maldives ne sont pas sous l'eau, les mêmes pseudo experts nous avaient raconté qu'en 2010 cet archipel serait noyé