Tribune libre d'Yvette Duchemann

Journée internationale de la langue et culture créole

  • Publié le 26 octobre 2020 à 11:42
  • Actualisé le 26 octobre 2020 à 11:43

Merci de m'avoir apporté l'équilibre en me transmettant les réponses dont j'avais besoin, moi, comme tant d'autres filles et garçons réunionnais. À cette époque, dans les années 70/80 la politique réunionnaise très doudouiste, tentait encore de nous obliger à croire, même l'église s'y mettait, que nous étions de pauvres petits Créoles qui causaient un patois QU'IL NE FALLAIT SURTOUT PAS UTILISER EN DEHORS DE LA MAISON. Et SURTOUT PAS A L'ECOLE. On se souvient de la fameuse phrase : " Il faut fusiller le créole. "

A cette époque, des hommes et des femmes se sont élevés pour dire NON, pour dire en fait QUE NOUS EXISTIONS et que nous étions nous avec une histoire particulière, une Histoire ravagée, une épopée, des continents mélangés sur cette petite île.

Oh, cela n’a pas été simple pour certains, il y a eu des dépressions, des folies, des coups de matraque, des échecs scolaires, des illettrés honteux et " muets ", des ordonnances Michel Debré, des suicides, des errances alcooliques, des noms marqués au fer rouge par nos dirigeants eux mêmes.

En vouloir à ceux qui voulaient faire de moi une vraie petite métropolitaine? Comment leur en vouloir? Tout se pratiquait à l’aune de notre prestigieuse langue française.  Et la diglossie avait bien fabriqué soit :
- un sur/amour pour tout ce qui relevait du bon français et de sa culture et donc la haine de soi 
- ou soit le déni de cette langue réunionnaise, qui pauvre langue, qui née du multilinguisme local de cette époque et sous le régime local de l’esclavage, était devenue la langue  à bannir notamment et surtout à l’école.
Beaucoup ont résisté et sont entrés en maronaz linguistique et culturel. Certains ont fini par être reconnus et certains sont toujours dénigrés et traités de dangereux agressifs…Ceci parce que la vérité est dite ?

Ces temps ne sont pas loin. Nous sommes en 2020. Nous avons fait des  pas moyens. Tout reste encore à faire pour que le Réunionnais soit fier de son héritage pluriel, de sa culture et de sa langue. Un bel  héritage unique au monde. Notre plus grand ennemi demeure nous mêmes.  Nos décisions politiques à  propos de notre plurilinguisme doivent aujourd’hui être claires  pour tous, doivent être franches, doivent être efficaces pour que la population réunionnaise puisse être enfin sereine, à l’aise dans ses langues. C’est aussi ce que préconise l’Europe depuis longtemps et dont la France  n'a pas tenu compte. 
Alors, je leur dis merci, à toutes celles et ceux qui malgré l'oppression qui fut exercée sur eux, ont su parler, écrire, vivre pou vanz nout lang pour nous, pour nos enfants, pour le monde entier.

Merci à : Boris GAMALEYA, Anne CHEYNET, Daniel HONORÉ, Louis-Emile HERY, MaryLine DIJOUX, Alain ARMAND, Monique SEVERIN, Sully ANDOCHE, Rose May LACPATIA, LO RWA KAF, Monique PAYET, Firmin LACPATIA,
Axel GAUVIN, Clélie GAMALEYA, Gramoun LÉLÉ,  Julienne SALVAT, Expedit VIENNE, Paulo BRIGY, Soubaya Luçay PERMALNAICK, Marie-Josee HUBERT DE LISLE, Mickael CROCHET, Jean ALBANY, Jules BENARD, Bernadette LADAUGE, Gerard CHOPINET,Franswa BAPTISTO, Rose May NICOLE,

Daniel SINGAINY, Alain PETERS, Celine BOYER, Patrice TREUTHARD, Roger LAVERGNE, Jean Henri AZEMA, Georges FOURCADE, Benoite BOULARD, Daniel LAURET, Georgy LAMVOHEE, Daniel VAXELAIRE,  Dév VIRASAWMY, Danyel WARO, Loulou PITOU, Lambert-Félix PRUDENT, Narmine DUCAP, Christian FONTAINE, Roger THEODORA, Simone SCHWARZ-BART, Raoul LUCAS,

Jean-Claude CARPANIN MARIMOUTOU, Raymond LUCAS, Robert CHAUDENSSON, Christian BARRAT, Pierre CELLIER, Robert CHAUDENSON, Léopold Sédar SENGHOR, Aimé CESAIRE, DAMAS, Guy TIROLIEN, Maryse CONDÉ, etc.

Je vous prie de m’excuser, vous, les hommes, femmes acteurs au quotidien et que je n’ai pas cités.  J’en oublie beaucoup mais le respect est présent.
À toutes  ces femmes et ces hommes, citoyens humbles qui nous ont ouverts leur coeur et qui continuent à le faire pour l’amour des Habitants de notre île, pour nous faire grandir : en ce 28 octobre 2020 : ni di azot MERSI.

Yvette Duchemann
Elue écologiste
Nartrouvangalizaz

guest
2 Commentaires
Justin
Justin
3 ans

Elle maîtrise bien le français Yvette. C'est sûrement grâce au créole.

la vérité si je mens !
la vérité si je mens !
3 ans

En vacance prolongées , cette individue se réveille de sa sieste en parlant à elle même !