Tribune libre d'Olivier Hoarau

Lettre au président de la République

  • Publié le 18 octobre 2019 à 20:46

Monsieur Le Président de la République, Nous sommes le département le plus touché par le chômage, par le décrochage scolaire, par les demandes de logements social, par la dépendance aux énergies fossiles...Aussi, et vous le savez surement, les Réunionnaises et les Réunionnais attendent de votre gouvernement des réponses concrètes, rapides et fiables en termes d'emploi, de justice sociale, de transition écologique, d'étique politique, de lutte contre la vie chère, de formation..., de perspectives d'avenir tout simplement. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

La crise sociale qui a agité l’île l’année dernière couve encore. La Réunion compte toujours 30% de chômage dont 65% chez les jeunes de moins de 25 ans ; les écarts de prix entre l’hexagone et l’île se situent toujours aux alentours de 30% ; notre balance commerciale est toujours déficitaire ; lafaible représentation des Réunionnais dans les fonctions d’encadrements et de directions est une réalité peu satisfaisante ; notre agriculture est plus que jamais fragiliséetant le devenir de la filière canne est en suspend ; les situations monopolistiques ou oligopolistiques pèsent encore sur le pouvoir d’achat des familles réunionnaises ; notre éloignement du continent est très pénalisant sans que nous ayons le pouvoir localement de nous intégrer dans notre bassin régional ; les problèmes de mobilités intérieures freinent l’épanouissement des Réunionnais…

Dès lors que voulons-nous ?

En premier lieu, nous ne pouvons échapper à un questionnement sur nos repères institutionnels. La crise sociale de la fin 2018 nous, a alerté quand à la cohérence et l’efficience de l’action publique vis-à-vis des citoyens. Nous vivons une profonde transition politique : transfert de compétences, manque de marge de manœuvres des élus locaux… Nous devons à nouveau produire du droit commun et définir un niveau décisionnel qui rende à l’action publique son efficacité.

Il est urgent à présent de changer de paradigme et il est indispensable que nous prenions en main notre destin. En effet, nous sommes responsables sans être en réelle responsabilité pour prendre les décisions nécessaires, utiles et pertinentes pour La Réunion. A ce titre et sans plus attendre, nous devons prendre le train de vos réformes institutionnelles et refonder nos rapports à l’Etat.

Nous avons identifié les domaines supports qui pourraient être au service de ce nouveau modèle institutionnel : l’Education, la mobilité et les nouveaux modes de transports, la transition écologique (gestion des déchets, développement des énergies renouvelables, économie circulaire, préservation de nos ressources en eau avec la réutilisation des eaux usées traitées…). Les Réunionnais attendent que l’on réponde à la réalité de leurs besoins sans démarche partisane.

Toutefois, cet engagement dans une évolution institutionnelle à moyen terme, n’empêchera pas à court terme de répondre aux 2 priorités absolues que sont le Logement et l’Emploi comme garants de la promesse républicained’égalité.

Nous pourrions mettre à profit la révision de l’octroi de mer pour innover dans une nouvelle forme plus juste, c’est-à-dire plus profitable au pouvoir d’achat des Réunionnaiset, plus prospectif pour le territoire. Nous devons travailler à des applications plus souple lorsque des entreprises jouent la carte du développement local, du renforcement des atouts du territoire, de l’accompagnement plus équilibré et plus durable de l’île. Nous devons décider au sein de nos collectivités d’affecter les recettes liées à ce dispositif en faveur d’investissements ou d’actions publiques sur les champs d’actions communs précités.

Je vous avais sollicité en février 2019 lors du grand débat Outremers sur la mise en place du dispositif TZCLD au Port. Vous m’aviez répondu : " Monsieur le Maire si vous êtes prêt, on y va ". Nous avons signé en juin la charte et scellé notre engagement auprès de l’association en présence de Madame Girardin, Ministre des Outremers. Aujourd’hui, nous n’avons aucune visibilité sur l’effectivité de ce dispositif pour nous. Au-delà de la ville du Port, il est indispensable d’étendre ce dispositif à l’île entière car nous devons tout faire pour enrayer la spirale destructrice du chômage de longue durée.

Aujourd’hui nous devons être volontariste, innover sans cesse, se battre quotidiennement pour offrir aux Réunionnais de nouvelles perspectives.

L’économie bleue, l’économie verte, l’économie touristique, l’économie de la connaissance sont autant de domaines pour lesquels La Réunion, frontière active de l’Europe dans l’Océan Indien peut explorer le champ des possibles.

Il n’est pas acceptable d’atteindre ici des taux de chômage qui auraient engendré des mouvements sociaux sans précédents en France hexagonale ? Les personnes sans emplois à La Réunion n’ont pas besoin de plus de contrôle de leur non-activité mais de plus de propositions d’embauches. Pourtant nous pouvons créer de l’emploi.

Prenons l’exemple du logement pour illustrer ce qu’en concertation nous pourrions faire nous, décideurs publics,pour offrir de nouvelles perspectives aux Réunionnais, répondre aux besoins des professionnels du BTP, renforcer la cohésion sociale et agir en faveur de la transition écologique.

Depuis 2011, nous avons perdu plus de 15 000 emplois dans le BTP, malgré le lancement du chantier de la NRL, générateur tout au plus de 3 000 emplois dont 250 créations d’emplois directs selon une étude menée par l’INSEE et l’IEDOM. La décision d’une route sécurisée n’est pas contestable. A contrario, le choix politique qui a validé les modalités de ce chantier à 2 milliards d’euros dans la précipitation aux vues de ses déboires, est lui, préjudiciable pour tous.

