Fédération française d'athlétisme

Dopage: Boxberger positive à l'EPO, nouveau coup de massue pour l'athlétisme français

  • Publié le 19 novembre 2019 à 20:50
  • Actualisé le 20 novembre 2019 à 05:09

Un coup dur de plus: déjà ébranlée par les cas de Clémence Calvin et de Morhad Amdouni, l'athlétisme français a subi un nouveau choc mardi avec le contrôle positif à l'EPO de la spécialiste du 3.000 m steeple Ophélie Claude-Boxberger.

Cette nouvelle affaire jette le discrédit sur la Fédération, déjà minée par les luttes intestines après l'échec des Mondiaux de Doha, en raison de la relation personnelle qu'entretient l'athlète avec Jean-Michel Serra, le directeur médical de l'équipe de France.

L'année 2019 aura été terrible pour la FFA. Mauvais résultats (seulement 2 médailles au Qatar), guerre de clans et une succession de scandales liés au dopage ont singulièrement mis à mal l'image de l'instance. Alors qu'une réorganisation est envisagée en vue des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, la révélation du contrôle positif de Claude-Boxberger est venue encore alourdir le climat.

Le cas de l'athlète de 31 ans s'ajoute aux deux autres affaires ayant ébranlé la FFA ces derniers mois. Il intervient à la veille de l'audition de la marathonienne Clémence Calvin, convoquée mercredi avec son mari et entraîneur, Samir Dahmani, devant la commission des sanctions de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) pour s'être soustraite à un contrôle inopiné au Maroc, une faute qu'elle réfute mais qui peut lui coûter jusqu'à 4 années de suspension.

Durant les Mondiaux de Doha, c'était au tour de Morhad Amdouni, champion d'Europe du 10.000 m en 2018, d'être visé par un reportage de la chaîne allemande ARD, révélant des échanges sur la messagerie Whatsapp où une personne présentée comme un fournisseur de produits dopants lui réclame un paiement pour un achat d'EPO. Amdouni a fermement rejeté ces accusations.

- Perquisitions -

Le nom de Claude-Boxberger avait déjà résonné pendant les Championnats du monde de Doha, qu'elle avait quittés tête basse au stade des séries. La divulgation sur les réseaux sociaux de photos attestant de sa relation avec Jean-Michel Serra, le directeur médical des Bleus, avait précipité le départ de ce dernier du Qatar. En juin, le docteur Serra avait déjà été épinglé pour s'être inquiété du nombre de contrôles subis par Boxberger auprès de l'AFLD, sans en informer sa hiérarchie.

Selon le site Spe15, une perquisition a était effectuée au domicile de l'athlète, tandis que les journaux Le Parisien et L'Equipe indiquent que les gendarmes de l'Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique) se sont rendus au siège de la FFA.

Cette troisième affaire liée au dopage en moins d'un an a en tout cas singulièrement douché l'ambiance à St Malo où les Bleus sont réunis depuis dimanche en stage pour lancer leur saison olympique.

"C'est très bien qu'il y ait une hécatombe en ce moment, ça prouve qu'il y a des choses qui s'ouvrent et vont vers un sport plus propre, a déclaré le recordman du monde décathlon Kevin Mayer. Mais j'ai peur pour le demi-fond et l'athlétisme en général. Cela donne une mauvaise image de l'athlétisme. Cela me rend fou. Je ne sais pas qui est dopé en équipe de France, ça se trouve j'ai un pote en équipe de France qui est dopé et je ne le sais pas. Le seul pote qui s'est dopé en équipe de France c'est Quentin Bigot et je ne veux plus avoir de relations personnelles avec lui depuis."

- "Mafia de l'athlétisme" -

Même tonalité chez la vice-championne d'Europe du 800 m Rénelle Lamote: "Je suis contente quand il y a des cas de dopage avérés, parce que l'on a du mal à les trouver. Je me dis une de moins. Mais je suis triste pour mon sport, j'ai l'impression d'avoir été trahie. J'ai l'impression qu'il y a une mafia de l'athlétisme. J'étais à côté d'Ophélie Claude-Boxberger dans l'avion pour Doha et on avait échangé sur l'alimentation, j'étais à des années-lumière d'imaginer ça. Je tombe de haut."

La vice-championne olympique du disque Mélina Robert-Michon a elle ressenti "beaucoup de déception et de colère".

Seul le médaillé d'argent au marteau des Mondiaux de Doha Quentin Bigot, suspendu deux ans pour usage d'un stéroïde anabolisant en 2014, a émis un avis plus nuancé, estimant que cette nouvelle affaire de dopage ne "parasitait" pas du tout le stage de l'équipe de France à St Malo.

"Est-ce que je suis le mieux placé pour parler de ça?, a-t-il également lancé en rappelant son passif. Chacun sait ce qu'il a à faire. C'est triste, je suis passé par là, je sais ce que c'est, c'est surtout dur pour l'athlète et son entourage. Il ne faut pas se réjouir de ce genre de nouvelles."

AFP

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