Le directeur de la SICA REVIA répond à la polémique

Remise sur le boeuf péi : "il n'y a pas d'abus de notre part, ni de concurrence déloyale"

  • Publié le 13 novembre 2019 à 16:26
  • Actualisé le 14 novembre 2019 à 05:53

Encore une polémique sur le boeuf péi ! Cette fois c'est pour une histoire de concurrence déloyale que les associations de consommateurs sont vent debout... CLCV Réunion et UFC Que Choisir publient un courrier envoyé par le directeur de la coopérative SICA REVIA à ses clients. Il y propose une opération de deux semaines durant laquelle les carcasses de jeunes bovins péi bénéficient de 30% de remise, à condition de ne pas vendre de boeuf importé. Pour les associations de consommateurs, c'est un abus de position dominante. Le directeur de la coopérative, lui, admet la maladresse du courrier, mais dément toute tentative de concurrence déloyale et parle d'un geste commercial pour les éleveurs de La Réunion.

"Si j'ai fait une faute, je serai sanctionné à titre personnel, mais pas au nom de la SICA REVIA. Mais moi j'estime que je n'ai pas fauté sur le plan légal" nous dit Charles-Emile Bigot, directeur de la coopérative.

Le week-end dernier, les associations de consommateurs CLCV Réunion et UFC Que choisir prennent connaissance d'une "opération de dégagement", via un courrier envoyé aux clients de la SICA REVIA et signé de la main de son directeur.

On y apprend que du 16 au 29 novembre, la coopérative propose une "remise de 30% sur les carcasses de jeunes bovins boeuf pays" à condition de ne "pas avoir de boeuf import".

Pour les associations de consommateurs c'est un "abus de position dominante du fait de cette remise liée à une clause d’exclusivité", écrivent-ils dans une tribune libre. "C’est une pratique (abusive) avec un effet restrictif de concurrence" ajoutent-ils.

Selon l'article du code du commerce en question, "est prohibée, dans les conditions prévues à l'article L. 420-1, l'exploitation abusive par une entreprise ou un groupe d'entreprises d'une position dominante sur le marché intérieur ".

Mais pour le directeur Charles-Emile Bigot, la viande péi ne correspond pas à la définition car elle n'est "pas du tout en position dominante".  "Il n'y a qu'à regarder les prix de la viande importée de métropole, impossible de les concurrencer. Nous sommes bien loin d'être dominants", nous explique-t-il. "Sur un marché de 8.000 tonnes, nous représentons 1.600 tonnes."

Aussi il ajoute qu'il s'agit "d'une proposition, et non d'une obligation. D'autant plus que l'opération est délimitée dans un temps très court". Elle doit en effet durer deux semaines.

Un mea culpa à demi-mot

Le directeur de la SICA REVIA estime s'être renseigné et ne pas être dans l'illégalité : "il n'y a pas d'abus de notre part, ni de concurrence déloyale". Mais il admet que le courrier envoyé aux clients peut être maladroit. "Peut-être que je me suis mal exprimé, le courrier n'est pas forcément bien formulé. Si la DIECCTE me dit de corriger le tir, je le corrigerai. Je serai jugé si j'ai fauté".

Ainsi, si le courrier en question est en effet pointé du doigt pour un souci de concurrence, Charles-Emile Bigot est prêt à endosser entièrement la responsabilité : "je ne veux pas que ça retombe sur ma structure. Si la DIECCTE doit sanctionner, elle me sanctionnera moi, mais pas la coopérative."

Le directeur ne "renie pas le courrier" et estime que si besoin il y a, la DIECCTE se "penchera sur le sujet".

Les associations de consommateurs affirment dans une tribune libre que la circulaire envoyée "a été anticipée :  des opérations de promotion de "Boeuf Pays" ont été conduites, les samedis, depuis plusieurs semaines dans plusieurs supermarchés de l’île par des groupes d’enseignes". "C'est totalement faux", rétorque Charles-Emile Bigot. "Cette opération concerne uniquement les semaines 47 et 48, pas avant, pas après."

