Pourtant, certains ont essayé

Des plages non-fumeurs à La Réunion, c'est pas pour maintenant...

  • Publié le 19 juin 2019 à 03:00
  • Actualisé le 19 juin 2019 à 06:20

Fin mai dernier, la municipalité de Marseille interdit le tabac sur trois de ses plages. Il faut dire que les jours de forte affluence, certaines plages prennent des allures de fumoir, ce qui renvoie une mauvaise image de la cité phocéenne et à l'heure où la protection environnementale est devenue un enjeu central, on ne peut passer à côté du sujet. Si la municipalité est dans une démarche de prévention plus que de répression, quelques jours après la mise en place de l'arrêté municipal, il semblerait que les fumeurs respectent globalement l'interdiction. Des plages non-fumeurs, tentant, non ? Qu'en est-il à La Réunion ? Notre île est-elle en train de louper le coche ? (photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

En phase de test 

L’initiative de Marseille a fait parler dans les médias nationaux. Applaudie pour son courage d’interdire la cigarette sur trois de ses plages, la municipalité attend la haute saison pour voir si l’interdiction est réellement respectée par les usagers de la mer donc efficace. Si l'initiativé de la mairie de Marseille fait encore office d’exception sur le territoire national, depuis une dizaine d’années, quelques villes métropolitaine se sont mises au diapason.

Saint-Paul, la ville pionnière

Ce qu’on oublie souvent, c’est que La Réunion était en avance en la matière. Bien avant que les communes de l’Hexagone ne s’emparent du sujet, en 2003, la mairie de Saint-Paul avait pris les devants en interdisant la cigarette sur toutes ses plages. Sur le papier, ça faisait rêver mais seize ans plus tard, alors que l’arrêté court toujours, la municipalité se rend compte que c’est un pari difficilement tenable. Voire même impossible.

Ce qui manque, ce sont les moyens. À l’époque, la municipalité affirmait être dans une démarche de sensibilisation mais comment s’assurer que les fumeurs respectent bien l’arrêté ? Pour cela, il aurait fallu qu’il y ait des policiers municipaux régulièrement sur les plages, des agents dont la principale mission serait de faire de la sensibilisation auprès des usagers de la mer. Et clairement, la mairie de Saint-Paul n’a pas les moyens.

La mesure décrite comme "non coercitive" par Alain Bénard, le maire de l’époque, n’aura jamais fait ses preuves. Toujours en vigueur, cet "arrêté citoyen" ne fait plus parler de lui. Interrogée sur le sujet, la municipalité explique que pour le moment, il n’est pas question de le lever ou de le modifier. Sans doute qu’à Saint-Paul, on compte sur une prise de conscience des fumeurs indélicats… qui pour le moment se fait encore attendre.

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L'impossible ramassage des mégots 

La SPL Tamarun est mandatée par la ville de Saint-Paul pour gérer, notamment, la propreté des plages. Le respect de l’arrêté municipal interdisant le tabac sur les plages n’est pas de son ressort, la société n’a aucun pouvoir de répression. Par contre, les conséquences du tabac sur les plages, les agents en charge du nettoyage les voient tous les jours "le nettoyage des plages est très compliqué à cause de la finesse des mégots, il y a des contraintes environnementales, il faudrait quasiment filtrer le sable pour les ramasser. Mais c’est impossible, il faut respecter la biodiversité qui se développe dans la sable" explique Mathilda Zeganadin directrice générale de la SPL.

Un nettoyage particulièrement compliqué alors la SPL Tamarun a tenté plusieurs opérations de sensibilisation avec la municipalité de Saint-Paul en vain "on a mis des cendriers à disposition mais les gens sont partis avec et les plus gros cendriers, personne ne les utilisait, des médiateurs passent parfois pour faire de la sensibilisation mais ce ne sont là que des opérations ponctuelles". Les endroits les plus sensibles, les zones de sorties de boîtes de nuit et les lieux à proximité des rondavelles "nous sommes en train de plancher sur un outil opérationnel, un cendrier avec un autre gabarit est en réflexion." assure Mathilda Zeganadin.

Ce qui prend le pas ces dernières années, ce sont les initiatives citoyennes. Les opérations de nettoyage de plage se multiplient et le nombre de tonnes ramassées montre bien la nécessité de ces opérations. Des éco-citoyens qui, face à l'inertie des pouvoir publics, s'engagent. 

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À Saint-Leu, une zone balnéaire "sanctuarisée"

Du côté de Saint-Leu, c’est plus compliqué. Pour la gestion des plages, il y a une triple compétence : la municipalité, l’État et le TCO pour le port de plaisance. La commune a "sanctuarisé" une plage "la zone est non-fumeur adjacente au périmètre de l’Aire marine éducative de la plage du centre-ville délimitée au Nord au niveau de l’embouchure de la Ravine de l’Etang ; de la plage jusqu’à la bande des 300 mètres et au Sud au niveau de la plage située face à la rue des Capucins  jusqu’à la bande des 300 mètres" indique la mairie. Une signalétique rappelle à plusieurs reprises l’interdiction de fumer sur cet espace surveillé par les MNS. Le tabac n’est pas interdit sur les autres plages de la commune.

Du côté de l’État qui a en gestion le domaine public maritime, aucune mesure particulière n’est envisagée "s’il devait y avoir des dispositions prises sur le sujet, ce serait au niveau national que cela se déciderait" nous expliquait-on.

La Civis lutte contre les mégots sur les plages 

Dans le Sud, depuis 2015, la Civis a installé sept cendriers, un à Terre Sainte, quatre sur la plage à Saint-Pierre et deux sur la plage de l’Etang-Salé. À noter que le dispositif de Terre Sainte est en attente de l’intervention de la régie pour une remise en place et qu'un autre dispositif est en cours d’enlèvement sur la plage principale de Saint-Pierre et sera remplacé.

"La Direction Environnement de la CIVIS se charge, régulièrement, de réalimenter en canettes les cendriers. Ces mégots sont vidés, normalement, par les utilisateurs dans les corbeilles à papiers. Ces corbeilles sont ensuite vidées par le service de l’entretien des plages de la CIVIS.Des actions de sensibilisation auprès des usagers des plages sur ce dispositif ont lieu en général les mercredis et vendredis ou pendant les vacances" précise la Civis. 

La municipalité de Saint-Pierre n'a pas donné suite à nos sollicitations concernant la mise en place d'un arrêté qui interdirait le tabac sur les plages de la communes. 

L'État pas décidé à prendre le problème à bras le corps 

À l’ère où la protection environnementale est devenue un enjeu majeur, difficile pour les communes de s’engager et surtout d’arriver à faire respecter un arrêté qui interdirait le tabac sur les plages faute de moyens. D’ailleurs, la question est encore moins prioritaire quand les édiles voient les subventions de l’État allouées aux mairies diminuer chaque année.

fh/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com 

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2 Commentaires
Tilmuch
Tilmuch
4 ans

Il est permis de rêver qu'il n'y aura plus un seul mégot sur les plages. Les autorités vont s'en rendre compte eux-mêmes pour avoir cru qu'on peut mater toutes les catégories de personne venant de l'autre cÃ'té de la méditerranée. Attention, on me dire raciste alors que j'ai le teint mat.

Bruno, depuis son mobile
Bruno, depuis son mobile
4 ans

Distributions de boîtes de coca, fanta vides etc. ... aux baigneurs et promeneurs sur les plages. Pensons à l ' avenir pour nos enfants.