Après les annonces d'Emmanuel Macron

A La Réunion, le monde économique est (à moitié) satisfait et attend de voir

  • Publié le 15 avril 2020 à 02:58
  • Actualisé le 15 avril 2020 à 08:58

La crise sanitaire frappe de plein fouet les entreprises françaises et réunionnaises. Lors de son allocution du lundi 13 avril 2020, Emmanuel Macron a fait plusieurs annonces sur le plan économique, notamment une simplification et un accroissement des aides. Le président de la République a annoncé la prolongation du confinement jusqu'au lundi 11 mai. Ces quatre semaines de blocage supplémentaires, vont évidemment mettre beaucoup d'entreprises en difficulté. Aussi, le chef de l'Etat a détaillé de nouvelles mesures d'aides aux entreprises qui entreront prochainement en application. Les représentants de tissu économique réunionnais réagissent. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Les mesures de chômage partiel et de financement pour les entreprises sont prolongées. Les aides aux entreprises sont plus importantes et simplifiées. Les activités concernées par l’allongement du confinement, telles le tourisme, l’hôtellerie, la restauration ou l’événementiel verront leurs charges annulées. Par ailleurs, en plus du fonds de solidarité en vigueur qui permet aux entreprises éligibles de bénéficier de 1.500 €, des nouvelles mesures pourraient ainsi être annoncées lors du prochain Conseil des ministres. Enfin, si les banques participent déjà aux mesures d’aides aux entreprises à travers le prêt garanti par l’Etat, Emmanuel Macron leur a demandé de “décaler les échéances beaucoup plus massivement qu’elles ne l’ont fait“. Les assurances sont aussi appelées à faire des efforts.

Autant de déclarations auxquelles réagissent les représentants des principaux acteurs de l’économie réunionnaise.

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• Ibrahim Patel, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de La Réunion (CCIR)

Il se dit satisfait de la prolongation du chômage partiel. “Il fonctionne très bien, moi je dis bravo.” Globalement satisfait également de l’allocution du chef du président de la République, bien qu’il demande à aller encore plus loin avec la mensualisation d’une aide de 3.000 euros pour les petites entreprises de La Réunion, tant que durera le confinement. “Nous allons écrire au ministre de l'Économie Bruno Le Maire et au président de la République.” Une aide qui représenterait 300 millions d’euros.

La CCIR souhaite également une annulation pure et dure des charges pour la durée du confinement. “Nous l'avions demandé depuis le 16 mars”, rappelle Ibrahim Patel, qui regrette en outre que les banques à La Réunion ne jouent pas le jeu. “Si les banques maintiennent un position dure et restrictive, elles seront responsables de la faillite de milliers d'entreprises.”

• Bernard Picardo, président de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat (CMA)

Après l’allocution du chef de l’Etat du 16 mars et la présentation du fonds de solidarité, la CMA de la Réunion avait mené un sondage auprès de 2.300 entreprises. Plus de 9 sur 10 disaient y avoir fait appel. Seulement les critères d’éligibilité étaient particulièrement restrictifs pour les entreprises de La Réunion. “On leur demande d'être à jour de leur cotisations sociales et fiscales, or des milliers ne le sont pas encore. Pour le deuxième niveau du fond de solidarité, il faut avoir un salarié. On a aussi demandé que ce critère saute parce que 65% des entreprises artisanales à La Réunion n'ont pas de salarié.”

Pour cette deuxième salve d’annonces économiques, la CMA souhaite un plus grand assouplissement afin qu’un maximum d’entreprises y aient accès et que les aides soient cumulables. “On aura besoin de ces nouvelles mesures et qu'on tienne compte de ce qu'il s'est passé pour les premières mesures, qu'on ne répète pas les erreurs pour que ce ne soit pas que des effets d'annonce.”

La CMA de la Réunion qui déplore par ailleurs la disparition de Bernard Stalter, président de la CMA de France, décédé du coronavirus ce lundi 13 avril, à l’âge de 63 ans. “C'était quelqu'un qui était très proche des entreprises de manière générale. Il soutenait l’artisanat en Outre-mer, c’est une grande perte”, réagit Bernard Picardo.

