Fermée à la circulation depuis le 18 janvier

Éboulements sur éboulements : l'enfer de la route de Cilaos

  • Publié le 27 janvier 2018 à 07:53

Nouvel éboulement sur la route nationale 5 (RN5) de Cilaos ce vendredi après-midi 26 janvier 2018 entre Ilet Furcy et le Petit Serré. De quoi couper la circulation et provoquer l'interruption des convois dans le sens descendant et montant. Impossible pour les habitants de quitter le cirque ou de rentrer chez eux. Des pierres sont tombées sur la chaussée la veille dans le secteur des Aloès. Là où trois éboulis ont déjà eu lieu le mercredi 24 janvier. À quand le prochain ? Une question légitime synonyme de véritable enfer routier. Depuis les dégâts causés par Berguitta le 18 janvier dernier, l'axe reste interdit aux véhicules. (Photo d'archives)

 

Contacté par téléphone ce jeudi matin 25 janvier 2018, avant les nouveaux éboulements, le maire de Cilaos, Paul-Franco Técher, espérait une réouverture de la RN5 par alternat pour le lundi 29 janvier 2018. Le jour de la rentrée scolaire. Le cirque vit au ralenti depuis le 18 janvier. Employés mis en repos ou en congés et absence de clients : les hôteliers, restaurateurs, boulangers ou ambulanciers rencontrent les mêmes difficultés.

La sécurisation à long terme

Un vieux débat selon l'élu. "Je pourrai réclamer mais les budgets sont ce qu’ils sont. La Région a un budget avec une priorité donnée à la nouvelle route du littoral. Ensuite, on priorisera d’autres portions de route. Si on avait de l’argent pour tout faire, cela serait formidable", glisse Paul-Franco Técher. Regrette-t-il la priorité donnée à la NRL ? Le maire répond par la négative à cette interrogation.

"60 000 automobilistes sont en insécurité sur la route du littoral contre 1500 à 2000 quotidiennement sur la RN5. Le choix ne se pose même pas. On priorise et c’est normal." Les habitants du cirque sont-ils donc condamnés à subir éboulements après éboulements ? Sont-ils prisonniers de cette route de l'enfer, allant travailler le matin sans pouvoir regagner leur domicile le soir à cause d'une route barrée ? Devant dormir chez des proches ou de devoir trouver et se payer une chambre d'hôtel : vous imaginez ?

Lire aussi : La route de Cilaos totalement coupée

Est-il impossible de la sécuriser à long terme ? Il semble que oui nous indiquait l'un des responsables de la Direction régionale des routes. Téléphérique, pont, ouvrages d'art ? Aucune solution de ce type ne pourrait au moins permettre une sécurisation entre Saint-Louis et Ilet Furcy, la partie basse la plus exposée aux chutes de pierres ? La Région Réunion lançait déjà des études en 2010.

Huit ans après, d'autres études vont être prochainement mises sur les rails. Objectif : savoir si la solution des ponts ou du tunnel s'avère viable ou non. Dans ce débat technique, il est aussi question de volonté politique. Quand on décide de réaliser une route sur la mer, n'est-on pas capable de sécuriser la RN5 ?

Cette série de questions se pose encore. Les études y répondront. De là à savoir quand une esquisse de solution sera évoquée : de l'eau aura coulé sous les ponts et sur les remparts de la RN5 de Cilaos, provoquant là encore de nouveaux dégâts sur le réseau routier.

La réouverture

Fermée depuis les dégâts provoqués par Berguitta, la route nationale 5 connaissait également de nouveaux éboulements ces deux derniers jours. Les convois reprenaient provisoirement.

"Nous avons besoin de consolider une voie qui contourne l’éboulis. Je pense que d’ici vendredi soir ou samedi cela sera terminé. Si c’est le cas, la RN5 pourrait de nouveau être ouverte par alternat dès lundi sans les convois", indiquait-il le maire jeudi matin avant les nouveaux événements. Cette prévision reste donc remise en question.

Ce vendredi après-midi une nouvelle chute de pierre se déroulait et les convois étaient à nouveau suspendus. La commune engage d’ailleurs des moyens pour les travaux de terrassement et de purge de l’axe depuis la semaine dernière. Des camions, des pelles, des tractopelles et du personnel communal. L'élu s’étonne des conséquences aussi importantes causés par Berguitta.

"Vu la taille de ce météore, on ne s’attendait absolument pas à ça. Il y a eu presqu’autant de dégâts que pour le cyclone Hyacinthe en 1980 entres le secteur des Aloès et Cap noir. Ça interpelle", ajoute le maire.

