[PHOTOS/VIDÉOS] 200 personnes rassemblées devant l'hôpital Félix Guyon (actualisé)

Grève du personnel soignant : "l'hôpital est malade" dénoncent les syndicats

  • Publié le 14 novembre 2019 à 11:00
  • Actualisé le 14 novembre 2019 à 13:09

Les infirmiers et le personnel soignant de La Réunion et de France se mobilisent ce jeudi 14 novembre 2019. Un appel à la grève nationale a été lancé depuis la métropole, qui sera suivi dans les centres hospitaliers du nord, de l'ouest et du sud. Plusieurs rassemblements sont prévus pendant la journée. (Photo mm/www.ipreunion.com)

Depuis 11 heures, les personnels hospitaliers de Sud Santé, la CFTC, l'UNSA, FO et la CFDT, sont rassemblés devant les locaux de l'hôpital Félix Guyon et du CHOR. Les revendications sont toujours les mêmes depuis le début des grèves des services d'urgence partout en France : pas assez de moyens, pas assez de lits et pas assez d'effectifs. Environ 200 personnes sont présentes devant le CHU du Nord ce jeudi.



"Depuis l'ouverture des nouveaux locaux du CHOR, nous sommes en manque flagrant de personnel, et le nombre de lits a diminué" dénonce Zohra Givran, syndiquée à Sud Santé. Déjà en avril dernier, le personnel avait alerté sur les conditions de travail dégradées.

David Belda, syndiqué de FO Santé, dénonce ces conditions de travail, regardez :

Les agents de santé considèrent cependant que leur combat commence à bénéficier du soutien de plus en plus de personnes, notamment de la direction des établissements et de la population, regardez :

"Nous avons des beaux murs mais on a pas pensé aux moyens humains qui vont avec ces beaux murs" se désole pour sa part Jean-Marc Velia de la CFDT Réunion. Regardez :

Lire aussi : Ambiance morose au centre hospitalier de l'Ouest

"Nous avons un personnel en grande souffrance, expliquait déjà Zohra Givran à l'époque, mais c’était prévisible. Nous sommes passés de 240 à 310 lits disponibles au sein de l’hôpital, avec la création de nouveaux services, mais les effectifs n’ont pas suivi".

"L'impression d'être transparents"

Résultat, très peu de remplacements et une reconnaissance quasi inexistante pour ceux et celles qui font des journées à rallonge, estime Véronique, assistante médico-administrative (AMA). "On a oublié l'humain, vis-à-vis des patients et de la qualité de la prise en charge, et du personnel. J'ai l'impression d'être complètement transparente, c'est plus un nom mais un numéro de matricule qu'on devrait mettre sur nos blouses."

Il y a quatre ans, le CHU Félix Guyon comptait 5,40 ETP (équivalent temps plein) selon elle, "aujourd'hui nous sommes à 3,80 ETP pour 35 heures au lieu de 37". Mais l'activité n'a pas baissé, "elle est même en augmentation". Moins de personnels pour un travail toujours plus intense. "On ne demande pas de merci parce qu'on a un très bon salaire, mais c'est difficile de rentrer chez soi, et d'être tellement crevé de s'endormir. On a plus de vie sociale."

Durant ses journées de travail "on ne s'arrête pas, on a même pas le temps d'aller aux toilettes parfois, entre le téléphone, les patients, les consultations, les médecins ou les aide-soignants qui nous sollicitent... On a encore que 10 doigts pour un seul cerveau". Véronique a souvent "l'impression d'être un robot". D'autant plus que les administratifs et les secrétaires sont souvent considérés comme "la 45ème roue du carosse". Pourtant fière de travailler ici, cette AMA se dit "déçue" de la situation en hôpital public aujourd'hui. "Pourtant on a plaisir à travailler dans le service public, mais ce service public on l'écrase encore et encore".

Des absences pas remplacées

Aujourd'hui, la situation se serait améliorée au service des urgences, mais le reste de l'hôpital serait toujours impacté par un manque flagrant de personnel. "Parfois, il n'y a pas de remplacement pour les personnels en repos : là où on avait 4 infirmières pour 32 patients, nous n'en avons plus que 2. Par contre, il y a toujours autant de patients" dénonce Zohra Givran.

Un personnel du centre des brûlés, préférant rester anonyme, le confirme : "on a communiqué partout qu'on avait recruté quelqu'un. Déjà, c'est nous qui l'avons trouvé et c'était pour un mois seulement. Techniquement on est 2 dans le service, et ça fait deux ans qu'on tient comme ça." Il arrive parfois qu'elle réalise une semaine entière d'astreinte, à raison de 18h-8h, avec une grande exigence de réactivité.

"On ose pas prendre de vacances, il n'y a personne pour nous remplacer. Et de toute façon étant donné la charge de travail, on perd le bénéfice des vacances en 3 jours, dès la reprise", ajoute-t-elle.

Résultat : il lui arrive régulièrement de dormir sur place, "dans un bureau insalubre : un fauteuil qui s'allonge, pas de douche, rien. On a pas de vraie salle de repos, c'est minuscule. Le sol est craquelé il y a des germes partout. Pourtant on a un beau service tout neuf mais qu'on ne peut pas utiliser parce qu'on a mis le service pédiatrique dedans". Aujourd'hui les personnels de ce service estiment ne pas être aux normes : "en 2019 on a pas de salle de réveil... Les gens se réveillent dans le couloir".

Un travail démoralisant, "les conditions de travail et de vie sont terribles. On a parfois zéro week-end de libre dans le mois. Les soignants sont précarisés de partout. Les gens n'en peuvent plus, et le milieu hospitalier attire de moins en moins les jeunes".

"Nos revendications font écho à celles de l'appel national : nous demandons une revalorisation salariale, l'arrêt de suppression de lits et de postes, mais aussi la défense du système de retraite pour les infirmiers" expliquait Stéphane Casimir, de la CFTC du CHU Sud.

C'est d'ailleurs à 13h30 devant les locaux de l'hôpital de Saint-Pierre que devrait se tenir la plus grosse mobilisation de la journée. "De nombreux élus ont répondu présents à notre appel" souligne Stéphane Casimir.

as / mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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