Hausse du tabac

Le prix d'une hypocrisie d'État

  • Publié le 2 novembre 2017 à 10:35

À la fin du mois d'octobre, la hausse des prix du tabac a été validée par l'Assemblée. D'ici 2020, le paquet de cigarettes pourrait bien coûter 10 euros. Un prix qui en fait bondir plus d'un mais qui, au final, s'inscrit dans la continuité d'une augmentation déjà en cours depuis plusieurs années. Pour autant, le nombre de fumeurs ne s'engage pas sur la pente descendante. Messages chocs, images dérangeantes, paquets neutres : les mesures se suivent, s'enchaînent, mais pas les résultats. Preuve que le tarif, qui profite ensuite aux caisses de l'État, n'a pas été un frein jusque là. Faute à l'addiction bien sûr, mais faute aussi probablement au commerce illicite et aux cigarettes à l'unité.

Le paquet à 10 euros ? Certains en parlaient sur le ton de la plaisanterie, peu enclins à croire qu’un tel tarif serait bientôt nécessaire pour fumer quelques cigarettes. Pourtant, la blague risque bientôt de n’en être plus une. Comme annoncé, la hausse du prix du tabac prévue dans le budget de la Sécurité sociale a été votée. Au grand damm des buralistes, le paquet comptant une vingtaine de clopes pourrait bien passer à 10 euros d’ici 2020. Une mesure estimée comme un "enjeu majeur" par la ministre de la Santé.

À la fin du mois de septembre, le gouvernement a publié un arrêté faisant passer le prix plancher du paquet de cigarettes de 6,61 euros à 7,33 euros. La hausse devrait entrer en vigueur dès le début de ce mois de novembre. L’objectif étant clairement de dissuader les fumeurs de mettre la main au porte-monnaie. Mais le vrai fumeur, addict et accro, ne trouvera t-il pas toujours le moyen de se procurer sa dope ? En économisant sur autre chose ou en se tournant vers un marché parallèle. De là à se dire que l’augmentation du tabac profite surtout à l’État, plutôt qu’à la santé publique… il n’y a qu’un pas.

Au niveau local, la députée Nadia Ramassamy s’est élevée contre cette hausse programmée du tabac. Estimant que les buralistes seraient les premières victimes de cette augmentation. Et que ce n’est pas pour autant que la dépendance pourrait disparaître en un claquement de doigts. Car cela fait bien plusieurs années que le tabac est en constante augmentation. Tandis qu’en face, le nombre de fumeurs n’est pas franchement sur la pente descendante.

- À qui profite le crime ? -

Mais prenons le temps de la réflexion. Vous avez 16 ans, vous êtes fraîchement arrivé au lycée. Près du buraliste, un petit snack-bar propose des cigarettes à l’unité. Vous repêchez 30 ou 50 centimes dans votre porte-monnaie et vous pouvez fumer votre première clope. Le ver est dans la pomme. Les cigarettes s’enchaînent, les cendres s’accumulent, l’odeur de fumée s’accroche sur les vêtements et le prix du paquet continue d’augmenter. Pas de problème, vous trouvez toujours des moyens détournés : un ami part en voyage, vous lui filez des sous pour une cartouche.

Au début du mois d’octobre, les buralistes se sont élevés contre cette énième hausse, s’indignant de voir perdurer le trafic illicite tandis que leurs commerces ferment leurs portes. Alors, bien sûr, il est louable de vouloir stopper une des premières causes de mortalité évitables en France, mais la question se pose : à qui profite le crime ?

Si le tabac reste une problématique phare de santé publique, l’écho de l’hypocrisie retentit aux oreilles des consommateurs. Quitte à constamment augmenter le paquet, pourquoi ne pas carrément interdire le tabac – avant que la clope ne passe à 20 euros ? Et la question de l’alcool de surgir à nouveau : n’est t-il pas urgent de mettre un terme à ces accidents et violences provoquées par l’alcoolisme ? Alcool et tabac, même combat : sauf que l’un peut tout de même être consommé avec modération. 

On a vu s’enchaîner les messages chocs, les images dérangeantes, les paquets neutres. Les campagnes de sensibilisation. Mais, ni le cliché montrant une tumeur au cou, ni la couleur uniforme remplaçant l’esthétique de la marque ne semblent avoir une réelle répercussion. Même lorsque les prix ne cessent de grimper. Ces mesures ont plutôt l’apparence d’un écran de fumée, à peine plus épais que du papier à cigarettes. 

mp/www.ipreunion.com

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3 Commentaires
Fred
Fred
6 ans

"Alcool et tabac, même combat : sauf que l’un peut tout de même être consommé avec modération"
Ah bon le tabac ne peut pas être consommé avec modération lui ?

Désolé mais très mauvais exemple : le prix de l'alcool n'est pas non plus donné et les dépenses liés au tabagisme sont passés sous silence.
Quant à l'interdiction pure et dure ... j'entends déjà les vendeurs de mort se plaindrent qu'on vole leur travail !

CHABAN
CHABAN
6 ans

Comment un produit cancérigène peut-il être vendu légalement ?

TAGOUN
TAGOUN
6 ans

Bien dit, effectivement une "hypocrisie d’État" sans philosopher, sans argumenter stérilement (depuis des années ce débat est présent) L’État n'a qu'une idée en tête l'argent, encore l'argent toujours l'argent.......il en gagne en augmentant le prix, il en gagne quand de soit-disant traitements sortent sur le marché pour "guérir" de cette addiction, en fin de compte seul comptent les caisses de l’État.