Football

La crise aux Girondins a raison de Paulo Sousa, qui s'en va

  • Publié le 2 juillet 2020 à 23:59
  • Actualisé le 3 juillet 2020 à 05:38

Plombé par un conflit opposant ses supporters à ses dirigeants, le club des Girondins de Bordeaux a subi une nouvelle secousse jeudi avec le départ annoncé de son entraîneur Paulo Sousa.

En poste depuis mars 2019 et sous contrat jusqu'en juin 2022, le technicien portugais, âgé de 49 ans, a annoncé aux joueurs cadres de son vestiaire sa décision de quitter le club. L'information, révélée par RMC Sport, a été confirmée à l'AFP.

Lors du premier entraînement de la saison ouvert à la presse, jeudi matin, le double lauréat de la Ligue des champions, en tant que joueur, n'a pourtant rien laissé paraître sous son masque de protection.

Il a observé la séance avec ses adjoints comme il en a pris l'habitude puis s'est éclipsé avant la fin pour s'entretenir avec son directeur sportif espagnol Eduardo Macia, venu en bord de terrain.

Dans le courant de la saison, Sousa avait toutefois déclaré se poser des questions sur la gouvernance du club, géré par le fonds d'investissements américain King Street. Ce fonds est l'actionnaire unique depuis l'éviction en décembre dernier de GACP qui l'avait fait venir et séduit avec un projet ambitieux.

Sa relation avec Frédéric Longuépée, homme fort du Château du Haillan mais critiqué par les Ultramarines, principal groupe de supporters des Girondins, qui jugent sa vision avant tout "mercantile", était même devenue inexistante.

Le passage sur le banc girondin de Sousa, rarement resté plus de deux saisons dans un même club, laissera en tout cas un goût d'inachevé, avec une volonté permanente de recherches tactiques mais souvent vaines.

En 42 matches dirigés, il n'a connu que 13 fois la victoire, pour 12 nuls et 17 défaites et son équipe n'occupait que le 12e rang début mars à l'arrêt de la compétition pour cause de pandémie.

- Un départ qui en dit long -

Son départ soudain, dix jours après la reprise de l'entraînement, confirme en tout cas l'instabilité chronique qui règne depuis plus d'un an dans toutes les strates du club au scapulaire: projet sportif illisible, crise de gouvernance, ambiance délétère en interne, communication a minima, image écornée, plaintes contre Macia, nouveau logo vilipendé...

Il renforce aussi le combat mené depuis des mois par les Ultramarines. Très actifs et imaginatifs dans leur campagne anti King Street et Longuépée, ils ont reçu le soutien de fans non encartés samedi lors de leur manifestation "cri de colère" samedi devant l'hôtel de ville, ainsi que celui du nouveau maire.

L'écologiste Pierre Hurmic, opposé depuis toujours au foot business, a même effectué une entrée remarquée dans le débat le lendemain de son élection en demandant à King Street de se séparer de M. Longuépée.

"Un club ne peut pas se permettre le luxe de se mettre à dos le principal club de supporteurs et de les traiter avec un tel mépris et une telle arrogance, avec des menaces de peines pénales", avait déclaré cet avocat de formation, faisant fi de toute ingérence.

Et maintenant ? Sousa parti, que va faire son staff ? S'en aller aussi, faire la transition avec son successeur ? Comment vont réagir les cadres qui l'appréciaient unanimement ? Une drôle d'épine dans le pied.

A cinq jours de son passage devant la DNCG, "un numéro de claquettes" selon l'expression de M. Longuépée tirée des +Girondins Leaks+ qui devra quand même s'expliquer sur les 50 millions d'euros de déficit annoncé avant vente de joueurs, l'incertitude plane plus que jamais sur les bords de la Garonne.

 AFP

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