Or si nous faisons un parallèle avec une action publique en faveur du logement, que pourrait-on prévoir ? Dans les années à venir 50% du parc locatif social sera constitué de bâtiments de plus de 20 ans exigeant la réhabilitation d’environ 40 000 logements. Nous aurons à gérer des problématiques importantes de désamiantages suscitant une expertise particulière insuffisante aujourd’hui dans l’île et des besoins d’ingénieries en bâti tropical pour répondre à latransition écologique.

Nous disposerons dès lors d’un gisement d’activités et d’emplois considérables.

Une récente étude de l’ARMOS fait la démonstrationqu’une réhabilitation coûte entre 70 et 80 000 euros par logement. Son financement qui s’articule autour de crédit d’impôts et de la LBU, est largement insuffisant aux vues des besoins identifiés par les bailleurs et opérateurs sociaux.

A titre d’exemple, si nous faisions le choix politique de financer 100 millions d’euros par an sur 10 ans, la réhabilitation du parc locatif social représenterait 1 milliardd’euros d’investissements. Nous serions donc encore loin du coût de la NRL. Si nous-y ajoutions, les financements complémentaires de la LBU, du crédit d’impôt et de l’autofinancement des bailleurs, nous pourrions venir à bout en 10 ans de ce vaste programme de réhabilitation.

Enfin, il faut rappeler qu’un logement réhabilité crée1,5 emplois. Sur 10 ans et selon les besoins identifiés, nous pourrions générer la création de 60 000 emplois directs.

Monsieur le Président, les propositions nous en avons. Un projet pour La Réunion, c’est au cœur que nous le portons. Les efforts nous les faisons tous les jours. Lesmoyens et les prérogatives de faire les bons choix, nous les attendons.

Nous avons besoins de décisions qui mènent à des actions concrètes, rapides et fiables. Au Port, je vous l’ai dit, nous sommes prêts tout de suite à mettre en place le dispositif Territoire Zéro Chômeurs de Longue Durée.

Tout comme nous travaillons sans relâche pour le règlement définitif des RHI et sur votre accompagnementpour rendre leur dignité à toutes ses familles qui attendent depuis trop longtemps.

Enfin, Monsieur le Président, nous attendons comme d’autres territoires, une évolution législative significative sur la Réutilisation des Eaux Usées Traitées permettant l’arrosage des espaces publics ou son utilisation à des fins industrielles. Nous avons bouclé notre tour de table financier à ce sujet. Notre projet innovant et volontariste participe à la préservation de notre ressource en eaux et pour allerjusqu’au bout de ce combat en faveur de la transition écologique, vous devez nous aider à faire évoluer la réglementation qui entrave l’innovation dans notre pays. Nous devons changer notre façon de penser l’action publique, si nous voulons offrir à nos enfants une Terre préservée.

La Réunion et les Réunionnais veulent avancer et prendre leur destin en main.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, en l’expression de ma très haute considération.

Le Maire Olivier HOARAU

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5 Commentaires
George
George
4 ans

Bravo. Bravo de dire tout haut ce que nous pense en bas. Oui tout pour l'Education ! Oui nous doit préserver nout terre ! Oui il faut travailler les transports, La Rényon y devien invivable ek tout lauto nena ! bien di Hoarau !

Poto
Poto
4 ans

Démarche individuel??? Toujours besoin de se faire voir. Pourquoi pas au nom de votre partie qui est entrain de perde l'air. Vie chère!!!! Vous avez augmenter nos impôts, les petits propriétaires qui pour la plus part on acheté leur logement en location vente.

Nou Ar Vien
Nou Ar Vien
4 ans

#stesuzanne té té té a cause ou dit la merde comme ça Notre Maire Olivier Hoarau l'avait pas peur a li, la Preuve li l'etait bien a paris et bien posé ça question au président et relit bien sa réponse et ou vera si mr le maire a eu peur de lui , ensuite ou dit encore la merde quand ou dit que Mr Hoarau la appel vote pour li pour les présidentielles ou sa ou vu ça pourtant ou habite ste suzanne . li la jamais appel pour vote pour macron en tout cas notre candidat c'était mélenchon au 1er tour et les portois ont fait le travail pour voté pour melenchon mais au 2eme tour il y avait la peste et le cholera il fallait faire un choix alors dit les choses vrai ok tssssss.

Portoise
Portoise
4 ans

Monsieur le maire,Combien de zones industrielles et combien d entreprises (grandes et petites) dans la commune. Si chÃ'mage il y a, c simple. La plupart de ces employés ne viennent pas du port. Voyez par vous-mêmes le nombre de voitures entrant et sortant tous les matins et soirs du port. Il y a que des embouteillages. Reflechissezca comment faire embaucher les portois. Beaucoup sont diplÃ'més et ont les compétences pour. Mais, hélas, même si je suis portois, on me fait comprendre qu on n aime pas les gens du port. Donc l emploi n est pas pour moi.

ste suzanne
ste suzanne
4 ans

vous Etes tous invité pourquoi lui écrire une lettre ALLEZ LUI DIRE EN FACE VOUS AVEZ PEUR DE LUI ET POURTANT vous étiez les premiers a appeler pour voter pour lui ASSUMER MAINTENANT