Transports en commun

Citalis : les grévistes prêts à tenir "le temps qu'il faudra", 80.000 voyageurs impactés

  • Publié le 19 décembre 2019 à 03:00
  • Actualisé le 19 décembre 2019 à 11:55

Alors qu'un bras de fer est engagé à Saint-Denis entre les salariés grévistes de la Sodiparc et leur direction, les 80 000 voyageurs empruntant quotidiennement le réseau Citalis doivent affronter la galère des transports. Les grévistes affirment que seul le départ du directeur général adjoint pourrait calmer la grogne sinon, ils se disent prêts à tenir "le temps qu'il faudra." (Photo rb/www.ipreunion.com)

Sous un soleil de plomb, devant le dépôt de bus de la Sodiparc au Chaudron (Saint-Denis), ils sont une centaine agglutinés contre un mur à chercher un peu d’ombre ce mercredi 18 décembre matin. Les blagues et les rires fusent, ça parle de tout, le train-train quotidien, les enfants, le boulot chaque jour plus pénible, on se charrie, l’un d’eux arrête la circulation et brandit son drapeau FO, un autre électrise la foule avec un discours qui sort des tripes et régulièrement le traditionnel "tous ensemble, tous ensemble" revigore un peu les corps lassés par la chaleur.

Un ras-le-bol général

Cependant, la légèreté ambiante est trompeuse. En toile de fond, l’inquiétude, la colère, l’épuisement physique et mental et l’impression de ne pas être entendu. Ces grévistes de la Sodiparc ont entamé un bras de fer avec leur direction, s’ils sont confiants "sinon on ne serait pas là" glisse l’un d’eux, ils savent que cela pourrait prendre du temps "on a déposé un préavis de grève illimitée, on est prêt à passer les fêtes de fin d’année ici, on est conscient, on assume" indique le représentant syndical de Force ouvrière "voire même plus !" souffle un gréviste.

Déterminés ou plutôt au pied du mur. Un ras-le-bol chronique, lancinant emprunt d’une colère sourde les a poussé dans la rue "nous constatons depuis neuf ans, une dégradation de nos conditions de travail, une dégradation de la qualité de notre réseau. Et nous voyons notre clientèle en souffrance, comme nous" explique Éric Talassia délégué syndical de l’Union régionale 974.

Ils exigent le départ du directeur général délégué

Pour les grévistes, il ne faut pas chercher bien loin pour trouver le responsable de tous les maux, ils pointent tous du doigt Jean-Jacques Fung, le directeur général délégué de la Sodiparc "quand il est arrivé, il y a neuf, la Sodiparc c’était la perfection : qualité de services, politique sociale, bien-être, cohésion, c’était une entreprise florissante, aujourd’hui, elle est au plus bas. Monsieur Fung s’est entouré de personnes qui n’ont aucune compétence dans le domaine du transport" poursuit Eric Talassia.

Le maintien ou pas de Jean-Jacques Fung à son poste pourrait changer la donne, les grévistes réclament sa démission au plus vite, c’est la première de leurs vingt-deux revendications. Et c’est non négociable, tant qu’il ne sera pas parti, le dialogue entre la direction et les partenaires sociaux ne reprendra pas.

Un mal-être au travail

Les autres revendications portent essentiellement sur les conditions de travail, des objectifs de rotations "impossibles à atteindre", des salariés "pressés comme des citrons", à qui l’on demande d’être "toujours plus productifs" et "toujours plus rentables" en résulte un profond mal-être.

Et les perspectives pour l’avenir ne sont guère réjouissantes "avec le projet Tao et le téléphérique qui sont deux grands projets de la mairie de Saint-Denis en concurrence directe avec le réseau de bus, on se demande s’il y aura encore de la place pour nous demain" s’inquiète Jimmy Boyer, le représentant syndical de Force ouvrière (FO) avant de poursuivre "monsieur Fung est en train de démanteler la Sodiparc, il fait appel à des entreprises sous-traitantes, il n’y a plus d’évolution dans les carrières, certains services sont écrémés, des gens sont remerciés après 35 années de service au sein de la société, il y a de quoi être inquiet" s’indigne Jimmy Boyer.

Un réseau au ralenti

Au milieu de tout cela, la galère des 80 000 voyageurs qui empruntent le réseau Citalis chaque jour.

Coralie a attendu son bus vingt minutes et quand il est arrivé, il était bondé mais la jeune femme est solidaire du mouvement "c’est pour une bonne cause donc je comprends" souffle-t-elle.

D’autres voyageurs accusent le coup, Tatine a attendu trois quart d’heure, elle est arrivée en retard. Sa voiture est en panne donc pas le choix "ça ne me dérange un peu mais je fais avec, pas le choix, je vais devoir prendre les transports."

Ne voyant pas arriver leur bus, certains usagers ont choisi de marcher à l’aller et d’emprunter des itinéraire alambiqué au retour, pourtant il reste solidaire du mouvement "j’étais en congé aujourd’hui mais ce n’est pas grave, ça ne me dérange pas, il faut gréver, monsieur Macron ne nous écoute pas" explique une voyageuse.

Les syndicats avançaient un taux de grévistes de 70% ce mercredi, la direction annonçait 42%. Au final, peu importe le chiffre, le réseau dionysien est au ralenti, même scénario pour ce jeudi.

La Sodiparc a d'ailleurs publié le communiqué suivant : "Citalis informe sa clientèle que des perturbations sont à prévoir ce,jeudi 19 décembre 2019, sur son réseau.

Les lignes 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12,13, 14, 15 et 16 seront concernées.

Voici les dispositions prévues pour la matinée du jeudi 19 décembre 2019 :

• Les lignes 5, 6, 7 et 8 seront en circulation, avec un renfort des services sur le TCSP entre le Mail du Chaudron et l’Hôtel de Ville de Saint-Denis pour améliorer la fréquence de passage.

• La ligne 5 sera toujours déviée en direction de l’Hôtel de Ville de Saint-Denis. Les arrêts "Parc des Expositions", "ZEC Chaudron" et "Pierre Aubert" ne seront pas desservis.

• Les lignes 10, 11,12 et 14 circuleront à raison d’1 bus sur 4.

• Les lignes 13,15 et 16 circuleront à raison d’1 bus sur 3.

Toutes les autres lignes fonctionneront normalement."

Des voyageurs qui, malgré les difficultés, semblent assez solidaire du mouvement. Les salariés grévistes de la Sodiparc affirment ne pas vouloir les mettre en porte-à-faux "c’est aussi pour eux que l’on se bat, l’année dernière, dix-sept bus roulaient sans clim, cette année, la situation est la même. Il n’est pas concevable que le client paye un ticket et n’ait un vrai service derrière" s’insurge Éric Talassia.

Le délégué syndical ajoute "depuis dix ans, l’offre est la même mais la demande a explosé, on transporte deux fois plus de personnes dans le même nombre de véhicules, l’offre n’est pas adaptée. Les bus sont bondés, les gens restent sur le carreau, les dix-neuf bus de réserve sont en panne, il y a du retard et tout cela se répercute sur les conducteurs." finit-il.

Les grévistes ont entamé un bras de fer avec leur direction, au milieu de tout cela, les usagers du réseau Citalis doivent s’attendre à ce que ces perturbations durent.

Interrogée par Imaz Press Réunion, la Sodiparc a indiqué qu’elle "répondrait très prochainement à [nos] sollicitations."

fh / ah / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
mirna
mirna
4 ans

fait kom karouest syndicat lè en ler labasapres y fait linteresant ek ti salariè