Une "première mondiale"

Une climatisation par l'eau de mer installée au CHU Sud

  • Publié le 16 juillet 2019 à 16:12
  • Actualisé le 16 juillet 2019 à 18:19

A La Réunion, comme dans les autres départements d'outre-mer, le besoin de climatisation est permanent et représente environ la moitié de la consommation électrique de l'activité tertiaire (bureaux, commerces, hôtellerie). Le SWAC (Sea Water Air Conditioning) est un procédé en développement qui permet de substituer la quasi-totalité de l'énergie électrique nécessaire à la climatisation par l'énergie thermique des mers, qui a donc été inauguré au CHU Sud ce mardi 16 juillet 2019. Le communiqué complet de du CHU est à retrouver ci-dessous :

"Un dispositif technique et innovant

Le projet SWAC (Sea Water Air Conditioning) est un dispositif qui consiste à pomper de l’eau froide en grande profondeur (environ 5 degrés à 1000m) et transférer le froid contenu dans cette eau au réseau de climatisation de l’hôpital, au moyen d’un échangeur thermique.

L’eau de mer qui ressort de l’échangeur thermique (à environ 12°C), est ensuite renvoyée dans l’océan à une profondeur adéquate à sa température, et sans impact sur son environnement.

Il est ainsi possible de substituer une grande partie de l’énergie électrique généralement utilisée pour climatiser les bâtiments, par une ressource totalement naturelle et renouvelable qu’est l’eau de mer. En effet, le gain sur la consommation électrique peut atteindre 90%

Localisation des installations

Au CHU, les installations concernées par ce projet sont le Pôle Femme Mère Enfant (PFME), le Bâtiment Central et ses extensions, l’ensemble de ces espaces représente la majorité de la consommation en froid au CHU Sud.

L’engagement et la ténacité du CHU en matière de développement durable avec l’appui des partenaires a permis au projet SWAC sur le secteur sud de perdurer et de se concrétiser. Ce projet à fort potentiel d’efficacité énergétique permet au bassin sud de l’île de changer son impact sur les consommations électriques ; une zone à forte densité urbaine.

Le site de Saint-Pierre de par sa localisation et le profil de ses consommations électriques, est un site tout particulièrement adapté pour accueillir un projet pilote de thalasso-thermie.
Tout d’abord, proche de la côte, il est particulièrement bien situé en termes de gradient thermique marin (le profil descend jusqu’à 5°C à 1000 m de profondeur) et de bathymétrie (les grandes profondeurs sont proches de la côte).

Les besoins en froid du site (28.7 GWh froid par an sur l’ensemble du périmètre) étant lissés et continus dans le temps (24h/24, 365j/an) sont particulièrement adaptés à la technologie SWAC et contribuent à amortir une telle infrastructure.

La proximité à la mer et l’implantation durable du site du CHU, participent également à la viabilité économique d’un tel projet.

L’étude énergétique menée sur le CHU montre une consommation électrique évitée nette d’environ 10GWh/an sur le site de Saint-Pierre, soit une réduction de la consommation électrique globale de l’établissement de 30%.

L’alimentation en froid par le SWAC permettra également au CHU de réaliser des économies de maintenance sur ses installations frigorifiques actuelles et également de supprimer les risques sanitaires induits par ses tours aéro-réfrigérantes.

Un projet ancien et ambitieux

Historiquement, le projet SWAC (Sea Water Air Conditioning) débute en juin 2012 par la signature de la convention tripartite EDF, ADEME et CHU.

Avec des objectifs spécifiques à chaque acteur :

  • EDF veut évaluer la pertinence technico-économique d’un SWAC de petite puissance dans les régions ultramarines, dans l’objectif de le dupliquer, sur un site proche de la mer et présentant une bathymétrie et un gradient thermique favorables,
  • L’ADEME, qui a fait le lien entre les deux autres parties, cherche à inscrire une structure à fort impact environnemental dans une démarche exemplaire d’économies d’énergie,
  • Le CHU souhaite, par cette association, répondre à sa volonté de renouveler ses installations de froid à moyen terme, en visant des hautes performances environnementales.

Les exigences exprimées en terme de performance pour ce projet pilote étaient :

  • au moins 75% de réduction de consommation électrique sur le froid,
  • au moins 10% d'économie sur les coûts de gestion du froid,
  • une disponibilité du froid non impactée par le projet.

Le premier système, de conception différente, avait un coefficient de performance (COP) compris entre 12 et 14,7, bien supérieur à ceux du CHU (3,2 en moyenne).

Les études menées dans le cadre de ce projet par EDF et l’ADEME ont permis au CHU de lancer en septembre 2015 un appel d’offres ouvert pour l’achat d’une fourniture de froid SWAC. Mais celui-ci est resté infructueux.

