Boiron s'inquiète de l'avenir de l'entreprise

Déremboursement de l'homéopathie : des emplois menacés à La Réunion

  • Publié le 13 juillet 2019 à 03:00
  • Actualisé le 13 juillet 2019 à 06:56

Alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn annonçait le déremboursement total de l'homéopathie, prévu pour janvier 2021, les professionnels de l'homéopathie s'inquiètent. Boiron, entreprise historique dans la fabrication de médicaments homéopathiques, s'inquiète pour l'avenir de sa filière réunionnaise, qui emploie 13 personnes. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

L'homéopathie remoboursée, c'est bientôt fini 

Aujourd’hui, la Sécurité sociale rembourse les médicaments homéopathiques à hauteur de 30%. Ces remboursements représentent aujourd’hui 58% du chiffre d’affaire de l'entreprise pharmaceutique Boiron, à La Réunion – qui s’élève à 3 millions d’euros en 2018 ! Une perte conséquente si le nombre de patients du laboratoire devait baisser au moment de l'entrée en vigueur du déremboursement de l'homéopathie.

Les conséquences sur l'économie spécialisée 

"Aujourd’hui, Boiron distribue environ un million de tubes de granules par an à La Réunion" indique François Bégot, directeur de Boiron Outre-mer. Si ces tubes devaient ne plus être remboursés, ce chiffre tout à fait honorable pourrait bien diminuer." Il est difficile d’évaluer combien de patients nous pourrions perdre, mais admettons que 10% de notre clientèle ne puissent plus se permettre d’acheter nos médicaments : cela représenterait déjà une énorme perte pour notre groupe" s’inquiète François Bégot.

La conséquence de cette baisse de chiffre d’affaire ? "Au niveau national, ça serait environ mille emplois qui pourraient disparaître. Ici, où nous possédons une équipe de 13 personnes, il n’est pas à exclure qu’il faille aussi licencier… " se désole le directeur, qui indique, par ailleurs, que les Réunionnais sont plus que réceptifs à l’homéopathie et forment une base de patients solide.

Mais ce déremboursement signifieraient-ils vraiment que les fidèles de l’homéopathie arrêteraient d’en utiliser ? Pas si sûr, si l’on en croit certains utilisateurs. Mais il reste imaginable que sans ce remboursement, les foyers les plus modestes pour décider de s’en passer. " Agnès Buzyn a déclaré que cela n’augmenterait que de deux euros le prix d’un tube, ce qui est faux. La TVA augmentera à 10%, vu que ce ne sera plus remboursé. Au final, cela représenterait une augmentation de 300 euros par an et par patient. Dans la mesure où, malheureusement, un chiffre significatif de nos patients sont à la Couverture médicale universelle (CMU), certains ne pourront plus acheter de granules. C’est totalement injuste " dénonce-t-il.

Des dépenses en plus pour la Sécurité sociale ? 

Pour l’homéopathe Dr Branlat, basé à La Réunion, cette annonce est tout simplement une "faute politique". " Il est scandaleux de la part de l’Etat d’avoir pris une décision du genre, alors que de nombreux spécialistes et les assurances maladies elles-mêmes recommandent l’utilisation de l’homéopathie !" s’indigne-t-il.

S’il n’est pas inquiet pour son propre cabinet, l’homéopathe admet tout de même que certains de ses confrères pourraient en souffrir. "Et surtout, il ne faut pas se leurrer, après l’homéopathie, ça sera à la phytothérapie, à l’acupuncture, et toutes les médecines douces qui seront dans le viseur du gouvernement" avertit-il.

Le médecin s’inquiète aussi que certains patients ne puissent plus se permettre d’acheter leurs médicaments, et se tournent vers des médicaments allopathes remboursés à la place. "Pour les assurances maladies, ça n’a aucun sens : aujourd’hui, le remboursement de l’homéopathie représente 86 millions d’euros sur plus de 20 milliards, c’est une goutte d’eau dans l’océan" continue-t-il.

De plus, selon lui, ce déremboursement serait même susceptible d’augmenter les dépenses de la Sécurité sociale "en se tournant vers des médicaments secondaires, les patients vont être plus exposés aux effets secondaires, donc consommer d’autres médicaments pour palier à ces derniers, aller consulter de nouveaux médecins… Ca n’a pas de sens économiquement parlant" indique le Dr Branlat.

Le directeur de Boire Outre-mer précise d'ailleurs que les médecins homéopathes coûteraient "35% moins chers que les généralistes à la Sécu, et les patients d'homéopathes consomment deux fois moins d'anti-inflammatoires et d'antibiotiques et trois fois moins de psychotropes".

Des recours possibles 

Une chose est sûre, les professionnels de l’homéopathie ne comptent pas se laisser faire. "S’il le faut, nous irons jusqu’au Conseil d’Etat pour nous faire entendre" confie François Bégot. "Des actions seront bien évidemment prévus dans les mois à venir" affirme de son côté de le Dr Branlat.

Tous les deux dénoncent d’ailleurs la même chose : une interdiction faite sans la concertation des premiers concernés, le peu d’études sur lesquelles est basée la décision, et surtout, une situation de deux poids deux mesures concernant le glyphosate.

"Nous avons un produit prouvé comme étant cancérigène, qu’ils sont incapables d’interdire dans un délai de moins de cinq ans. Par contre, pour interdire un médicament prouvé de n’avoir aucun effet secondaire, il n’aura fallu que quelques mois. Pour vous dire, la directrice générale de Boiron n’a été reçue que jeudi 11 juillet par la ministre de la Santé" termine le directeur de Boiron Outre-mer.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

 

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1 Commentaires
Hardcore
Hardcore
4 ans

Bof une charlatannerie de moins. Je fais confiance à la clientèle hupee pour qu elle maintienne le chiffre d affaire de ces messieurs. Nous on va continuer à boire notre tisane pas remboursée. Bon vent