• Eric Marguerite, secrétaire général de Force Ouvrière Réunion

“Je n'ai pas vu beaucoup d'annonces sur le plan économique. Il n'y a pas de soucis, on va continuer à aider les entreprises, mais quoi d'autre ?”, s’interroge le représentant syndical, qui se réjouit tout de même de l’attention accordée par Emmanuel Macron aux salaires des personnels soignants. Quant au reste, le doute persiste pour Force Ouvirère. “C'est un bon VRP, dans la forme il est très bon. Il a dit qu'il allait se réinventer. Quand on voit ce qu'il nous a proposé comme monde nouveau, je ne sais pas où il va nous amener.”

• Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR

À la CGTR on se soucie surtout du social, qui semble passer au second plan derrière l’économie. “À la revendication qu'il y ait un maintien de salaire pour les salariés au chômage partiel, il n'y a aucune réponse. La logique économique domine la question de la santé.” Concernant les aides, Ivan Hoareau insiste sur le fait qu’il ne faille pas oublier les petites et moyennes entreprises qui constituent l'essentiel du tissu économique de La Réunion. “Et qu’il y ait des contreparties pour les grandes entreprises qui sont aidées, éventuellement une redistribution de dividendes.” Le leader de la CGTR qui regrette d’autre part que le président n’ait pas réfuté les propos du président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, préconisant que les salariés travaillent “un peu plus” à la sortie du confinement.

• Didier Fauchard, président du Medef Réunion

Par la voix de son président, le Medef Réunion se dit globalement content de  prolongation des aides aux entreprises avec le chômage partiel et le fonds de solidarité. “Le Medef a beaucoup travaillé au national pour éliminer les trous dans la raquette, en particulier les indépendants qui sont nombreux à La Réunion.” Didier Fauchard se satisfait également qu’une date de sortie progressive de la crise ait été fixée, “un horizon pour remettre le pays en marche”, en attendant les déclinaisons opérationnelles du conseil des ministres.

Revenant sur les propos du président national du Medef, il compte sur les atouts de La Réunion pour éviter toute polémique et impasse sociale. “On a une chance incroyable qui est la capacité à bien vivre ensemble. Le Medef Réunion a toujours milité pour que nous puissions avoir un dialogue social, au plus proche des salariés. C’est là qu’on prend les meilleures décisions. Je ne crois plus aux solutions qui viennent d’en haut.”

• Frédéric Vienne, président de la Chambre d’agriculture de La Réunion

Les agriculteurs sont dans l’expectative des détails des aides supplémentaires promises, mais se félicitent surtout de la volonté de soutien à l’agriculture française énoncé par le chef de l’Etat. “C’est très intéressant, ça laisse envisager une politique agricole différente de celle d'aujourd'hui, plus concentrée sur la production locale. Pour l'instant on subit cette crise sanitaire. À nous de faire un travail pour qu’à l’avenir on soit mieux préparé à ce genre d’événement.” En attendant de connaître la nature de l’accroissement du coup de pouce financier, Frédéric Vienne ne veut pas céder à la polémique, en temps de crise. “On a tout intérêt à jouer la solidarité plutôt que de dénoncer les choses.”

• Jean-Pierre Rivière, secrétaire général de l’UIR-CFDT

Le son de cloche est le même pour l’UIR-CFDT, dont la priorité est d’assurer une vie convenable aux salariés dont le pouvoir d’achat est à la baisse. “En cette période de crise, toutes les aides sont satisfaisantes. Mon souci c’est que les aides aux entreprises servent surtout à rémunérer les salaires”, affirme Jean-Pierre Rivière. Le représentant syndical qui a également une pensée particulière les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, les premiers à devoir fermer et qui seront les derniers à pouvoir ouvrir. “ C’est aussi le cas pour le spectacle et les intermittents. Par le dialogue social, il faudra regarder ce qu’il va se passer.”

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aa / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
KUNTA KINTé
KUNTA KINTé
3 ans

Des confinés du bocal , loin de la réalité quotidienne de chacun . Une récitation répétitive où ils ne voient que leur gamelle

tribunal, depuis son mobile
tribunal, depuis son mobile
3 ans

Il passe quand au tribunal lui qu'on en finisse avec le personnage