Son procès commence ce vendredi

Filière jihadiste - Arrêté en 2015 à La Réunion, "l'Égyptien" est jugé à Paris

  • Publié le 16 juin 2017 à 05:46

Arrêté à La Réunion le mardi 2 juin 2015 dans le cadre du coup de filet antiterroriste, Naïl Varatchia, surnommé l'Egyptien, est jugé à Paris à partir de ce vendredi 16 juin 2017 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Prédicateur salafiste présumé, il aurait incité plusieurs jeunes de La Réunion à partir faire le jihad en Syrie. L'un des ses jeunes est ensuite mort en Irak. L'Egyptien est également soupçonné d'avoir voulu commettre un attentat à La Réunion (Photo d'illustration)

 

La filière jihadiste supposée avait été démantelée localement par les policiers la direction générale de la sécurité intérieure en juin 2015. Naïl Varatchia, alors âgé de 21 ans, avait été été interpellé à Saint-Denis en même temps que quatre autres personnes.

Deux frères jumeaux alors âgés de 18 ans que le prédicateur supposé auraient convaincu de rejoindre l'organisation Etat islamique en Syrie étaient ensuite mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes. Un jeune père de famille de 24 ans approché par l'Egyptien avait pour sa part été remis en liberté à l'issue de sa garde à vue sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui même. Cela avait également été le cas d'une mère de famille de 62 ans. Il lui été reproché d'avoir envoyé en 2014 1 500 euros à son fils qui se trouvait en Turquie avec son épouse et qui projetait de partir en Syrie. Ce qu'elle ignorait. Elle avait été mise hors de cause par l'enquête et aucune charge n'avait été retenue contre elle.

Le profil de Nail Varatchia avait été jugé beaucou plus inquiétant et le jeune homme avait été transféré à Paris dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 juin 2015 et mis en examen ce lundi à Paris et incarcéré.  Il avait été présenté devant les magistrats de la 16e chambre du tribunal de grande instance de la capitale chargée des affaires de terrorisme

- Le prédicateur présumé est un ancien élève d'un lycée catholique -

Ancien élève du célèbre lycée catholique Levavasseur et titulaire d'un baccalauréat scientifique en 2011, Nail Varatchia n'était pas destiné à devenir le "cerveau" présumé d'une filière djihadiste. Le jeune homme, qui vivait encore chez ses parents à l'époque des faits, ne s'était pas fait remarquer par ses voisins. "Ils vivent repliés sur eux-mêmes. C'est la seule habitation qui a des murs plus hauts que les autres", affirmait à l'époque l'un des riverains de son quartier.

Discret dans la vie publique et beaucoup plus vindicatif sur internet, il est reproché celui qui se fait appeler "l'Egyptien" après avoir séjourné en Egypte, d'avoir exercé son influence sur six personnes qui seraient déjà parties en Syrie. Il serait notamment responsable du départ de Nassirdine Mzé, un Saint-Andréen mort en Irak au début du mois d'avril dernier lors d'une opération de l'armée contre les forces de Daech.

A l'aide de sa maîtrise de la langue arabe et de ses études coraniques, Nail Varatchia est soupçonné d'avoir convaincu les frères jumeaux - qui ont été mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes - à tenter de rejoindre l'organisation Etat islamique en Syrie.

Sur Twitter, à l'époque des faits, le présumé prédicateur salafiste présumé avait souvent posté des réflexions à propos de l'islam. "Interdire le blâmable partout, mais comment ? […] Le suicide, un grand péché ou un acte de mécréant ? […] La musique, permis ou non ? ", s'interroge-t-il au sein de longues tribunes diffusées sur les réseaux sociaux.

L'actualité internationale et les conflits au sein du Moyen-Orient intéressaient de près le jeune homme : que ce soit un attentat suicide perpétré en Arabie Saoudite, les différents soutiens d'Israël ou encore... les dernières statistiques du gouvernement français concernant le djihad (chiffres en 20215 - voir les chiffres de 2017 - ndlr). "Par la grâce d'Allah, ils ont été tués par Ansar al-Chariah", a-t-il notamment écrit à propos d'un groupe d'espions tué au Yémen par un groupe salafiste.

"Quiconque s'oppose à l'Etat islamique fait clairement partie du camp des mécréants", a-t-il également mis en ligne le 1er juin, la veille de son arrestation. L'un des tweets envoyé par ce jeune est d'ailleurs révélateur de son état d'esprit. "On reconnaît le croyant par le fait : qu'il parle peu, qu'il agit beaucoup."

A ce jour, ce réseau supposé mis au jour à La Réunion reste la seule affaire de démantèlement d'une filière jihadiste présumée en outre-mer. Les faits avaient provoqué un grand émoi à La Réunion. Le conseil régional du culte musulman avait estimé que "les interpellations récentes de coreligionnaires et leur mise en garde à vue, ont fait vivre à la communauté musulmane réunionnaise des moments difficiles, notamment en raison de la suspicion que cela a automatiquement éveillée".

mb/www.ipreunion.com

 

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