Affaire des Musées régionaux

Les Prud'hommes valident le "motif économique" pour l'un des agents licenciés en 2018

  • Publié le 15 juillet 2020 à 11:34
  • Actualisé le 15 juillet 2020 à 12:15

Courant 2018, six cadres et trois agents des Musées régionaux ont été licenciés par la direction. Le motif invoqué : "économique". La Chambre régionale des comptes s'était étonnée de ces licenciements à tour de bras, suite à de larges dépenses entreprises par la direction des musées. D'anciens salariés ont tenté un recours devant les Prud'hommes, estimant leur licenciement abusif. Pourtant le 12 juin le conseil a donné raison aux Musées régionaux en validant le motif économique pour l'un d'entre eux. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Dans un document qu'a pu consulter Imaz Press, le Conseil des Prud'hommes de Saint-Pierre donne raison à la direction des Musées régionaux.

Comme d'autres anciens salariés des musées, un agent, remercié en janvier 2018, avait saisi le tribunal pour contester son départ. L'agent en question travaillait aux Musées régionaux depuis novembre 2013. Comme lui, huit autres salariés ont été licenciés durant l'année 2018.

Le 12 juin, les Prud'hommes rendent leur jugement concernant le plaignant : le motif du "licenciement économique" est validé.

"Le Conseil constate le déficit des exercices 2016 et 2017, pour des montants respectifs de 52.000 euros pour l'année 2016 et de 482.058 euros" peut-on lire dans le jugement.

Plusieurs difficultés économiques sont citées par le conseil : "augmentation des charges d'exploitations, de personnel, mais également la baisse considérable des subventions d'exploitation de la part de la Région Réunion, principale actionnaire de la SPL".

Le conseil reconnaît alors "le bien fondé du motif économique de licenciement". A partir de là, la réintégration jusqu'ici réclamée de l'ancien salarié n'est pas validée. L'indemnité compensatrice lui est refusée, tous comme les dommages et intérêts réclamés. Le remboursement des frais engagés pour sa défense est également refusé et ceux-ci restent à sa charge. L'agent est donc débouté de l'ensemble de ses demandes.

- "Licenciement économique" contre 6.800 euros de salaire -

Un jugement qui peut surprendre au regard de l'affaire des Musées régionaux, qui va au-delà des licenciements de 9 salariés. Car si ces anciens agents ont saisi les Prud'hommes c'est aussi et surtout suite aux dépenses de la direction, ne semblant pas aller dans le sens des "difficultés économiques" cités ci-dessus.

En effet le 8 novembre 2018, Imaz Press révélait le salaire que touchait Didier Robert pour le poste de directeur général de la SPL : 6.800 euros nets par mois. Une somme que le président de Région s’était vu octroyé par le conseil d’administration de la société publique locale.

Une révélation quelques jours avant le début du mouvement des gilets jaunes, contre les injustices et la vie chère. Le "rends l’argent Didier" était sur beaucoup de lèvres et pancartes en cette période.

La Chambre régionale des comptes (CRC) avait fini par rendre son rapport public et confirmait ce qu'affirmait déjà Imaz Press : un salaire en augmentation de 52 % pour Didier Robert, par rapport à son prédécesseur, et "sans autorisation du Conseil d’administration de la SPL" selon la chambre.

La Chambre régionale des comptes (CRC) avait finalement décidé de porter l'affaire dès le 20 septembre devant le parquet de Saint-Pierre, lequel a ouvert le 10 octobre une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics et recel de détournement de fonds publics. Il était notamment question des "procédures de recrutement" jugées "opaques" et du salaire de Didier Robert.

Le 30 novembre 2018, interrogé à la préfecture par Imaz Press, le président de Région déclarait qu'il démissionnait de son poste.

- Didier Robert bientôt fixé sur son sort -

Autant d'éléments qui tranchent avec le jugement des Prud'hommes, qui semble ne statuer ici que sur le licenciement économique, sans mise en relation particulière avec l'enquête en cours visant le salaire de l'ancien président.

Rappelons que deux autres agents, "protégés", ont pu déjouer leur licenciement. Leur rupture de contrat devait faire l'objet d'une procédure administrative devant un Inspecteur du travail.

Didier Robert a une nouvelle fois été interrogé sur cette affaire par les gendarmes de la caserne Vérines à Saint-Denis mercredi 1er juillet 2020.

Le mardi 24 septembre, le président du Conseil régional avait déjà été entendu en audition libre pendant 7 heures. Il devrait maintenant être rapidement fixé sur son sort. Le procureur de Saint-Denis va décider prochainement de son renvoi ou non devant le tribunal correctionnel.

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mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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5 Commentaires
incapable, depuis son mobile
incapable, depuis son mobile
3 ans

Incapable de sauver l.emploi de 6 personnes en 2018 , il veut sauver l.economie local post covid .... Macron a prévu 100 milliards . Combien pour le Macron pei ? Ça sent les élections régionales ... après le pop pour les étudiants , la continuité territoriale maintenant les bons pour les entreprises ... monsieur ne regarde pas à la dépense mais c est un très bon gestionnaire parait il . Regarder la Nrl , le cimendef ....

Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Avec ce que touche mr Robert par ailleurs, il aurait pu en lâcher un peu pour ce salarié ...
Mais non, plus ils en ont, plus ils en veulent ...

Pistole à gogo
Pistole à gogo
3 ans

Ça ne tient malheureusement pas la route! Il a un super salaire de 6800 euros et on licencie pour motif économique.... un peu comme les motifs de restriction budgétaire à la region.... 1000 jours pour les destructeurs - 1 jour pour Dieu suffit ! Attendons

Tous pourris
Tous pourris
3 ans

A quand un tribunal intégre ? Avec un salaire de 6800â"¬ net / mois c'est ni plus ni moins qu un emploi fictif ... dr s'était déjà gavé à la Spl maraina puis rmr ... Vive les gilets jaunes sinon il aurait continué jusqu en 2021 ...

SOWETO
SOWETO
3 ans

Comment peut-on évoquer un motif économique quant après le licenciement de cet agent Monsieur Didier Robert s'installe comme Directeur de la SPL des musées pour un salaire de 6800 euros par mois avec effet rétroaction de plus de 100000 euros et il a dit qu'il a placé cette somme sur un compte séquestre qui n'existe pas. Elle ne pas belle la vie.