Tribune libre de Jean-Philippe Desby et Anthony Dobi

"Il est sans doute temps de repenser à notre vivre ensemble"

  • Publié le 24 septembre 2020 à 15:35

L'organisation de la législative partielle à La Réunion (circonscription n°2/La Possession, Le Port et Saint-Paul en majeure partie : plus de 96 milles inscrits), clôture des candidatures le vendredi 28 août 2020, à la suite de la vacance du poste de député (refus du remplaçant du titulaire/engagements pris pourtant en juin 2017). La crise COVID-19 n'a pas permis de mener une campagne à peu près normale (rencontre entre les 14 candidats et la population du secteur concerné). Il s'agit en réalité de beaucoup plus qu'une continuité constante de progression de ce qu'on appelle l'abstention (85 % environ). Ce rendez-vous, manifestement manqué, du citoyen à la participation de la représentation au sein de notre démocratie (Assemblée nationale concernée directement), mais aussi au fonctionnement des institutions, accentue la déchirure déjà profonde entre le peuple et les dirigeants au pouvoir.

Plus que jamais l’expression démocratique est irréfutablement largement confisquée par des appareils de plus en plus minoritaires (dont le poids est encore plus prégnant dans un département où persistent autant d’inégalités sociales et l’emprise des maires est une réalité tangible et palpable dans tous les interstices de notre monde insulaire/dépourvu d’industrie lourde). Être un parlementaire de la nation tout entière avec seulement une infime fraction de l’électorat (7,35 % au premier tour) pose indéniablement la question de la légitimité dans notre État-nation.

Par ailleurs, les médias et autres vecteurs modernes d’information et de communication ont aussi participé à cette entreprise de désintéressement de cet instant qui marquera de façon indélébile l’effondrement de la nation et de  notre modèle de l’État-unique.

La source du pouvoir étatique ne se trouve plus dans le peuple, mais davantage dans un modèle mathématique réducteur. Ce glissement accéléré nous conduit vers un demain sombre pour destin pour La France (dont La Réunion en fait bien sûr partie, avec toutes ses spécificités).

Il est sans doute ultimement temps de repenser à notre vivre ensemble.

Les rares contacts directs que nous avons pu difficilement avoir avec une quantité infinitésimale de ses 96 milles électeurs traduisent fidèlement ce pouls qui ne demande qu’une seule chose : réinventer un système de représentation qui porte un projet de société sous-tendu par la volonté et les attentes du peuple souverain. La Constitution modifiée d’octobre 1958 ne permet plus de maintenir le lien entre les dirigeants et les Français.

Toutefois, le droit de vote reste le seul moment où chaque citoyen existe. Son usage ne devrait plus être facultatif… Nous remercions les 28 électeurs.

Jean Philippe Desby (cadre A, FPT) & Anthony Dobi (ingénieur en biologie)

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