La rentrée reportée

Compte-tenu des conditions dégradées de déplacement, des difficultés d’approvisionnement du cirque et dans un souci de sécurité des élèves et des personnels, le recteur de l’académie de La Réunion, Vêlayoudom Marimoutou, en accord avec l’ensemble des autorités publiques, informe les familles et les personnels de l’éducation nationale, du report de la reprise des classes au lundi 5 février 2018 pour les écoles et le collège de Cilaos.

Cette mesure concerne également les élèves de l’ilet Furcy scolarisés à la Rivière Saint- Louis et les élèves de l’école Alphonse Daudet du Petit Serré. Les chefs d’établissement et leurs équipes éducatives communiqueront directement aux familles les modalités de rattrapage des cours qui seront mises en place. Le recteur appelle au respect des consignes de sécurité et veillera à informer les familles et les personnels des évolutions de la situation au cours des prochains jours.
 

L’activité économique au point mort

"Black-out économique, clients fantômes, établissements déserts." Des mots employés par les professionnels travaillant dans le cirque. Un constat unanime également partagé par le premier magistrat. "L’activité économique est au point mort. Il n’y a plus aucun touriste et il n’y a personne à Cilaos", indique-t-il.

Des restaurants et des hôtels sans clients

L'hôtel Tsilaosa reste fermé depuis le jeudi 18 janvier. Les clients alors présents partaient avant les gros dégâts causés par Berguitta. Pour l’instant, les salariés se trouvent en congés payés jusqu’à la reprise de l’activité et la réouverture prévue de la route explique l’un d’eux. À l’hôtel-restaurant du Vieux Cep, Clarisse Morel, directrice d’exploitation, n’a jamais vu ça. Seuls les agents d’encadrement travaillent.

La vingtaine de salariés est soit en repos soit en récupération. "L’économie s’est complètement arrêtée. Tous les hôteliers de Cilaos ne fonctionnent pas actuellement. On a aucune activité y compris pour les restaurant sans aucun client", commente-t-elle.

La rue principale du Père-Boiteau est actuellement déserte. Seul un restaurant sur dix ouvre selon elle. "Cela peut avoir des conséquences sur les emplois. Les salariés en repos ou en congés : cela ne pourra pas durer indéfiniment. Il faudra peut-être envoyer des mesures du chômage technique."

Une boulangerie vide

Daisy Dambreville gère la boulangerie-pâtisserie "Le Cake". Elle ne voit pas grand monde dans son établissement. "Je vois une cinquantaine de clients par jour. Ce sont les gens de Cilaos mais ce n’est pas vraiment la foule. Il n’y a plus de touristes ni de Réunionnais qui viennent." Selon la chef d’entreprise, certains employés de restaurants sont au chômage technique.

Les ambulanciers au ralenti

"En 22 ans d’activité, c’est la première fois que la RN5 est coupée aussi longtemps que ça. L’activité économique est réellement impactée. Nous assurons un service minimum en acheminant les patients à l’hôpital de Cilaos qui tourne au ralenti." Un constat cinglant dressé par Georges Idmont, gérant d’une société d’ambulanciers à Mare à Joncs.

Malgré la baisse d’activité, il reste philosophe. Le professionnel explique que les patients chroniques -les dialysés notamment -, anticipaient la fermeture de la route en rejoignant des membres de leur familles ou des proches sur le littoral. Et ce afin de pouvoir suivre leur traitement dans des établissements médicaux.

Lire aussi : Route de Cilaos : l'impossible sécurisation

Plusieurs de ses sept salariés se trouvent actuellement en récupération suite à des heures supplémentaires. "Si la fermeture de la route perdure, on se dirige vers des mesures de chômages techniques. Mes salariés font preuve de compréhension. Dès qu’on les appelle, ils viennent si besoin."

Le maire Paul-Franco Técher, médecin généraliste de profession, continue, lui, à ouvrir son cabinet où les patients viennent toujours en ce moment. "Les ambulanciers se déplacent pendant les convois. S’il y a de grosses urgences, l’hélicoptère se déplace entre Cilaos et Saint-Pierre", précise-t-il.

La rentrée scolaire s’organise

Les élèves de l’académie de La Réunion vont reprendre le chemin des salles de classe ce lundi 29 janvier. L’édile cilaosien explique l’organisation mise en place afin de se préparer à cette échéance. Le problème se pose notamment pour les lycéens du cirque devant se rendre à l’établissement Antoine-Roussin de Saint-Louis.

"Les lycées devraient pouvoir circuler normalement lundi. S’il n’y a pas de circulation par alternance, ils seront dans les convois organisés dans des bus de 20 places maximum car on ne peut pas avoir des gros bus sur la route à cause de certains endroits à risque et étroits", explique l’élu en poste depuis 2001.

ts/www.ipreunion.com

guest
0 Commentaires