Justice

Jeune éborgné au Port : un policier devant la cour criminelle

  • Publié le 11 juin 2019 à 11:56
  • Actualisé le 11 juin 2019 à 13:35

Poursuivi pour violence volontaire ayant entraîné une mutilation, un policier de la Brigade anti-criminalité (BAC) du Port a été renvoyé devant la Cour criminelle ce mardi 11 juin 2019. Les faits remontent à la nuit du 1er au 2 février 2014 lors de violences urbaines dans la commune portoise. Steve C. alors âgé de 16 ans avait reçu un tir de P40, une arme plus puissante qu'un flash-ball en plein visage. Il avait perdu définitivement l'usage d'un oeil. L'affaire avait au d'autant plus de retentissement que les quatre policiers de la BAC mis en cause avaient aussi été poursuivis. Au final, un seul fonctionnaire est donc renvoyé devant la Cour criminelle. A mi chemin entre le tribunal correctionnel et la cour d'assises cette nouvelle juridiction composée de cinq magistrats qui jugeront à partir de septembre 2019 des crimes punis de 15 à 20 ans de prison (Photo archives rb/www.ipreunion.com - Lors de la présentation des policiers au tribunal en 2014)

L'affaire avait défrayé la chronique début 2014. Plusieurs villes de La Réunion sont en proie à des violences urbaines. C'est le cas au Port. Dans la nuit du samedi 1er février au dimanche 2 février, Steve, un jeune lycéen sans histoire de 16 ans, est blessé au visage rue Rico Carpaye alors qu'une nouvelle échauffourée opposait un groupe de jeunes aux forces de police.

Grièvement touché à l'arcade et au nez, le jeune homme a été transporté à l'hôpital Gabriel Martin à Saint-Paul avant d'être transféré au centre hospitalier de Bellepierre à Saint-Denis. Il est opéré le dimanche matin. ll ne sera pas possible de sauver son œil.

Deux versions s’opposent immédiatement. Du côté des forces de l’ordre, on assure que les policiers ne sont jamais descendus de leur véhicule et auraient tiré au flash-ball en direction d’un groupe de jeunes pour répliquer à des jets de galets. Mais des témoins présents sur les lieux affirment qu’ils auraient posé le pied à terre avant de tirer.

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Quelques jours plus tard, Philippe Muller, procureur de Saint-Denis, estime qu'il y a suffisamment d'éléments troublants pour ouvrir une information judiciaire. Il confie l'enquête à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Les policiers maintiennent leur version d'un "tir de dispersion", plusieurs témoignages ainsi que les blessures observées sur l'adolescent semblent en revanche corroborer la thèse des "violences volontaires". Selon le procureur, plusieurs éléments laisseraient penser que "le fonctionnaire qui a tiré n'a pas utilisé son arme à bon escient".

Les quatre hommes seront ensuite mis en garde à vue

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Le mercredi 19 février le procureur de la République Philippe Muller tient une conférence de presse. Il a indiqué que les quatre policiers de la BAC ont été mis en examen pour "violences volontaires avec usage d'une arme ayant entraîné une mutilation", et ce avec les circonstances aggravantes de "violences commises en réunion et par des dépositaires de l'ordre public". De plus, l'un des policiers a également été mis en examen pour "non assistance à personne en danger" mais aussi "modification de la scène de crime".

Le procureur explique que si l’un des policiers a été mis en examen pour ces faits supposés, c’est qu’ils sont ensuite revenus sur les lieux "entre 10 minutes et 1h30 après les faits supposés", et ce afin de "récupérer des éléments qui se trouvaient au sol", a confié Philippe Muller, sans en dire davantage.

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Le même jour, les quatre hommes sont déférés au tribubal de Saint-Denis. Plusieurs de leurs collègues se regroupent devant le palais de Justice pour leur apporter leur soutien.

A l'issue de leurs audition, les quatre policiers sont placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer sur la voie publique, de porter une arme, de se rendre sur le territoire du Port et de rencontrer la victime, sa famille et ses proches. Les policiers mis en cause nient les faits reprochés.

Cinq ans après, un seul des quatre policiers sera jugé par la cour criminelle.

mb/www.ipreunion.com /redac@ipreunion.com

 

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