
Le président de Région semble avoir été refroidi par la condamnation prononcée par le tribunal correctionnel à l’encontre de son 1er vice-président et maire de Saint-Philippe, Olivier Rivière. En effet, poursuivi pour prise illégale d’intérêts après avoir perçu une rémunération trop élevée en tant qu’élu, il a été condamné ce jeudi 29 octobre à 6 mois de prison avec sursis et à 3 ans d’inéligibilité
Oivier Rivière a fait appel de ce jugement. En attendant de savoir le sort qui lui sera réservé, les regards se tournent donc vers un autre dossier sensiblement similaire.
Didier Robert est en effet poursuivi pour des faits supposés de prise illégale d’intérêts, d’abus de biens sociaux et de concussion supposément commis à l'encontre de la SPL Réunion des Musées Régionaux dont il était le président directeur général.
Les multiples griefs sont rappelés dans la convocation du tribunal.
La liste est longue. Il y a d'abord l'augmentation de salaires supposée injustifiée au profit de sa responsable des finances, et amie, signature d’un avenant au contrat de travail de cette même responsable le 1er janvier 2017, moins d’un mois avant la signature de sa rupture conventionnelle pour un départ effectif le 1er avril 2017
Vient ensuite l'usage "de mauvaise foi, des biens de cette société (la SPL - ndlr) qu'il savait contraire à l'intérêt de celle-ci à des fins personnelles en l'espèce en percevant une rémunération nette de 6.800 euros par mois sans autorisation du Conseil d'administration de la société" et alors que la société traversait une crise économique justifiant plusieurs licenciements".
La convocation porte aussi sur la perception "des jetons de présence d'un montant unitaire de 500 euros et représentant une somme totale de 5.500 euros", et ce, "à des fins personnelles". Il est aussi reproché au président de Région la participation au vote portant "sur la rémunération maximale susceptible de lui être octroyée" et d’avoir "présidé et voté les délibérations du conseil d'administration et de l'assemblée générale de la SPL RMR alors qu'elles portaient sur la fixation de sa rémunération" en juillet et novembre 2018.
Le dernier grief porte sur la non déclaration de ses revenus en 2017 auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
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Tout cela fait suite à un rapport de la Chambre régionale des comptes épinglant certaines pratiques de la structure, ce qui avait provoqué l’ouverture d’une enquête préliminaire pour des faits supposés de détournement de fonds publics et de recel de détournement de fonds publics.
Didier Robert devait donc entrer dans l’arène judiciaire le 19 novembre prochain, pour défendre son " sérieux " et sa " rigueur " dans son travail à la tête de la SPL. Cela, grâce à des avocats qui seront rémunérés par la SPL elle-même, comme le révélait Imaz Press Réunion le 13 octobre dernier.
Mais ce procès devrait en toute vraisemblance être reporté à une date ultérieure. C’est en tout cas le sens de la demande que devrait faire le président de Région. Une demande à double tranchant.
Elle aura en effet le mérite de permettre à Didier Robert de gagner un peu de temps pour préparer sa défense, à la lumière de la condamnation de son collègue Olivier Rivière. Mais, si report il y a, il est fort à parier que le procès n’aura pas lieu d’ici la fin de l’année, ni en janvier, ce qui ouvre notamment la possibilité d’un procès en février ou mars 2021, soit en pleine campagne pour les régionales, si ces dernières sont maintenues.
Une telle perspective pourrait être un sérieux caillou dans la chaussure du président de Région. Un procès en pleine campagne ne fait jamais de bien à un élu qui prône "rigueur et sérieux, cela fait forcement désordre...
Surtout qu'au moins deux enquêtes préliminaires impliquant la collectivité régionale sont toujours en cours... (ici, ici et là)
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