Cinéma

Les femmes valent bien tout un festival du film

  • Publié le 11 septembre 2022 à 11:22

Du samedi 24 septembre au dimanche 2 octobre 2022, la troisième édition du Film des femmes se déroulera à Saint-Paul et à Trois-Bassins. Au travers de 21 films, le festival aborde la place qu'occupe la femme dans le monde et les différentes problématiques auxquelles elle est confrontée. Organisé par Armand Dauphin et l'Union des Femmes Réunionnaises (UFR), l'événement vise à amener la réflexion et à libérer la parole autour de thématiques sociétales importantes: l'avortement, les violences, le fait de ne pas vouloir d'enfants ou encore la sexualité féminine. Des ateliers débats sont aussi prévus après la diffusion des films. Interrogé par Imaz Press, Armand Dauphin raconte l'origine de ce projet qui lui tient à coeur. (Photo : DR)

"J'ai toujours diffusé des films qui abordait la condition de la femme", indique Armand Dauphin, distributeur de films depuis plus de 20 ans et organisateur du festival du Film Court à Saint-Pierre. "Au début c'était sans vraiment m'en rendre compte, la place de la femme étant un sujet inépuisable et important", explique-t-il. "Et puis un jour, j'ai participé à un débat avec l'UFR (Union des femmes de La Réunion) et le projet est né naturellement", raconte Armand Dauphin.  "Moi j'apporte les films et eux animent le débat", ajoute ce dernier.

Pour ceux qui penseraient le contraire, l'organisateur précise qu'il ne s'agit pas d'un "festival féministe" mais plutôt d'un festival devant permettre "aux hommes de se saisir des difficultés auxquelles sont confrontées les femmes en regardant la société avec leurs yeux". Dans une société où les violences et le sexisme restent d'actualité, la condition de la femme d'un pays à un autre n'est jamais une facilité. "Les femmes de La Réunion et les femmes du monde entier rencontrent les mêmes problématiques, les mêmes joies, les mêmes peines", souligne Armand Dauphin. Pour celui-ci, il est primordial que "la gente masculine puisse s'en saisir et en prendre conscience", dans un monde où hommes et femmes "cohabitent".

Pour atteindre cet objectif, les spectateurs assisteront à des films de nationalités différentes, certains ayant reçu des prix, d'autres s'inspirant de faits biographiques ou des faits de sociétés nouveaux.

"Avec le recul des pays comme les États-Unis sur le droit à l'avortement, on ne peut évidemment pas faire ce festival sans aborder cette thématique", fait savoir Armand Dauphin. "Le film argentin de Juan Solanas, "Femmes d'Argentine" aborde l'avortement clandestin, les manifestations de femmes qui se battent pour leur droit" résume-t-il.

Autre fait de société abordée par le festival : le désir de non-maternité, développé dans le court-métrage "Maman, non merci". Armand Dauphin explique que "selon une étude récente de l'Ined, 6,3 % des hommes et 4,3 % des femmes déclarent ne pas avoir d’enfant et ne pas en vouloir". En ce qui concerne les violences et violences sexuelles, un documentaire basé sur la tragique histoire de Valérie Bacot sera diffusé. Le 13 mars 2016, Valérie Bacot, 35 ans tue son mari d’un coup de revolver. Si elle a accompli ce geste, c’est pour que sa fille ne vive jamais ce qu’elle a elle-même enduré.

Découvrez la bande-annonce du documentaire "Femmes du chaos vénézuélien" :

Si la troisième édition du Film des Femmes aborde des sujets difficiles mais bien existants dans notre société, des séances plus "légères" sont également au programme avec la découverte des sage-femmes de Colombie ou encore un "documentaire hommage à une femme inspirante", Simone Veil. Armand Dauphin apporte son soutien à l'Ukraine avec le reportage Inner Wars, dans lequel des centaines de femmes se sont engagées dans l'armée suite à l'insurrection pro-russe déclenchée dans l'Est de l'Ukraine en 2014. 

Découvrez la bande-annonce de Inner Wars :

- Les femmes de l'ombre -

Suite aux films abordant des thématiques sensibles, l'UFR met en place des débats dans lesquels des professionnels du monde médical et du judicaire interviendront. Les témoignages de personnes ayant vécu des situations similaires seront aussi présentés. "On a fait ce choix de mettre en place des débats après la diffusion de certains films afin de créer un espace d'échanges et de paroles", explique Armand Dauphin.

Un hommage à la femme réunionnaise sera aussi rendu lors d'une conférence intitulée "Femmes de l'ombre". "C'est notre façon de rendre hommage et faire connaître ces femmes restées dans l'ombre alors qu'elles ont réalisé des choses merveilleuses", explique Armand Dauphin. 

Le choix de la marraine du festival n'est pas non plus anodin. Pour cette troisième édition, l'événement est parrainé par Delixia Perrine, une artiste engagée menant des ateliers et spectacles de théâtre auprès des femmes. "Cet engagement militant est pour moi une façon de redonner espoir et de permettre aux femmes de retrouver une dignité perdue et ancrée depuis des millénaires dans un machisme et patriarcat destructeur", explique-t-elle.

"Le travail que je mène dans les crèches, les écoles, collèges, lycées, en milieu carcéral, dans les entreprises et centres de formations me permet d'avoir une vision globale des différents mécanismes de la violence et comment les combattre pas seulement individuellement mais collectivement", ajoute-t-elle. L'artiste dit aussi : "c'est au fil des années que j'ai trouvé comment essayer de faire évoluer nos mentalités dans une société qui ne me convient pas, et mon engagement artistique me permet d'être au plus près des demandes et de la parole des femmes et des hommes de mon île".

Le festival est entièrement gratuit. L'ensemble de la programmation est à retrouver sur le site du Festival du Film des Femmes.

mp/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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