Internet - Débats et polémiques

Déploiement de la 5G : révolution technologique pour les uns, danger sanitaire pour les autres

  • Publié le 23 septembre 2020 à 03:00
  • Actualisé le 23 septembre 2020 à 06:35

En France, la 5G est prévue pour la fin de l'année. Mais de nombreux opposants pointent du doigt une précipitation alors que l'étude définitive de l'Anses, demandée par le gouvernement, n'est pas encore parue sur le sujet, ne permettant pas de définir clairement les effets de la 5G sur la santé et l'environnement. Du côté des grandes entreprises et des opérateurs, on se réjouit de cette avancée technologique, un prolongement de la 4G déjà en place, qui pourrait permettre de développer de nouveaux services dans les domaines du transport, de la santé ou l'industrie. Voici donc à ce jour ce que l'on sait et ce qu'il reste à savoir à propos de la 5G. (Photo d'illustration AFP)

• Ça veut dire quoi 5G ?

La 5G - pour cinquième génération - succède à la quatrième génération, communément appelée 4G. Deux petits caractères qui s'affichent sur nos téléphones quand nous nous connectons à internet.

Un sigle qui joue sur la rapidité de chargement, car la quantité de données échangées est beaucoup plus importante et fonctionne avec moins d'encombrement, comme l'explique l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail).

Pourquoi vouloir allez toujours plus vite ? Pour les professionnels surtout, car cette avancée technologique pourrait permettre aux entreprises de développer de nouveaux services. Selon l'Anses, cela concerne des domaines variés, déjà à l'étude comme "la réalité virtuelle, les transports et villes intelligentes, l’industrie du futur, la télémédecine, l’éducation en ligne".

Or ce qui inquiète les "anti 5G", c'est la fréquence des ondes émises et leur impact sur la santé et l'environnement.

En France, la 5G pourrait être déployée fin 2020, et Emmanuel Macron a clairement exprimé son intention de la mettre en place le plus rapidement possible.

• La bourde du président

Le Président de la République n'a d'ailleurs pas fait dans la dentelle lors qu'il a parlé de la 5G lundi 14 septembre… Face aux entrepreneurs de la "French Tech", le chef de l'Etat a tenté un petit trait d'humour à propos des "anti 5G" à savoir en grande partie les militants écologistes.

"Oui la France va prendre le tournant de la 5G parce que c'est le tournant de l'innovation. Et j'entends beaucoup de voix qui s'élèvent pour nous expliquer qu'il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile. Je ne crois pas au modèle amish. Et je ne crois pas que le modèle amish permette de régler les défis de l'écologie contemporaine."

Réaction immédiate sur le plan national de la part des élus écologistes qui n'ont pas apprécié cette sortie. "Emmanuel Macron a fermé le débat avec arrogance et mépris, comme si la notion de progrès était une fois pour toutes arrimée au consumérisme et à la sacro-sainte compétitivité" a fustigé la députée LFI Clémentine Autain.

Le président d’UFC-Que Choisir (national) Alain Bazot invective le président dans un billet publié sur le site de l'association : "N’est-il pas possible de défendre un moratoire sur la 5G, en se référant à l’idée toute simple, mais peut-être trop passéiste pour le Président de la République, qu’il convient d’attendre quelques mois le rapport de l’Anses sur les effets sanitaires de la 5G, rapport précisément commandé par… le gouvernement".

Lire aussi : Le gouvernement cherche à rassurer élus et citoyens sur l'innocuité de la 5G

• Des études encore incomplètes

Le gouvernement a en effet saisi l'Anses dès février 2019 afin de mener une étude sur les effets sanitaires de la 5G. En début d'année 2020, l'agence a publié des premières estimations qui restent préliminaires en attendant un rapport définitif.

Or elle pointe elle-même un "manque de données scientifiques" l'empêchant de fournir des conclusions plus détaillées. "L’Anses souligne la nécessité d’obtenir le maximum d’informations de la part des industriels impliqués afin d’estimer au mieux les scénarios d’exposition et d’anticiper les éventuels risques pour les populations" indique elle-même l'agence.

• Quels risques pour l'humain ?

Dans son rapport préliminaire de 74 pages, l'Anses explore toutes les questions liées à la 5G en indiquant que "deux nouvelles bandes de fréquences vont être utilisées. Tout d’abord la bande 3,5 GHz, puis la bande 26 GHz".

L'Anses le dit : les variations de fréquences change le "mode d'interaction des ondes électromagnétiques avec le corps humain". Concrètement, les ondes en question peuvent provoquer un échauffement des tissus de notre peau. C'est ce qui inquiète les opposants à la 5G.