Un "geste commercial" pour la viande péi

Face à "l'acharnement" que subit la filière viande réunionnaise, Charles-Emile Bigot a voulu réagir. "C'est un geste commercial", nous dit-il. "J'ai voulu proposer cette remise pour trouver une solution face au surstock en élevage."

Le directeur de la SICA REVIA se dit fatigué de voir que la méfiance continue de régner face au boeuf péi et à la présence de la leucose bovine : "on ne le répètera jamais assez, nos vaches en filière viande sont saines".

Les vaches qui ne partent pas à l'abattoir restent dans les prés. Le directeur des abattoirs de La Réunion Guy Coré nous l'avait rappelé lors de la présentation de la campagne de communication "boeuf pays" lancée officiellement fin octobre : "ce sont des animaux en plus que l'on doit nourrir et de la viande en moins que l'on produit".

La baisse des ventes pour les éleveurs viande a baissé de 30%, jusqu'à 50% sur certains mois particulièrement difficiles.

En attendant que cette affaire soit tranchée par la DIECCTE, le directeur de la SICA REVIA appelle les associations de consommateurs à le rencontrer. "Nous ne nous sommes jamais rencontrés autour d'une table pour en discuter. Nous avons simplement échangé des textos, car monsieur Courquet (président de CLCV Réunion, ndlr) me demandait mon adresse e-mail. Nous attendons la visite de monsieur Courquet dans nos élevages pour lui montrer comment nous travaillons."

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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6 Commentaires
Tom
Tom
4 ans

à MÃ'véLang,
c'est exactement ce qui est fait monsieur (ou madame ?) La filière boeuf pays (races à viande) élimine de ses troupeaux la maladie bovine LBE depuis 2002... De sorte que le cheptel aurait une prévalence comprise seulement entre 10% et 14% à ce jour... d'animaux porteurs sains, c'est-à-dire qui ont la leucose, mais qui n'ont pas déclaré la maladie. Ce ne sont pas des animaux malades car des animaux malades de la Leucose, l'abattoir en dénombre 1 ou 2 par an et ils sont incinérés. En revanche, les animaux porteurs sains (donc pas malade) sont par définition des animaux sains, ils sont envoyés à l'abattoir... comme en métropole figurez-vous !!! (eh oui). En métropole, les animaux "détruits" comme vous dites, ont été consommés (peut-être même par vous, qui sait ? Au titre de la viande importée origine France) pour la plupart, car la maladie ne se déclare pas de manière systématique, soit envoyés à l'équarrissage (brûlés).... Exactement comme c'est le cas ici. Beaucoup de méconnaissance sur le sujet, et l'aide de quelques détracteurs, ont permis à de fausses informations bien inquiétante de circuler.

MÃ'véLang
MÃ'véLang
4 ans

En Corée du sud, un seul porc a été détecté porteur de peste non dangereux pour l'homme, 400 000 porcs ont été abattus et détruits, à la Réunion, tous les bovins sont atteints de diverses maladies dangereux pour l'homme, on nous le fait bouffer depuis plus de 20 ans. C'est la filière qui est entrain de détruire la filière boeuf péï.Faite comme les français, détruisez vos animaux malades, les consommateurs reviendront .

Betty
Betty
4 ans

URCOOPA+SICAREVIA+PREFECTURE = TIERCE meuglant un produit sain qui ne fait pas l'unanimite chez les consommateurs qui ont deja chope la tremblante avec leur pub et renforts de declarations juges peu sincere

Volcan974
Volcan974
4 ans

Qui veut encore manger du boeuf pays en jouant au poker menteur et la santé des reunionnais, tout le monde sait que la maladie est interdite en Europe et les cheptels doivent être éradiquer mais La reunionnais peuvent consommer en toute quiétude

Papy 974
Papy 974
4 ans

Je consomme des saucisses bÅ"uf péi lorsque je cuisine un rougail saucisses ... croyez moi, c'est meilleur que le porc !

CHABAN
CHABAN
4 ans

Charles-Émile, tu nous prends pour des jambons ?