Photographe amatrice passionnée

Charlotte Boiron et ses portraits aquatiques remplis de poésie

  • Publié le 17 novembre 2019 à 15:03
  • Actualisé le 17 novembre 2019 à 15:20

C'est un choix plus qu'original et une vraie niche dans le milieu de la photographie : notre photographe du jour, Charlotte Boiron est une spécialiste des portraits sous l'eau. Pas en plongée, non, plutôt dans les bassins, où elle transporte un studio aquatique. Sa touche personnelle est reconnaissable entre mille : des sujets en mouvement, au milieu des bulles, dans un décor souvent idyllique et sur un fond totalement noir. Charlotte Boiron privilégie les photographies en surface pour jouer avec la lumière et les reflets. Des clichés éminemment poétiques, remplis de douceur.

A 28 ans seulement, Charlotte Boiron a des idées plein la tête, créative jusqu'au bout des doigts. Elle a d'abord fait du marketing dans le secteur du bâtiment, "finalement ça reste aussi créatif", s'amuse-t-elle. C'est là qu'elle rencontre Renaud, son compagnon, manager dans la même entreprise. Tous deux amoureux de la photographie décident alors de se lancer.

Charlotte Boiron a aussi d'autres activités, comme des ateliers de parfum : "cette fois je suis davantage dans la création olfactive que visuelle". Mais c'est la photo qui occupe la majorité de son temps. Et pas n'importe où : dans l'eau.

"J'ai commencé à relier photo et milieu aquatique au lycée, pour un projet que j'ai présenté au bac en spécialité arts-plastiques", raconte-t-elle. La thématique était celle de l'eau, Charlotte Boiron décide alors de se lancer dans un projet de clichés "très zoomés" tout en restant dans la cour du lycée : une flaque d'eau sur le bitume, des gouttes sur les fenêtres...

Après le bac, elle continue les photos, "pour mon plaisir" puis, avec son compagnon Renaud, décide de lier photo et voyage, "nos deux grandes passions à tous les deux". Direction La Réunion, où elle vit depuis un an et demi.

L'eau et ses contraintes

"J'ai toujours aimé la photographie sous l'eau, je trouve ça magnifique", nous explique la photographe. Elle commence alors à réaliser quelques shootings. "J'ai essayé le lagon, mais l'eau est trop trouble, alors j'ai continué dans les piscines et surtout les bassins naturels de La Réunion, comme celui des Cormorans ou Langevin, qui possède une eau claire incroyable !"

Ses sujets : des couples, des femmes enceintes, des bébés nageurs. "Plus récemment, j'ai fait des photos de chiens dans l'eau pour une opération de communication un peu décalée".

Les difficultés du milieu sont nombreuses cependant. "Contrairement à l'extérieur où il n'y a que l'air qui me sépare de mon sujet, ici j'ai un élément bien différent, l'eau. Plus on est loin, moins on voit." Il faut donc être relativement proche du sujet et surtout avoir un appareil adapté. "Je possède un grand angle, ce qui me permet d'être tout près mais de garder un effet de profondeur en voyant le sujet en entier."

Deuxième contrainte : le mouvement. "Les gens que je photographie sous l'eau ne sont pas stables, et moi non plus puisque je nage à côté d'eux." Il est donc nécessaire de régler la vitesse de son appareil, tout en adaptant les mouvements sous l'eau.

Parmi les difficultés il y a aussi la mise au point : "avoir tout net sous l'eau est souvent compliqué, notamment à cause des reflets sur la zone en surface". Tout est une question de réglages, mais sous l'eau le challenge est corsé.

Son appareil photo : un Canon 6D Mark II, assorti d'un objectif Canon grand angle 17/40. A ça s'ajoute son caisson Nauticam, une marque professionnelle qui garantit une étanchéité impeccable pour son appareil.

"Des photos qui ressemblent aux gens"

Lors d'un shooting, Charlotte Boiron se déplace avec son studio aquatique portatif. Doté d'une grande bâche noire, il permet d'obtenir ce fond sombre si typique dans ses photos. "D'abord il y a un rendez-vous téléphonique obligatoire, pour expliquer comment ça se passe, rassurer la personne, etc. Mettre la tête sous l'eau ça peut faire peur." Elle précise cependant que pour tenter l'aventure il faut de toute façon "être à l'aise dans l'eau", bien évidemment.

Puis c'est le jour du shooting. "Les gens viennent avec des habits de leur choix, souvent fluides pour permettre des effets sympas dans l'eau." Premier exercice : décontracter son visage une fois que l'on est immergé. "Je leur indique, des mouvements, je leur donne des conseils, quelques techniques pour y arriver... ça se passe toujours très bien." Ayant elle-même posé comme sujet dans le passé, elle sait ce que c'est que d'être "de l'autre côté de l'objectif". Par ailleurs, pas besoin de savoir faire de l'apnée, la photographe s'adapte : "il suffit de quelques secondes sous l'eau".

La séance dure ensuite 30 mn à 1 heure dans l'eau. "Je ne travaille qu'avec la lumière naturelle, puisque de toute façon je reste en surface ce qui me permet de garder toutes les couleurs" explique Charlotte Boiron. Puis elle trie ses photos et reprogramme un rendez-vous avec les sujets pour découvrir ensemble les photos du shooting.

Ce que cherche surtout la photographe, c'est réaliser pour ses clients "des photos qui leur plaisent et surtout qui leur ressemblent". A travers le mouvement, la poésie de ses clichés, les vêtements et mises en scène choisies, la photographe essaie de sublimer la personnalité de ses sujets : "après tout je rentre dans l'intimité des gens quand je suis sous l'eau avec eux".

Petit à petit, la notoriété arrive, notamment grâce aux réseaux sociaux. Charlotte Boiron aimerait en vivre à plein temps. Parmi ses grands projets : une exposition de photos de nues. "Il s'agit de 10 portraits de femmes nues sous l'eau" nous explique la photographe. Appelée "Elles", ces femmes ont accepté de se dévoiler totalement en passant devant l'objectif de Charlotte Boiron. A découvrir lors du vernissage de l'exposition le 4 décembre à 18h30 au restaurant La Terrasse à Saint-Gilles-les-bains.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
1 Commentaires
CHABAN
CHABAN
4 ans

Ma préférée 18/18Merci pour cette découverte.