Crise sanitaire

Éradiquer la leucose bovine, l'Etat a un plan

  • Publié le 5 juin 2019 à 10:16
  • Actualisé le 5 juin 2019 à 10:28

C'est une information qui nous vient de la ville du Tampon. Alors que le maire André Thien Ah Koon réclamait auprès du Département une action pour mettre fin à la leucose bovine, qui fait rage à La Réunion, le président du Conseil départemental l'informe qu'un "plan d'éradication" de la maladie est en route, élaboré par l'Etat. Une information confirmée par la préfecture, mais sans donner plus de détails. Les grandes lignes de ce "plan leucose" devraient être communiquées prochainement. Par le biais de ce courrier envoyé à la mairie du Tampon, nous apprenons toutefois qu'il s'agirait de "sortir" les bêtes atteintes et d'acheter des vaches saines afin de renouveler les cheptels. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Tout part d’un cri d’alerte envoyé par la ville du Tampon au Département. Le 29 avril dernier, la commune tire la sonnette d’alarme. Dans un courrier, le maire André Thien Ah Koon dit s’inquiéter de la crise de confiance qui menace les productions de lait et de viande péi. La leucose bovine est présente dans 90% des cheptels réunionnais, et les éleveurs sont les premières victimes. Le couple Lauret en est la triste illustration : leur cheptel à la Plaine des Cafres a perdu 8 vaches depuis le début de l’année.

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Les bêtes meurent, mais les autorités sanitaires continuent à répéter de leur côté que la leucose bovine n’a pas d’impact sur les consommateurs. La viande "leucosée" n’est pas dangereuse pour l’humain, nous expliquait la DAAF (Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt), qui assure que suffisamment de tests ont été menés pour prouver l’absence de risques pour la santé des hommes. La leucose n’est en effet pas classée comme maladie transmissible, contrairement à la chlamydiose.

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Mais cela ne suffit pas à convaincre les consommateurs, qui ont de plus en plus de difficultés à acheter les produits péi. Olivier Robert, président de la coopérative SICA REVIA, nous avait confirmé dans un précédent article que ces craintes avaient un impact économique. "Les gens se posent effectivement des questions. Ils osent de moins en moins acheter la production locale, pourtant ils doivent comprendre qu’on respecte toutes les réglementations sanitaires". Une tendance que relève justement André Thien Ah Koon dans son courrier envoyé au Département.

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Le 21 mai Cyrille Melchior lui répond et assure que l’Etat s’implique aux côtés des éleveurs… jusqu’à évoquer un "plan d’éradication" de la leucose bovine. Il précise que cette action ne peut être portée que par l’Etat, mais assure que "la collectivité départementale accompagnera la démarche, notamment sur le plan financier."

Selon nos informations, un "plan leucose" est effectivement en préparation. La préfecture devrait sans doute communiquer à ce sujet prochainement. Elle était censée le faire dès la fin du mois de mai, ce qui a finalement été repoussé. Le changement de préfet mi-juin pourrait peut-être aussi ralentir la communication au sujet de ce plan d'action. Mais le calendrier envisagé devrait être connu tôt ou tard, selon le courrier que le Département a envoyé à la commune du Tampon.

Un renouvellement progressif des cheptels

Le courrier du président du Conseil départemental en donne cependant les grandes lignes. On apprend alors qu’il s’agit d’un renouvellement progressif des cheptels, "avec une sortie des animaux positifs par l'achat de reproducteurs sains".

Reste à savoir comment seront amenées ces bêtes saines. Car d’un côté, le Département affirme que "la production de ces animaux sains serait elle-même assurée au niveau des filières bovines locales (pas d'importation d'animaux)". Or, 90% du cheptel réunionnais est concerné par la leucose bovine. Difficile donc de trouver des animaux sains… Sans importation de bovins, il faudra bien trouver une solution.

Une autre question se pose quant à ce plan : l’éradication de la leucose va-t-elle bel et bien passer par l’éradication des bovins ? Car quand on parle de "sortie" des animaux touchés par la maladie, cela laisse entendre qu’ils seront euthanasiés. Or, un arrêté préfectoral, du 1er novembre 2017, explique que La Réunion n’est pas soumise au même fonctionnement que l’hexagone. En métropole en effet, un scandale sanitaire similaire aurait mené à l’éradication des cheptels touchés. Mais sur l'île : "Du fait de l’absence d’exportation de bovins et de la présence diffuse du virus (…) le ministère en charge de l’agriculture a dispensé La Réunion de l’application des dispositions en vigueur sur le reste du territoire national".

L’Etat va-t-il alors passer outre cet arrêté ? Ou bien va-t-il procéder à une modification de ces textes ? Reste à voir dans tous les cas comment ce "plan leucose" sera perçu par les consommateurs, et s’il permettra en effet de mettre fin à cette crise de confiance, qui mine la production locale de viande et de lait.

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Jocelyne de l 'Etang-Salé
Jocelyne de l 'Etang-Salé
4 ans

Difficile pour l 'Etat de faire son mea culpa ! On attend la suite ......

guénec
guénec
4 ans

le frein a l'achat de viandes bovine pai c'avant tout le prix te après les bactéries