Une réforme "précipitée" et "contre-productive"

Force Ouvrière dénonce la fusion des secrétariats des services publics

  • Publié le 7 janvier 2021 à 14:48
  • Actualisé le 7 janvier 2021 à 14:52

La confédération générale du travail Force ouvrière tire la sonnette d'alarme contre la fusion des différents secrétariats des services publics de l'Etat ce jeudi 7 janvier 2021. Pour les syndicalistes, cette mutualisation, en plus d'être responsable de suppression de postes, va entraîner des difficultés pour les agents à assurer le bon fonctionnement du service public (photo vc/www.ipreunion.com)

"Chez Force Ouvrière, les revendications ne sont pas confinées" lance Jean-Paul Paquiry, secrétaire adjoint de l’union départemental FO de La Réunion. La confédération intersyndicale s’attaque en ce début d’année à la fusion des différents secrétariats des services publics entrée en vigueur le 1er janvier 2021.

Leur volonté est claire : "nous souhaitons mettre en avant un projet qui n’est pas forcément connu et lisible du grand public, celui de la création des secrétariats généraux communs au niveau des directions territoriales de l’Etat". Cette réforme "aura des conséquences pour le service public et donc pour le citoyen, c'est pour cela que nous chercherons à la mettre en lumière" explique en substance Naïzil Nizaraly, secrétaire général de la fédération environnement transports et service Force Ouvrière de passage sur l’île.

Cette démarche s’inscrit dans le "cadrage général de la gouvernance actuelle, avec notamment le projet Cap 2022 (comité d’action publique 2022)" explique le secrétaire général d’origine réunionnaise installé en métropole. D’après Naïzil Nizaraly, l’objectif du gouvernement est de "supprimer des emplois dans la fonction publique".

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- Une réforme "précipitée" malgré le contexte sanitaire -

Outre la réduction du nombre d’agents, Force Ouvrière dénonce "la précipitation de la mise en œuvre de cette réforme". Selon la confédération, "depuis le 1er janvier 2021, on a des services administratifs et supports qui sont mutualisés ce qui génère une désorganisation". Les syndicalistes critiquent la position du gouvernement : "malgré la situation sanitaire qui n’est pas réglée, le chef d’Etat et les ministres ont décidé de passer cette réforme coûte que coûte au 1er janvier alors que rien n’était prêt". "Ils auraient pu attendre, ce n’était pas urgent" ajoute Naïzil Nizaraly.

A La Réunion, sept services sont concernés par la mutualisation de leurs secrétariats : la direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Dieccte), la direction des affaires culturelles (Dac), la direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS), la Préfecture, la direction de l’aménagement et du logement (Deal), la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Daaf) et la direction de la mer du sud de l’océan Indien (DMSOI).

167 agents auraient dû intégrer le secrétariat général commun (SGC), mais après arbitrage au niveau du ministère de l’Intérieur, ce nombre a été réduit à 150. "De ce fait il y a aura moins de personnel pour assurer la vie quotidienne des directions" explique Naïzil Nizaraly. "Sur les 17 postes manquants, certains vont disparaître, d’autres sont occupés par des personnes qui partiront prochainement et d’autres vont avoir des mobilités à court terme ou à moyen terme" précise-t-il.

Pour le secrétaire général, cette transformation du système va engendrer "des souffrances pour un certain nombre d’agents publics, qui aura des conséquences sur le fonctionnement global des directions d’Etat".

- A La Réunion, un risque de "mobilité forcée" -

A La Réunion, une autre menace pèserait sur les épaules des agents selon Jean-Paul Paquiry, secrétaire adjoint de l’union départemental FO de La Réunion, celle de "la mutation vers la Métropole". Si certains agents des services réunionnais acceptent de rejoindre ce nouveau secrétariat, d’autres ne le souhaitent pas "car les conditions sont différentes et le travail peut changer". Pour Naïzil Nizaraly, "on sent une pression qui est celle de forcer la main à ces agents en brandissant la menace d’une mobilité forcée, y compris vers la Métropole alors que la règle prévoit qu’il faut trouver une solution locale" dénonce le syndicaliste.

Force ouvrière dit "voir une crise sociale arriver au niveau national". "On constate que beaucoup de choses se passent dans plusieurs secteurs, que ce soit au niveau du transport aérien, du nettoyage et de la prévention sécurité ou dans le public ou les réformes et contre-réformes s’enchaînent. Une crise sociale se profile et il est nécessaire de prévoir une initiative interprofessionnelle : à se battre chacun de son côté on peut patiner, en étant solidaires, tous ensemble, on peut changer les choses" conclut Naïzil Nizaraly.

vc/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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