Malgré ce résultat, les partenaires de cette convention tripartie sont restés en contact, notamment aux travers d’échanges et de rencontres, afin de poursuivre des études de consolidation de la technologie SWAC.

Avec l’appui d’EDF, le CHU a décidé de relancer en juin 2017 la procédure sous la forme d’un dialogue compétitif.

Seul le groupe BARDOT a fait acte d’une candidature.

Une équipe projet CHU compacte et dynamique

Sous la coordination d’Emmanuel DOIZY, directeur des travaux et des services techniques des sites sud et de Jérôme SACALI, son adjoint, les aspects techniques ont été portés par Emmanuel RIVIERE, ingénieur avec la collaboration de Daniel CAMACHO, technicien supérieur hospitalier. Les enjeux juridiques et administratifs ont été appréhendés par Graziella HOARAU, ingénieur et juriste achats, en collaboration avec le cabinet RAYSSAC.
Très motivée par ce projet d’exception, cette même équipe l’accompagnera jusqu’à son achèvement.

Une offre répondant aux enjeux environnementaux et financiers

L’offre finale du candidat BARDOT répond aux exigences du CHU avec :

  • Un volume de froid fourni de 28,7 GWh /an,
  • Une réduction d’au moins 10% du coût du froid acheté comparativement au coût actuel.
  • Un volume d’économies sur la facture électrique d’environ 10GWh/an,
  • Un coefficient de performance de 26,6 (nettement supérieur à celui de 10 fixé dans la consultation),

Dans le contexte actuel d’une évolution constante et sensible du coût de l’énergie cette offre permet au CHU de maîtriser durablement ses dépenses énergétiques.

Un tel projet présente également un intérêt énergétique et environnemental incontestable pour le système électrique réunionnais : le projet permettrait de réduire de 0,3% la consommation électrique globale de La Réunion et éviterait une émission de 6900 tonnes de CO2 par an.

Un intérêt économique et sociétal fort, dans le sens où ce projet participerait également à la diversité et à l’indépendance énergétique de La Réunion, utilisant une énergie naturellement renouvelable et garantie à toute heure.

Un calendrier de réalisation finalisé

La signature du marché par BD5 marquera le début de la contractualisation du contrat entre le CHU et le candidat.

S’en suivront ensuite les phases suivantes :

  • La phase préalable – juill2019/déc2020 (dossiers instructions subventions, permitting, etc.)
  • La phase de construction – 2021/2022
  • La mise en service – début 2023

L’efficacité énergétique : un enjeu pour La Réunion

Quel kilowattheure plus économique et plus écologique que celui qui n’est ni produit ni consommé ? L’efficacité énergétique est un enjeu essentiel pour garantir l’équilibre de l’offre et de la demande électrique sur notre île, pour maîtriser les surcoûts de production et pour limiter les effets de la consommation électrique sur l’environnement.

Une étape importante pour un projet majeur pour la transition énergétique de La Réunion.

La maîtrise de la demande d’électricité est l’un des principaux défis de la transition énergétique. Pour accompagner cet enjeu majeur, EDF à La Réunion multiplie les initiatives et s’engage depuis plusieurs années aux côtés des partenaires économiques et territoriaux en proposant son expertise en solutions innovantes et durables.

Jusqu’à 90% d’économies d’énergie à la clé

En s’appuyant sur une ressource locale, renouvelable et disponible 24H/24 et 7J/7, ce projet innovant, unique au monde de par sa taille, sera une contribution majeure aux objectifs d’efficacité énergétique fixés par la PPE de La Réunion. Le SWAC permettra de réduire jusqu’à 90% la consommation d’électricité du CHU liée à la climatisation. Il dégagera une économie de 10GWh d’électricité par an, soit l’équivalent de la consommation d’une commune de 6000 habitants."

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2 Commentaires
Claude Gindrey
Claude Gindrey
4 ans

En 2008 au terme de l'etude IHEDN sur "l'énergie au 21 eme siècle Â"nous avions défini avec l'ARER aussi les trois sites de production électrique (bois rouge, le gol , et la possession) Ceci pour augmenter le gradient thermique et obtenir plus d'électrons CO2 free , mais aussi pour sortir les atomes de l'energie propre , l'hydrogène protium et le deutérium , le sodium et le magnésium pour les futures batteries .
Bien sur le remplacement des centrales sales pour des petits réacteurs de fission puis dans quelques années de fusion avait été évoquées ,

Christian78
Christian78
4 ans

Moi qui suis frigoriste de métier je trouve le projet plutÃ't innovant mais tardif par rapport à nos problèmes écologiques.