Journée mondiale de lutte contre le Sida

Le Truvada comme traitement préventif : "toute nouvelle solution est bonne à prendre"

  • Publié le 1 décembre 2015 à 11:17

A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, Imaz Press revient sur la décision annoncée le 23 novembre par le gouvernement d'autoriser la prise de Truvada en traitement préventif du Sida. Un traitement qui devrait être pris en charge à 100% par l'assurance maladie, comme l'a annoncé la ministre de la Santé, Marisol Touraine. La décision a été saluée par les associations qui la demandaient depuis longtemps. Pour Xavier Larmurier, cardiologue, vice-président de l'ARPS, l'association réunionnaise pour la prévention des risques liés à la sexualité, il s'agit d'un nouvel outil dans la lutte contre le VIH mais "évidemment pas d'une alternative au préservatif".

Est-ce que ce médicament est une véritable avancée dans la lutte contre le sida?

Ce traitement est destiné aux gens qui ont un haut risque d’être contaminés. Des personnes qui ne se protègent pas ou pas tout le temps. En particulier la population homosexuelle et bisexuelle. Ce qui est important, c’est que le Truvada n’est pas une alternative au préservatif. D’ailleurs, il ne protège pas des autres maladies.

Le gouvernement met en place une stratégie de diminution de risque. A l’heure actuelle, toutes les stratégies de prévention ont abouti à un échec. Le Truvada reste un outil parmi d’autres. La situation est telle que toute nouvelle solution est bonne à prendre.

Vous parlez de situation compliquée... où en est l’épidémie de Sida actuellement?

En 2014, 42% des contaminations concernait les hommes qui couchent avec d’autres hommes. Il y a une surreprésentation du VIH chez les homosexuels et les bisexuels, et en particulier chez les plus jeunes. Il y a environ 7 ou 8 ans, on comptait 7 000 cas de nouvelles contaminations par an dans toute la France. Aujourd’hui, on en dénombre environ 6 000. Ca baisse globalement mais pas dans la population homosexuelle ou bisexuelle.

Parmi les plus jeunes, le message du préservatif systématique a du mal à passer. Qu’ils soient homosexuels ou hétérosexuels. Les jeunes qui ont 20 ans maintenant n’ont pas vu mourir des gens du VIH. Et puis, à cet âge, on a l’impression d’être vulnérable.

Et à La Réunion?

A La Réunion, au 1er janvier 2015, 900 personnes avaient consulté au moins une fois et étaient suivies parce qu’elles étaient atteintes du VIH. Il y aurait 30 à 45 nouvelles contaminations chaque année. On estime que 150 à 200 personnes doivent être infectées sans le savoir.

Pourquoi est-il difficile d’endiguer l’épidémie dans la population des personnes homosexuelles et bisexuelles en particulier?

Il y a plusieurs causes à cela. Tout dabord, dans la population générale, une personne sur 1000 est contaminée. Dans la population homosexuelle, on compte environ une personne sur dix. Il y a donc une possibilité sur dix de tomber sur une personne contaminée lorsqu'on est homosexuel. Si une personne hétérosexuelle n’utilise pas de préservatif, elle a beaucoup moins de risque. On peut aussi souligner que le risque de transmission par sodomie est plus élevé que par pénétration vaginale.

Concrètement, comment va se dérouler le processus de prise du médicament?

L'étude sur laquelle se base le gouvernement propose de prendre du Truvada de façon ponctuelle, les autres études ont toujours proposé d’en prendre tous les jours. Elle préconise de prendre deux comprimés entre 24h et 2h avant le rapport sexuel envisagé, un juste après et un autre 24h plus tard. Mais la personne qui prend ce traitement doit être accompagné dans un cadre médical. Déjà, ce médicament ne peut être prescrit que par un médecin spécialisé dans le traitement du VIH ou bien dans un centre de dépistage.

Le protocole présent dans l’étude appelle un suivi rigoureux de la personne qui utilise le truvada. Elle doit notamment faire des prises de sang tous les deux mois pour le dépistage du VIH et tous les six mois en ce qui concerne les autres maladies. Il faut bien comprendre que cela reste quelque chose d'astreignant, il y a une indication précise.

Qu’est-ce qui a motivé la décision du gouvernement?

Cette décision a aussi été prise par l’Angleterre et les Etats-Unis. Aujourd'hui, si cette mesure est prise en France, c'est déjà en raison du contexte dont j'ai parlé et parce que, récemment, il y a eu deux études marquantes, dont celle réalisée par Ipergay.

Celle-ci a été menée sur 400 personnes, ce qui n’est pas énorme mais cela a quand même montré des résultats significatifs. Les chercheurs ont séparé les personnes en deux groupes. Dans le premier, ils ont prescrit le Truvada, dans le second ils ont administré un placebo et réalisé une prévention renforcée contre le VIH, avec un suivi psychologique, des conseils etc. Dans le premier groupe, les résultats ont montré 1% de contamination par an, dans le second, il y a eu 7% de contamination par an.

Les autorités prennent aussi cette décision car elles sont confronté au développement du trafic en métropole.

Actuellement, il n’existe pas d’autorisation de mise sur le marché pour ce médicament en tant que traitement préventif du Sida, uniquement en tant que traitement curatif. La ministre de la Santé a annoncé qu'elle était favorable à la publication d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du Truvada. Celle-ci devrait être publiée au cours du mois de décembre. Il s’agit d’une dérogation à l’utilisation conventionnelle, elle durera quelques mois. L’utilisation et les résultats seront très observés.
 

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1 Commentaires
t
t
8 ans

non seulement le vih à été fabriqué dans des labos secret et inoculé à leurs insu à la population et (supprimé pour prie àpartie - webmaster ipreunion.com) gagne des milliards , c'est une immondices , à vomir;
à voir le dossier du vih , / sida , le lien avec les médecins militaires ,sud africain / israel/usa etc... , il faut bien 1 fil conducteur et c'est par cela qu'il faut commencer .