Palais de justice de Saint-Denis

Filière djihadiste démantelée : les frères jumeaux déférés au tribunal

  • Publié le 5 juin 2015 à 10:07

Après trois jours de garde à vue, les frères jumeaux arrêtés dans le cadre du démantèlement d'une filière djihadiste présumée ont été déférés ce vendredi 5 juin 2015 au Palais de justice de Saint-Denis, escortés par les policiers de la sûreté départementale. Ces aspirants djihadistes sont arrivés au tribunal à 10 heures, après avoir été auditionnés par la direction générale de la sécurité intérieure pendant plus de 72 heures. Âgés de 18 ans, ces Dionysiens sont soupçonnés d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes.

Thomas et Anthony D. - devenus Mehdi et Muhammad - envisageaient de partir faire le djihad en Syrie. Récemment convertis à l'islam, les deux frères avaient fréquenté Nail V., un jeune homme âgé de 21 ans décrit comme un prédicateur salafiste. Ce serait sous son influence qu'ils avaient préparé leur départ pour le Moyen-Orient avant de l'annuler, faute de moyens.

Un premier temps séduit, Thomas D. avait finalement pris ses distances avec celui qui se fait appeler "l'Egyptien." Lors de sa mise en garde à vue, le jeune homme s'est montré particulièrement coopératif avec les forces de l'ordre. Son frère, Anthony, s'est par contre beaucoup plus radicalisé. Connu de la police pour avoir commis des actes de délinquance, il avait refusé l'assistance d'un avocat avant de se raviser.

Au sein de leur entourage, les jumeaux sont connus pour être des garçons assez tranquilles. "Ce sont des gens comme tout le monde. Ce sont mes voisins qui sont là depuis un bon bout de temps. Je n'ai jamais eu de problème avec eux. C'est plutôt une question d'apprentissage, ils ne sont pas assez mûrs dans leur tête", a souligné un homme qui a vu grandir les deux marmailles.

Leur arrestation - dans une résidence située au centre-ville du chef-lieu - s'était déroulée sous les yeux d'une femme qui travaillait au sein du bâtiment. "C'était deux petits jeunes blancs. L'un avait un keffieh et l'autre était habillé simplement. Ils avaient l'air tous les deux perdus et n'avaient pas de barbe. Je les croisais tous les jours depuis un mois. Ils me disent bonjour, sans plus", avait-elle témoigné.

Nail V., le présumé prédicateur salafiste, intéresse particulièrement la justice. Discret dans la vie publique et beaucoup plus vindicatif sur internet, il aurait exercé son influence sur six personnes qui seraient déjà parties en Syrie, notamment auprès du Saint-Andréen Nassirdine Mzé, mort en Irak au début du mois d'avril dernier lors d'une opération de l'armée contre les forces de Daech. Son profil de recruteur pourrait conduire les autorités à procéder à son transfert vers Paris.

Irfan G., la quatrième personne gardée à vue, serait un autre aspirant djihadiste tombé sous l'emprise des prêches salafistes de "l'Egyptien". Âgé de 24 ans, très peu d'informations filtrent au sujet de ce jeune père de famille.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, une femme de 62 ans qui avait été arrêtée lors du coup de filet de la DGSI est ressortie libre de sa garde à vue. Soupçonnée d'avoir financé le voyage en Syrie de son fils, la sexagénaire a pu reprendre son travail. Aucune charge n'a été retenue contre cette mère de famille, a indiqué son avocat Patrice Selly.

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