En 2015 les squales ont tué six personnes dans le monde dont deux à La Réunion

"Instinct de survie" - Des scientifiques dénoncent une caricature des requins au cinéma

  • Publié le 18 août 2016 à 10:13

Plus de 40 ans après "Les dents de la mer", le requin est le héros terrifiant du thriller "Instinct de survie", au grand dam de scientifiques et d'ONG (organisations non gouvernementales) qui dénoncent une vision caricaturale de cet animal moins meurtrier que les accidents de selfies. Selon l'International Shark Attack File, il y a eu six attaques mortelles de requins dans le monde. Deux de ces drames ont eu lieu à La Réunion.

Ce film signé Jaume Collet-Serra, en salles à partir de ce mercredi en Métropole et prochainement à La Réunion, relate l'attaque d'une jeune surfeuse (Blake Lively) par un grand requin blanc. "Hollywood, très certainement à la recherche d'un succès d'audience et financier, ressort une recette éculée: montrer le grand requin blanc comme un affreux chasseur de chair humaine", déplore Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique de Monaco.

Il y a 41 ans, quand est sorti le film de Steven Spielberg, "notre connaissance de la biologie des requins et des équilibres dans les océans était moins élaborée", rappelle-t-il. Aujourd'hui, "c'est vraiment caricaturer sciemment, en toute connaissance de cause, une espèce animale".

L'année 2015 a certes connu un nombre record d'attaques (98) et elles ont fait six morts, selon l'Isaf (International Shark Attack File), une banque de données basée à l'Université de Floride. A noter que deux de ces attaques mortelles ont eu lieu à La Réunion. Le samedi 14 février 2015, Talon Bishop, 22 ans, est mortellement happée par un squale alors qu'elle alors qu'elle se trouvait à moins de 5 mètres du rivage près du Pont Mulla à l'Étang Salé. Quelques semaines plus tard, le dimanche 12 avril, c'est un jeune espoir du surf local, Elio Canestri, 13 ans, est tué par un requin bouledogue de 2,50 mètres sur le spot des Aigrettes (Saint-Gilles).

Dans le monde, le le précédent record était de 88 attaques, en 2000. En moyenne, les attaques de requins, toujours très médiatisées, font une dizaine de morts par an. A titre de comparaison, les crocodiles tuent chaque année un millier de personnes et les serpents 50.000, rappelle l'Institut océanographique. "Il y a eu plus de morts en 2014 à cause des selfies qu'à cause des requins: 14 contre 12", ironise Denis Ody, responsable du pôle Océans au WWF.

Seules cinq espèces de requins sur 500 sont dangereuses pour l'homme, dont le grand requin blanc, le requin-tigre et le requin-bouledogue, à l'origine de la plupart des accidents. En fait, "le requin a plus peur de l'homme que le contraire, il n'a aucun intérêt à l'attaquer, ce n'est pas une proie", souligne M. Ody.

- Surfeur ou otarie ? -

Les requins se nourrissent essentiellement de poissons, contribuant ainsi à réguler leurs populations, et complètent éventuellement leur menu avec des crustacés, des mollusques, voire des tortues et des mammifères marins. Quand un requin attaque un baigneur ou un surfeur, c'est souvent "une méprise", explique M. Ody. Il aura par exemple pris le surfeur sur sa planche pour une tortue ou une otarie.

Si les accidents se multiplient, c'est parce qu'"il y a de plus en plus d'amoureux des sports nautiques", ce qui augmente statistiquement le risque de rencontres entre le requin et l'homme, souligne Catherine Vadon, océanographe et maître de conférence au Muséum d'histoire naturelle. En outre, il n'est "pas sûr que les consignes de sécurité soient toujours respectées".

Selon Georges Burgess, de l'Université de Floride, cette augmentation du nombre d'accidents pourrait aussi s'expliquer par la hausse des températures des océans due au changement climatique: elle a contribué à ce que les requins élargissent les zones où ils vivent et se nourrissent.

Reste que dans le rapport homme-requin, les squales paient le plus lourd tribut: environ 100 millions de requins sont pêchés tous les ans, notamment pour leurs ailerons, utilisés pour une soupe très prisée en Asie, rappelle M. Calcagno. "De très nombreuses espèces ont vu leur population diminuer de 70-80%". "Si elle continue, la surpêche va nous mener dans quelques années à une extinction de plusieurs espèces de requin", avertit Mme Vadon. Ils "existent dans l'océan depuis 400 millions d'années, en quelques décennies, on va les faire disparaître".

Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un quart des requins sont menacés d'extinction.

Le requin-tigre, recherché pour ses dents vendues comme trophées, et le requin-marteau figurent parmi les plus menacés, précise Mme Vadon.
Il est urgent d'apprendre à "vivre avec les requins", résume M. Calcagno.

Pour rappel, en 2011 et 2015, 18 attaques de requins, dont 7 mortelles, se sont produites à La Réunion. Plus de la moitié concernent des surfeurs ou des bodyboardeurs.

www.ipreunion.com avec l'AFP

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1 Commentaires
GERARD97460
GERARD97460
7 ans

Voilà tout est dit, le nuisible dans l'affaire c'est l'homme qui prend un pied sur le domaine des requins, l'eau est sont territoire, lui il ne vient pas sur la terre pour faire l'imbécile, tandis que l'homme veut faire des exploits dans des endroits qui ne lui appartient nullement, avant il n'y avait pas toutes ces attaques de requins parce que l'homme ne pratiquaient pas ces sports imbéciles. Je n'ai jamais vu de mon temps personne pratiquait un sport de glisse en Baie de Saint-Paul, ni aller se baigner ou nager dans ce lieu et maintenant on pratique tous les sports dans cette Baie de Saint-Paul, c'est tout à fait normal s'ils se font attaquer par les requins car il y a toujours eu des requins à cet endroit. Maintenant vous voilà informé, bonne chance à ceux qui pratiquent ces sports de glisse en mer, si vous vous faîtes attaquer par les requins c'est juste de votre faute et pas celle des requins, ils sont dans leur territoire...