En soi la bande 3,5 GHz s'approche de la fréquence utilisée pour les communications Wi-fi qui est de 2,45. Ce qui préoccupe davantage l'Anses ce sont les signaux 5G qui vont être utilisés par le biais d'antennes pouvant changer le niveau d'exposition. "Les puissances instantanées seront donc plus importantes, mais théoriquement plus limitées dans le temps et dans l’espace, ce qui modifiera les schémas d’exposition des utilisateurs. Par conséquent, les méthodes de mesure devront être adaptées, afin de préciser l’exposition du public" écrit l'agence dans son rapport.

Pour ce qui est de la deuxième fréquence, de 26 Ghz, l'Anses donne l'exemple des scanners corporels qui tournent autour de 24 Ghz ce qui permet d'avoir un ordre d'idée.

Le travail de recherche en est encore à ses balbutiements. Plus spécifiquement sur cette fréquence élevée de 26 Ghz, l'Anses note un "manque de documentation sur des effets biologiques et sanitaires des ondes électromagnétiques dans cette gamme de fréquences".

• Discorde à La Réunion

A l'échelle de La Réunion, les questions sont vives alors que La Réunion devait être le premier département des Outre-mer à tester la 5G.

Des expérimentations devaient d'ailleurs être menées par Orange dès septembre 2019 à Sain-Denis. Celles-ci sont finalement décalées à fin 2020 le temps que la 5G soit validée sur le plan national, voire 2021.

Du côté des militants écologistes péi, le mouvement Génération écologie Réunion ne cache pas son scepticisme vis-à-vis d'un dispositif jugé inutile. Le mouvement demande d'ailleurs un moratoire public concernant le déploiement de la 5G en Outre-Mer. Une démarche soutenir par le mouvement Attac Réunion.

5G à La Réunion : nous demandons un moratoire pour une étude sanitaire et la consultation de la population

Publiée par Génération Ecologie Réunion sur Samedi 25 avril 2020

Le porte-parole de "l'Association initiatives dionysiennes" (AID), Bruno Bourgeon, lui aussi s'élève régulièrement contre le déploiement de cette nouvelle technologie. "Ce n’est pas seulement à la 5G que nous nous opposons, mais à un projet de société qui ne cesse de provoquer la dévastation du vivant" écrit-il dans une tribune libre.

Lire aussi : La 5G accessible à tous : une bonne (hum !) nouvelle

Dès le mois d'avril une pétition du Rassemblement des écologistes réunionnais a été mise en ligne contre le déploiement de la 5G à La Réunion. A ce jour, elle compte plus de 2.600 signatures.

Pas plus tard que ce vendredi 18 septembre, la députée Nathalie Bassire a affirmé elle aussi se préoccuper de la 5G, et indique avoir reçu des réponses claires de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.

Lire aussi : Déploiement de la 5G : "de nombreuses questions restent encore à soulever"

"Cette technologie, qui n’est rien de plus qu’une évolution de la 4G, n’a pas été assez étudiée par les organismes de recherches, pour permettre d’affirmer, qu’au-delà de certaines fréquences, les ondes ne représentent aucun danger pour la santé et l’environnement" s'interroge la députée.

"En réponse à ma question, Madame Barbara Pompili a garanti que dans un premier temps, seules les fréquences bien connues et étudiées seraient émises par les antennes. A contrario, les fréquences dont l’impact n’est pas maîtrisé, ne seront pas mises sur le marché avant conclusion des experts et une étude sérieuse" ajoute-t-elle.

Une garantie précieuse, dont les anti 5G ne manqueront pas de s'assurer.

mm / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
valentin
valentin
3 ans

moratoire justifié, car la question de l'électrosensibilité ou hypersensibilité électromagnétique (EHS) est depuis quelques temps croissante dans les discussions. Par ailleurs, une récente actualité juridique a remis le sujet à l'ordre du jour en ce qui concerne l'électrosensibilité et sa reconnaissance dans le monde du travail : https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectives-organisation-ergonomie/rayonnements/electrosensibilite-et-reconnaissance-dans-le-monde-du-travail

ZembroKaf
ZembroKaf
3 ans

Certains en France prônent "la prudence"...alors que la 5G se déploient de plus en plus en Europe et dans le monde !!!A quand le retour...aux "signaux de fumée" des...apaches...et là certains vont dire qu'il y a "pollution dans l'air" lol !!!

ComAnd
ComAnd
3 ans

De plus la convention citoyenne demandée par E Macron stipulait bien dans ses conclusions (acceptées à l'époque par notre président) un moratoire sur tout déploiement de las 5G...! Encore un engagement non tenu ! Ce bouleversement technologique doit-il s'imposer à nous sans aucune réserve sanitaire, éthique ou écologique ?

ComAnd
ComAnd
3 ans

Encore une fois un écart de langage inacceptable de la part d'un "président" de la république..Qu'a t-il donc contre les Amish et la lampe à huile ? Il ne sait plus d'où il vient et manifestement ne sait pas où il va et pire il veut nous entrainer avec lui !!! Stop à cette volonté unilatérale de nous imposer une 5G inutile sans même avoir demandé son avis à la population !!