Urbanisation sur le littoral Ouest

Le bord de mer suffoque (parfois) sous les constructions

  • Publié le 10 septembre 2022 à 10:13

Le jeudi 8 septembre 2022, l'épineux dossier du restaurant Planch'Alizé était sur la table du conseil municipal de Saint-Paul Comme attendu, la municipalité a annoncé le recul du restaurant pour le mettre en retrait de la plage. L'établissement y sera reconstruit, mais sur une surface plus petite. Ce nouveau dossier des restaurants de plage n'est pas sans rappeler l'épisode des paillotes détruites sur le littoral Ouest. Et plus largement, les aménagements urbains implantés en bord de mer. (Photo d'illustration : rb/www.ipreunion.com)

Après décision de la municipalité de Saint-Paul, le restaurant Planch’ Alizé va donc être délocalisé pour être implanté un peu plus loin que son emplacement actuel. L’objectif de ce déménagement, la préservation du littoral. Un déplacement qui n’impacte pas le restaurant qui a fêté le samedi 13 août 2022 son 40ème anniversaire.

En tout cas, ce que souhaite le conseil municipal, c'est valider le recul des installations et "permettre en parallèle l'implantation d'un nouvel établissement sur la parcelle communale en arrière plage par le biais d'un appel à projet", a déclaré Emmanuel Séraphin. Pour la municipalité, "cela permettrait de concilier de nombreux enjeux", dont un recul des installations aujourd'hui comprises dans la zone rouge du plan de prévention des risques littoraux, un maintien de l'activité et de la quarantaine d'emplois correspondants, la démolition du restaurant et le retour à l'état naturel du domaine public maritime et de la plage. Planch'Alizé poursuivra donc son activité jusqu'à la livraison de la prochaine rondavelle située hors zone rouge d'ici 2025.

- Six paillotes détruites pour occupation illégale du domaine public maritime -

Occupation illégale du domaine public maritime, protection du lagon, les griefs des militants contre l’établissement de Planch’Alizé sont nombreux. Ce restaurant n’est d’ailleurs pas le seul à avoir fait l’objet de polémiques pour sa présence sur le littoral Ouest.

Le 18 décembre 2018, plusieurs paillotes situées sur la plage de l’Hermitage avaient été détruites pour occupation illégale du domaine public maritime. Le Coco Beach, la Marmite, le Miveal, la Bobine, le K’Banon et Loca Plage avaient dû quitter les lieux après décision du tribunal administratif en novembre 2018 et les remettre en état originel. Le tribunal avait jugé que, "tous les établissements se trouvaient dans les 50 pas géométriques et donc dans le domaine public maritime".

Une bonne nouvelle pour le collectif pour la défense du domaine public qui était à l’origine des actions en justice visant ces paillotes.

L’on se remémore également, en amont des destructions obligées par la justice, des débordements qui avaient eu lieu à l’Hermitage. De nombreux manifestants, défenseurs du littoral réunionnais, avaient visité les terrasses des paillotes les unes après les autres, détruisant sur leur passage les toitures en paille et les panneaux de bois.

Cette destruction marque la fin d’une histoire d’occupation illégale du domaine public maritime (DPM). En effet, depuis les années 1970, ces restaurants occupaient en toute illégalité la plage de l’Hermitage. Si auparavant cela ne gênait personne, la préservation et le respect de l’environnement ont fait changer d’avis.

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- Le domaine public maritime approprié -

Parking sauvages, habitations, chemins privés… Outre le sujet des paillotes et restaurants de plage, c’est plus largement l’occupation du domaine public maritime qui pose problème.

Le collectif SOS DPM 974 dénonce ouvertement les stationnements sauvages. "Chaque jour, des véhicules de particuliers et utilitaires stationnent sur le domaine public maritime". Le collectif ajoute, "il arrive régulièrement que jusqu’à 8 à 10 véhicules garés à cet endroit obstruent complètement la servitude de passage au rivage de la mer".

En plus de ces soucis récurrents, se pose aussi la question de l’urbanisation du littoral. L’association Agir pour la défense du domaine public maritime et de l’environnement avait dénoncé la privatisation par des propriétaires du bord de mer, certains "chemins pêcheurs" qui mènent aux plages.

Plages, promenades font parties du domaine public et ne doivent en aucun cas être privatisées. Selon l'association Agir DDPME, la DEAL "se serait mise au travail" sur ce dossier, et que des avancées importantes auraient été enregistrées.

- Lagon, coraux et plages sont à respecter -

Afin donc de préserver le lagon, les coraux et éviter l’érosion de la plage, la préservation du domaine public maritime est primordiale. Pour s'installer, les établissements doivent disposer d'un Autorisation d'occupation temporaire (AOT). Ces occupations sont régies par l’article L-2122-1 du Code Général de la Propriété des Personnes Publiques, qui dispose que : "nul ne peut, sans disposer d’un titre l’y habilitant, occuper une dépendance du domaine public.... ".

Pour rappel, toute construction dans les 50 pas géométriques est interdite. Chaque habitation doit également respecter les bornages de propriétés du bord de mer, sous peine de démolition. 

Face à la concentration croissante d’activités et au développement urbain des régions côtières, la première loi "Littoral" de 1986 établit quatre objectifs: préserver les espaces rares, sensibles et maintenir les équilibres écologiques ; gérer de façon économe la consommation d’espace due à l’urbanisation et aux aménagements touristiques ; ouvrir plus largement le rivage au public  et accueillir en priorité sur le littoral les activités dont le développement est lié à la mer.

L’accès au rivage est une notion essentielle dans la construction du droit du littoral. La destination des plages étant leur accès libre. C’est notamment ce principe que rappelle l’article L.321-9 du Code de l’environnement.

"L'accès des piétons aux plages est libre sauf si des motifs justifiés par des raisons de sécurité, de défense nationale ou de protection de l'environnement nécessitent des dispositions particulières. L'usage libre et gratuit par le public constitue la destination fondamentale des plages au même titre que leur affectation aux activités de pêche et de cultures marines. Sauf autorisation donnée par le préfet, après avis du maire, la circulation et le stationnement des véhicules terrestres à moteur autres que les véhicules de secours, de police et d'exploitation sont interdits, en dehors des chemins aménagés, sur le rivage de la mer et sur les dunes et plages appartenant au domaine public ou privé des personnes publiques lorsque ces lieux sont ouverts au public."

ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
omega3-974
omega3-974
1 an

Étonnant de la part du webmaster de ne pas valider les commentaires qui dénoncent les abus sur certaines communes !!! Où est la liberté d'expression ' Muselée !!! (Bonjour omega3-974, la libert" d'expression n'inclut pas la diffamation et l'insulte. Ce type de commentaires est donc systématiquement modéré. Bonne journée - webmaster)

Manos
Manos
1 an

Pourquoi on démonte les paillotes et on ne dit rien pour les maisons, villa de luxe et les hôtels......

Le bord de mer réunionnais est chaque jour privatisé
Le bord de mer réunionnais est chaque jour privatisé
1 an

davantage par les résidents depuis trou d'eau jusqu'à boucan canot !Pour les réunionnais, pour les touristes impossible de se garer, impossible de pic niquer, impossible donc de se baigner !Cela n'est pas acceptable, cela devient de la ségrégation.

titi45
titi45
1 an

L'au jour Nora un sounami nous va voire