Soucieux du bien-être des animaux,

Les éleveurs canins vent debout contre les élevages marrons

  • Publié le 22 septembre 2019 à 06:22
  • Actualisé le 22 septembre 2019 à 12:57

Le dimanche 15 septembre 2019, Imaz Press vous parlait des élevages de chiens et chats illégaux. De nombreux éleveurs certifiés, soucieux du bien-être des animaux, dénoncent eux-aussi les dérives des élevages "marrons". Pour tenter de lutter contre ces dérives, une association devrait être créée prochainement pour, entre autres, interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de durcir les contrôles et de faire appliquer la loi.

"Ce qu'il faut comprendre, c'est que nous aimons nos animaux et qu'on fait notre travail par passion" débute Flavia Marie Jane, propriétaire de l'élevage des Terres du vieux chêne. L'éleveuse possède aujourd'hui 40 chiens : des dogues du Tibet, des cane corso, des fila brasileiro… Tous bichonnés par ses soins et ceux de son compagnon. "Les gens n'imaginent pas l'investissement que ça demande. On commence à 5 heures du matin pour finir à 22 heures, et on travaille la nuit quand il y a des portées. On dort même dans la même pièce que les chiots les quinze premiers jours de leur vie" explique-t-elle.

Une implication qui explique par ailleurs le coût de ces animaux, qui peuvent parfois atteindre les 2 000 euros pour certaines races. "On passe nos nuits à surveiller les chiots, à tout vérifier, ça demande aussi un réel investissement économique" explique Lydia Corré, qui tient l'élevage de chow chow des Samouraïs de la Fournaise avec son mari Mickael.

Mickael Corré est d'ailleurs à l'initiative de cette association qui devrait voir le jour. "Nous trouvons qu'il n'y a pas assez de reconnaissance des éleveurs canins et félins : nous cotisons au régime agricole, mais nous ne sommes pas reconnus en tant qu'éleveur. Mais on se bat par ailleurs contre toutes les dérives qui peuvent exister, comme les élevages marrons ou même l'errance animale" explique l'éleveur.

Pas de chiens LOF dans l'errance animale et les combats

Concernant l'errance animale, les éleveurs se défendent d'ailleurs d'y participer. "Nos clients, en plus de l'attachement qu'ils ont pour leur animal, y ont mis le prix, ils ne vont pas les laisser errer dans la rue !" s'indigne les Corré. "Que ces chiens LOF soient stérilisés ou pas, ce n'est pas ceux-là qu'on voit divaguer dehors" continuent-ils.

Une affirmation que confirme Cédric K'bidy, éleveur du domaine de Thorgal. "A côté de mon activité, je suis aussi famille d'accueil depuis 18 ans. En toutes ces années, je n'ai vu que trois fois des chiens de race, sinon c'était des races mixes" explique-t-il.

Le problème des combats de chiens étaient aussi soulevés dans le précédent article. "Nous n'avions jamais entendu parler de combat de chiens à La Réunion, ce qui nous a horrifié, mais nous sommes positifs que ça ne peut pas être des chiens certifiés LOF : pour avoir cette qualification, il faut respecter des règles strictes" continue Lydia Corré.

Concernant cette certification, il est vrai qu'un certain nombre de critère doivent être respecté et que le chien doit être présenté à un jury. Lors de la naissance d'une portée LOF, un numéro lui est attribué, ce qui garantit l'authenticité de la race. Le problème est que certaines personnes malveillantes usent de numéros de portées ne leur appartenant pas et jouent sur la naïveté des acheteurs. "C'est une des choses que je veux combattre avec la création d'une association et d'une charte" précise Flavia Marie Jane.

"On voudrait qu'il y ait une réelle surveillance des petites annonces qu'on peut trouver sur internet, qui peuvent être trompeuses. Et on a beau les signaler, elles réapparaissent quelques jours plus tard" se désolent tous les éleveurs interrogés. Les lois existent en matière de vente d'animal, mais elles sont apparemment assez facilement contournées. "Certains mettent aussi de faux numéro LOF et avouent directement avoir menti pour pouvoir passer leur annonce une fois contactés" racontent les Corré.

Des animaux choyés


Les éleveurs précisent par ailleurs qu'ils tiennent un suivi strict des animaux qu'ils vendent, afin de s'assurer du bien-être de ces derniers, mais aussi pour accompagner les nouveaux propriétaires dans l'apprivoisement de l'animal. "Avant même de vendre un chien, je sonde les potentiels acheteurs explique Flavia Marie Jane. Les races ont des personnalités différentes, alors je m'assure que le mode de vie de l'acheteur est compatible avec le chien". Des balades sont aussi régulièrement organisées, ce qui permet de suivre l'évolution des animaux. Les réseaux sociaux aident aussi à en garder la trace.

"Je mets un point d'honneur à aussi faire comprendre que les chiennes ne sont pas des utérus sur patte quand un acheteur semble s'intéresser à la reproduction. Et je leur propose de passer une journée dans mon élevage, qu'ils voient un peu à quoi ça ressemble vraiment de s'occuper d'une portée" raconte la propriétaire des Terres du vieux chêne. Elle refuse d'ailleurs de faire faire plus de trois portées à ses chiennes au cours de leur vie.

Enfin, les éleveurs réfutent les arguements des associations de protection animale qui les accusent d'empêcher certaines adoptions en commercialisant des chiens. "Je suggère toujours à mes clients de se procurer un deuxième chien, car ces animaux sont généralement plus heureux à deux. Et je leur conseille de se tourner vers les associations pour ce deuxième chien. Mais je peux vous garantir que toutes les personnes qui viennent me voir viennent car elles savent exactement quelle race elles veulent, et ont parfois économisé longtemps pour se le permettre" dit Flavia Marie Jane.

"Beaucoup d'association crachent sur les éleveurs, mais combien d'entre nous sont aussi famille d'accueil ?" s'exclame par ailleurs Cédric K'bidy. Il considère d'ailleurs que la gestion de l'errance animale est extrêmement mauvaise. "On sauve dix chiens aujourd'hui, mais demain il y en aura quinze nouveaux, se désole-t-il. La stérilisation est la seule solution pour cela".

"Nous sommes peut-être l'ennemie aux yeux des associations, mais moi je considère que nous sommes complémentaires et que nous nous battons pour la même chose : la fin des maltraitances animales et de vraies sanctions pour ceux qui font n'importe quoi" termine  Flavia Marie Jane.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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