Entretien avec le préfet sur le départ

Amaury de Saint-Quentin : "quitter l'île intense n'est pas une chose facile"

  • Publié le 4 juin 2019 à 02:59
  • Actualisé le 4 juin 2019 à 12:23

Le préfet Amaury de Saint-Quentin va quitter ses fonctions à La Réunion et sera officiellement préfet du Val d'Oise à partir du 17 juin 2019. Il y remplacera Jean-Yves Latournerie. L'annonce officielle est tombée au Conseil des ministres mercredi 29 mai 2019. Son remplaçant, Jacques Billant, va prendre aussitôt les rênes de la préfecture de La Réunion. Ancien préfet dans plusieurs départements de l'hexagone, Jacques Billant s'est aussi frotté aux Outre-mer en passant par la préfecture de Guadeloupe. Amaury de Saint-Quentin, lui, aura passé deux ans sur l'île. Il avait été nommé officiellement préfet de La Réunion le 28 juin 2017, après avoir été membre du conseil supérieur de l'administration territoriale et de l'évaluation (CSATE) chargé de l'évaluation et de l'accompagnement des membres du corps préfectoral. Imaz Press Réunion l'a interrogé sur ses deux années à La Réunion, afin de savoir quel bilan il en tire aujourd'hui. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Monsieur de Saint-Quentin, vous serez préfet du Val d’Oise à partir du 17 juin, comment vivez-vous ce changement de poste ?

C’est une très grande fierté pour moi, une très belle affectation. Je remercie notamment le gouvernement qui me fait confiance. Je ne connais pas le département du Val d’Oise, j’y suis passé à quelques reprises notamment lorsque j’étais préfet évaluateur. J’ai eu l’occasion de mener une mission d’évaluation là-bas il y a de ça quelques années, mais c'est à peu près tout.

Quel bilan tirez-vous de ces deux années à La Réunion ?

Je n’aime pas beaucoup le mot "bilan", j’ai l’impression d’être dans une entreprise, de devoir faire des comptes. L’action de l’Etat est permanente, elle continue quel que soit celui qui commande le navire. On va changer de commandant dans quelques jours, mais le navire continuer de suivre son cap. Quitter l'île intense, c’est quand même un pincement au coeur, ce n’est pas une chose facile, mais c’est le déroulement d’une carrière préfectorale.

J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre les dossiers que j’ai eus en responsabilité pendant près de 2 ans. Un autre prendra la relève à partir du 17 juin et nous nous organisons pour que ce relais se passe dans les meilleures conditions possibles. Je vais partir avec une petite pointe de regret, peut-être une larme à l’oeil. Ça aura été une belle expérience sur ce territoire merveilleux, j’y ai rencontré des hommes et des femmes fantastiques, qui valaient la peine d’être accompagnés.

Vous avez aussi dû faire face à quelques défis, cyclone, gilets jaunes, ex-paillotes, dengue…

C’est certain que tout n’a pas été calme. Je suis même arrivé un peu plus rapidement que prévu en raison du conflit agricole lié au monde de la canne avec la fin des quotas sucriers en juin 2017. Il a donc fallu régler ce conflit en quelques jours, conflit qui régnait depuis 2 mois. J’ai eu le sentiment au final que ces deux ans ont été marqués par ce tempo : la crise requin, les 4 événements cycloniques, une saison agricole très difficile…

Et bien sûr le grand mouvement social de novembre 2018, le plus grand qu’ait connu l’île dans son histoire. Il nous a appris beaucoup de choses, il nous a en tout cas éveillés aux politiques publiques mises en place, à la nécessité d’être plus attentifs à certaines dimensions.

Quels conseils donneriez-vous à votre successeur ?

Ce sont des constats, je ne veux pas donner de conseils à qui que ce soit. Beaucoup de choses ont été faites, mais encore beaucoup restent à faire. On avait tendance, de mon point de vue en tout cas, à trop voir cette Réunion qui a du talent, qui gagne, qui a 3% de croissance en moyenne par an depuis 2014, qui a une vraie réputation au niveau national avec ses start-ups performantes...

Mais on oubliait peut-être cette Réunion où plus de 40% des habitants sont en-dessous du seuil de pauvreté, où il y a 24% de chômage, où plus de 118.000 personnes souffrent d’illettrisme. Nous avons une obligation aujourd’hui de résultats, d’être meilleurs pour mieux répondre aux attentes de vie chère, de pouvoir d’achat, d’emploi et de logement. Nous avons encore de grands enjeux devant nous.

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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