Bilan 2020

Saison des baleines : 54 spécimens identifiés par Globice cette année

  • Publié le 19 novembre 2020 à 16:25

Peu de baleines à bosse ont été observées pour cette saison 2020 et Globice en donne la preuve avec son bilan définitif. La météo, peu favorable, n'a pas aidé les équipes dans leur travail d'identification. Seuls 54 spécimens ont été identifiés de juin à octobre. L'an dernier Globice en recensait 91, et en 2018, 292. Nous publions ci-dessous les principales observations de l'association. (Photo Globice)

54 : c'est le (petit) chiffre de baleines identifiées cette année. En 2018, année exceptionnelle pour l'observation des cétacés, 292 spécimens avaient été recensés. L'an dernier, ce chiffre s'était déjà abaissé à 91. "L’effort de prospection de Globice cet hiver austral a pâti de conditions météorologiques particulièrement peu propices aux sorties en mer (épisodes de fortes houle, vents forts réguliers). 101 sorties en mer, équivalentes à 365 heures de prospection, ont malgré tout pu être programmées sur la saison grâce notamment à l’implication des capitaines et bénévoles de Globice" note l'association. Les 54 baleines ont été observées entre juin et octobre.

Sans surprise, à travers une carte de fréquence d'observation, on constate que ce sont les mêmes zones qui permettent d'observer le plus de cétacés : dans le sud vers Saint-Pierre et principalement dans l'ouest au large de Saint-Gilles - Boucan Canot - le Cap Lahoussaye...

Bien qu'il soit difficile de dire avec précision les raisons pour lesquelles les baleines se font plus rares certaines années, Globice tente d'élucider ce mystère. "Plusieurs hypothèses ont été émises comme l’impact de la quantité de nourriture disponible sur la migration ou l’utilisation d’autres zones de reproduction d’une année sur l’autre. (...) La piste étudiée est celle d’un lien entre l’abondance de krill (source principale d’alimentation des baleines à bosse) en Antarctique et la capacité des baleines à bosse à migrer vers les eaux chaudes pour mettre bas et s’accoupler."

Des modélisations ont montré "une influence potentielle de la concentration en chlorophylle A en Antarctique, sur la fréquentation des baleines à bosse à La Réunion 30 mois après. A la base de la chaine alimentaire, la chlorophylle A constitue la principale ressource alimentaire et énergétique du krill consommé par les baleines. Ainsi, de faibles concentrations en chlorophylle A pendant les étés australs de 2012/2013 et 2013/2014 dans différentes zones Antarctique pourraient expliquer, du moins en partie, le faible niveau de fréquentation des baleines à bosse observé à La Réunion, et plus généralement sur les sites de reproduction du Sud-Ouest de l’océan Indien, en 2015 et 2016." C'est ce qui aurait pu se passer en 2019 et 2020.

- Beaucoup de baleineaux -

Globice a observé une hausse des couples mère-baleineau : "avec près de 54% des observations dans ce cas de figure, la saison 2020 est l'une des saisons où le plus de couples mère-baleineau ont été observés depuis 2004" remarque l'association. A contrario, les groupes compétitifs, composés de deux mâles au moins poursuivant une femelle en vue de s'accoupler, se sont faits rares.

Pouur finir, cette saison est proche de 2012 : une première baleine a été identifiée dès la mi-mai (à Saint-Leu), les signalisations ont été plus nombreuses en juillet, le pic d'observations a été fait les trois premières semaines d'août (comme en 2019) et les couples mère-baleineau étaient visibles jusqu'à mi-octobre.

"Le catalogue de photo-identifications que Globice gère et enrichit chaque saison à La Réunion compte, pour la période 2001-2019, 1.663 individus différents, identifiés d’après leur nageoire caudale. Sur ces 1663 baleines à bosse, seuls 44 individus ont été observés sur au moins deux années, ce qui montre un taux de fidélité très faible au site de La Réunion" précise encore Globice. "Cette saison 2020 s’avère globalement dans la moyenne en termes de "recaptures photographiques" avec le retour de 5 baleines : Uvale, Nairobi, Jigsaw, (toutes trois observées en 2017), Rhum (déjà photoidentifiée en 2009 et 2011) et Phlegmont (photoidentifiée en 2018)."

L'association a également travaillé sur le chant des baleines, avec aujourd'hui 2.000 heures d'enregistrements sous-marins à traiter. "Malgré la perte d’un hydrophone et des chants enregistrés en début de saison début Juillet suite au passage d’une forte houle, près de 2000 heures d’enregistrement ont pu être collectées entre le 13 juillet et le 14 octobre. Elles seront analysées et comparées avec celles collectées dans les autre sites d’études par l’équipe scientifique de Globice" ajoute l'association.

Quant au programme Miromen II, visant à aposer des balises Argos sur le dos des baleines, il a été chamboulé par la crise Covid. Déjà en 2019, "la très faible présence de baleines en septembre cette année-là, couplée à la forte affluence sur les rares cétacés visibles, n’avait en effet pas permis à Globice de déployer les 15 balises Argos tel qu’envisagé". Celles-ci, bloquées aux Etats-Unis cette année à cause de la crise sanitaire, n'ont toujours pas pu être posées cette année. "Globice prévoit donc de reconduire Miromen II en 2021 afin de finaliser ce programme d’étude des trajets retours entre l’océan Indien et les sites de nourrissage en Antarctique."

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