Une pétition a été lancée pour mettre fin aux discriminations

Marin, policier, hôtesse de l'air... ces métiers inaccessibles pour les diabétiques

  • Publié le 11 janvier 2017 à 05:53

Alors que de nombreux métiers leur restent interdits, les quelques 4 millions de diabétiques en France ont lancé ce lundi 9 janvier 2017 une pétition réclamant la fin des "discriminations" professionnelles dont ils font l'objet. La maison du diabète de La Réunion a déjà rencontré ce type de situation, où le diabétique se voit refuser un emploi, vraisemblablement pour son état de santé. Mais, plus fréquemment, selon le collectif ainsi que l'association Diabète Nutrition 974, il existe un tabou autour de la maladie.

Travailler dans l’armée, dans la police, la gendarmerie ou conduire un train et piloter un avion : autant de métiers que les diabétiques ne peuvent exercer. D’où la naissance de la pétition intitulée "Choisir le métier de mes rêves avec mon diabète", disponible sur le site jefaisunvoeu.fr.

Pour Gérard Raymond, président de la Fédération française des diabétiques, il devient urgent de modifier les textes réglementaires interdisant ou limitant certains emplois aux diabétiques. Le diabète est un trouble d'assimilation des sucres par l'organisme qui, s'il n'est pas correctement traité, peut aboutir à la cécité ou à des amputations.

Il favorise également les maladies cardiovasculaires.  C’est le diabète de type 1, qui est le plus touché par ces interdictions. "Les risques d’hypoglycémies sont beaucoup plus importants" précise Diane Baillieu, de l’association Diabète Nutrition 974. Perte des réflexes ou de l’acuité visuelle, "on est sur les mêmes problématiques que pour les crises d’épilepsie". Le fait de "passer sous insuline" entraîne l’impossibilité d’être chauffeur de taxi ou conducteur de bus, par exemple.

Les diabétiques "ont longtemps été considérés comme inaptes parce qu'on pensait qu'ils allaient avoir des complications", rappelle Gérard Raymond Raymond, en précisant que la plupart des interdictions en vigueur remontent à des périodes souvent lointaines. Comme pour être ingénieur des mines: "Il y a 60 ou 70 ans, on considérait qu'il devait descendre dans la mine et qu'il lui fallait une bonne vue".

"Mais aujourd'hui l'évolution technologique et les nouveaux outils mis à la disposition des diabétiques comme les pompes à insuline ou les capteurs de glucose en continu permettent aux diabétiques de s'auto-contrôler et d'avoir une vie quasiment normale", souligne-t-il.

Si les diabétiques n’ont pas obligation de parler de leur état de santé à l’employeur, Diane Baillieu d’ADN 974 leur recommande de s ‘adresser à la Médecine du Travail ou d’en informer des collègues proches, afin "qu’en cas d’hypoglycémie ou de malaise", ils puissent réagir. Mais, pour Rodolophe Siby, infirmier à la Maison du Diabète, il existe un vrai "tabou" autour de la maladie : "Il y a une crainte d’en parler, de peur que ça fasse des difficultés au niveau de l’employeur" déplore t-il, en précisant que le collectif a déjà rencontré des cas de discrimination à l’embauche.

- Traces d'injection sur les bras -

"Lors d’un entretien d’embauche, un patron a remarqué les marques d’injection d’insuline d’une diabétique. Il a demandé ce que c’était, et la personne a ensuite reçu un courrier affirmant qu’elle ne correspondait pas à l’image de la boîte" indique Rodolphe Siby, qui tient cependant à rester prudent. Si la discrimination n’est pas actée, il y a cependant de quoi "se poser des questions".

Mais sur les 286 diabétiques qu’il a rencontré l’année dernière, "ce qui ressort, c’est la peur". S’il y a "probablement des discriminations", c’est un "tabou" qui prédomine. L’infirmier tient néanmoins à rappeler que "des aménagements du temps de travail" existent et que la personne peut être "protégée".

Marine Petit, jeune salariée, en a bénéficié alors qu’elle était en charge d’équipements de sécurité. Après "plusieurs malaises" alors qu’elle était seule sur son lieu de travail, elle s’est sentie "en danger". Elle prévient alors la Médecine du Travail, qui s’est déplacée : "Mon patron n’a pas pris en compte mes remarques et ce n’est qu’après confrontation avec lui et le médecin qu’il y a eu des mesures comme une visite toutes les 20 minutes pour voir si je vais bien". Si cette entreprise "n’a pas chipoté", Marine a toujours une "appréhension" à signaler son état de santé lors d’un entretien. "J’ai peur qu’on me refuse le poste à cause de ça et on ne sait jamais si c’est bon de le dire ou pas" regrette la jeune fille. 

La Fédération Française du Diabète a notamment rapporté le cas de Mathilde, 21 ans, recalée à cause de son diabète à la visite médicale de l'Ecole polytechnique alors qu'elle avait été reçue au concours. Une championne de karaté diabétique a aussi été déclarée inapte pour la police, après avoir passé le concours d'entré.

Selon la FFD, il ne doit plus y avoir "de profession interdite" et elle préconise des évaluations au "cas par cas" même s'il reconnaît que certains métiers resteront difficiles d'accès aux diabétiques.

La pétition de la FFD réclame par ailleurs que les professions interdites soient réévaluées une fois par an par un groupe interministériel en tenant compte des "évolutions technologiques et médicamenteuses". Les associations de diabétiques entendent interpeller les candidats à l'élection présidentielle dans les prochaines semaines.


mp/ www.ipreunion.com avec AFP

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