Il a été contraint de démissionner

Les fâcheux oublis de Jean-Paul Delevoye, l'ex monsieur retraite du gouvernement

  • Publié le 17 décembre 2019 à 02:59
  • Actualisé le 17 décembre 2019 à 06:35

Cette série d'"oublis" lui a coûté très cher. Jean-Paul Delevoye, l'artisan de la très controversée réforme des retraites a été contraint de démissionner ce lundi 16 décembre 2019. Les raisons de ce départ précipité : la déclaration d'intérêt du haut-commissaire aux retraites communiquée à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Jean-Paul Delevoye a "omis" de déclarer 13 autres mandats dont deux rémunérés ce qui est contraire à la Constitution et à la loi. L'exécutif l'aura soutenu jusqu'au bout, Emmanuel Macron aurait accepté sa démission "avec regret" a fait savoir l'Élysée. Il faut dire que le Président n'avait pas besoin de ça en ce moment...

13 mandats. Ce sont bien 13 mandats que Jean-Paul Delevoye, l’artisan de la réforme des retraites a oublié d’inscrire dans sa déclaration d’intérêts à la mi-novembre "par omission" dit-il. Si l’opposition et l’opinion publique ne s’étaient pas soulevées, peut-être que le monsieur retraite du gouvernement serait resté tranquillement en place, l’adage "plus c’est gros, plus ça passe" aurait alors pris tout son sens…

"La bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale" -  Edouard Philippe

Car au niveau du gouvernement, les fâcheux oublis de Jean-Paul Delevoye ne semblaient pas poser problème. Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement a défendu "un homme qui a une grande rectitude, une grande droiture" et "n'a jamais tenté de dissimuler quoi que ce soit", le Premier ministre a assuré que "la bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale". Tandis que Jean-Michel Blanquer a expliqué "il a commis une erreur, il le dit lui-même. […] Il va la réparer."  "Il ne faudrait pas qu’on abuse de cette erreur." "On parle de 13 mandats, n’oublions pas que 11 d’entre eux sont bénévoles." Et les deux autres, ceux qui sont rémunérés ? Encore une omission…

"Bonne foi", "grande droiture" et "grande rectitude", à croire que Jean-Paul Delevoye est un saint. On parle quand même de 13 mandats dissimulés par un membre du gouvernement qui prône la suppression des 42 régimes spéciaux au profit d’un régime universel. Et son régime spécial à lui ? Celui où il touche 5300 euros par mois d’un think tank, une somme bien rondelette qu’il "a omis" de déclarer, on en parle ? Pour information, l'article 23 de la Constitution prévoit que les fonctions de membre du gouvernement sont "incompatibles avec l'exercice (…) de toute activité professionnelle".

Les onze autres activités du désormais ex-monsieur retraites du gouvernement, même si elles sont bénévoles posent une autre question, celle du mélange des genres. N’y aurait-il pas conflit d’intérêt ? Par exemple, Jean-Paul Delevoye est président de l'Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France, qui a pour but d'améliorer la visibilité et la transparence des marchés publics régionaux. Ce mandat lui offre donc un regard sur les investissements locaux et, à ce titre, un petit détail qui aurait dû figurer dans la déclaration d'intérêts de l'homme politique.

Un comble !

Par ailleurs, c’est anecdotique mais cela mérite d’être souligné, l’ancien ministre de la Fonction publique était toujours assez prompt à faire le tour des plateaux télé et des radios quand il était question de donner des leçons de transparence, de franchise et d’exemplarité comme le rappellent nos confrères du Huffington Post.

Pour sa défense, Jean-Paul Delevoye explique qu’à travers lui, c’est la réforme des retraites que l’on a voulu atteindre, il se dit "victime d’un amalgame mensonger" et reconnaît une "erreur d’une légèreté coupable". On peut se dire que s’il avait respecté les règles, il ne se serait pas retrouvé dans la tourmente mais ça, il ne l’avouera sans doute jamais…

Soutenu par l'exécutif

Ce qui est plus étonnant, c’est l’attitude du gouvernement. Les Marcheurs ont multiplié les interventions médiatiques où ils défendaient avec ferveur monsieur retraites alors même que les révélations s’accumulaient. La majorité a fait mur, répétant inlassablement les éléments de langage afin d’atténuer la grosse bourde du haut-commissaire.

Étonnant, oui et non. La réforme des retraites a ravivé le courroux des Français. Ils sont des milliers à descendre dans la rue régulièrement. Depuis le 5 décembre, la colère n’est pas redescendue. Et les partenaires sociaux se montrent intransigeants, prêts à poursuivre le mouvement pendant les fêtes si le gouvernement ne revient pas sur la réforme.

C'est pas le moment !

L’affaire Delevoye est un caillou dans la chaussure de l’exécutif qui n’arrive déjà pas à se dépatouiller de cette très controversée réforme des retraites. Si en plus, l’artisan du projet est loin d’être exemplaire, ça la fout mal. Surtout que des questions se posent. Comment le gouvernement a-t-il pu laisser faire ? L’argument "on ne savait pas" ne tient pas : à ce niveau de responsabilité et sur un dossier aussi important on se renseigne sur le compte de la personne que l’on nomme, histoire d’éviter de s’enfoncer encore plus dans le discrédit. De plus, Jean-Paul Delevoye  a démissionné mais sa réforme reste, alors on fait quoi ?

C’est tout l’enjeu ! Ce mardi 17 décembre, des milliers de Français vont défiler pour montrer leur désaccord sur cette réforme, les pancartes sur l’affaire Delevoye seront certainement de sortie…

fh / mb / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
, depuis son mobile
, depuis son mobile
4 ans

Comme tous, je dis bien tous les politiques, on prÃ'ne la transparence et là sincérité pour en arriver à ce résultat. Vivement des hommes neufs, non pas comme Macron très éloigné du peuple et de ses préoccupations, mais des gens issus des classes qui souffrent et qui sauront apporter des améliorations à notre quotidien et au futur de nos enfants.