Cocaïne, ecstasy, MDMA et chimique

Drogues de synthèse : le fléau s'installe à La Réunion et se banalise

  • Publié le 18 avril 2018 à 12:07

Les autorités l'affirment, il y a quelques années, les drogues de synthèse circulaient encore rarement et en faible quantité sur le département de La Réunion. Aujourd'hui, ces stimulants tels que l'ecstasy, la MDMA ou encore la cocaïne, deviennent banals. "On n'est plus uniquement sur de la consommation péi" déclare le Procureur de Saint-Denis, Eric Tuffery, qui se dit "inquiet de l'usage de ces drogues non locales à La Réunion" et de "l'augmentation des consommateurs". Enquête

Le démantèlement de deux réseaux de trafic de stupéfiants réalisé ce lundi 16 avril et ce mardi 17 avril 2018 sur le territoire réunionnais interpelle. Le zamal, cannabis local, ne semble plus être l'unique drogue prisée sur l'île. De plus en plus, les drogues de synthèse font leur apparition. "Elles se démocratisent et nous envahissent depuis trois, quatre ans" confie un policier de la Brigade anti-criminalité de Saint-Denis. Par exemple, "la cocaïne était auparavant réservée à une jeunesse dorée. Maintenant, tout le monde en consomme". La MDMA ne semble plus, non plus, réservée à une clientèle spécifique. "Elle est arrivée à peu près au même moment que la cocaïne. Elle provient souvent de Thaïlande et comme elle est incolore et inodore, elle est difficile à déceler" ajoute le policier.

- "Les trafiquants prennent ce qu'ils trouvent sur le web et ils se font livrer" -

Le commissaire Jérôme Besse l'affirme, lui aussi : "on constate une diversification des drogues à La Réunion ainsi qu'une baisse des prix". Notamment de la cocaïne qui se vend une centaine d'euros le gramme : "il y a 10 ans, ça valait le double". Pour la commissaire Mathilde Lechauve, cheffe de la Sûreté départementale (SD), même constat : "avant, on trouvait beaucoup de zamal. Maintenant, il n'est pas rare d'interpeller quelqu'un avec de l'ecstasy ou de la cocaïne". Selon elle, cette recrudescence de drogues "est liée au fait qu'aujourd'hui, il est possible de les acheter sur internet". Elle ajoute : "Les trafiquants prennent ce qu'ils trouvent sur le web et ils se le font livrer". Essentiemment par voie postale. "Ce qu'on voit arriver de façon massive, ce sont les saisises douanières" confirme le Procureur Eric Tuffery.

- Des envois postaux contenant de la drogue -

"On intercepte des colis qui contiennent des quantités de plus en plus importantes" alerte, de son côté, la direction régionale des douanes de La Réunion. Elle rappelle : "il y a quelques années on retrouvait seulement quelques cachets. Aujourd'hui, on atteint quelques fois le millier de cachets par envoi". Selon le service des douanes, cela reste néanmoins, destiné à "une consommation individuelle avec des envois ponctuels. On ne tombe pas régulièrement sur de gros réseaux comme ceux qui ont pu être démantelés ces derniers jours".

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Pour faire la chasse à ces importations illicites qui proviennent de métropole mais aussi de Chine ou de Thaïlande, les douanes comptent sur la présence de chiens spécialisés dans la recherche des stupéfiants ou encore d'un scanner situé dans les locaux de La Poste. "On ne peut pas ouvrir tous les courriers" précise une douanière.

- "Les arrivées sont plus fréquentes et de meilleure qualité" -

Le docteur David Mété, addictologue au CHU de Saint-Denis constate également une recrudescence de la consommation des drogues de synthèse à La Réunion : "les arrivées sont plus fréquentes et de meilleure qualité". Il s'en souvient, il y a 15 ans, la cocaïne était visible de temps en temps "dans les soirées privées de Saint-Gilles ou dans les milieux VIP de Saint-Denis. Aujourd'hui, vous pouvez en trouver partout, même dans les quartiers populaires". Ce qui l'inquiète d'autant plus, c'est l'arrivée du "tabac chimique" qui appartient à la famille des cannabinoïdes et qui a fait le buzz récemment sur internet.

- Le "tabac chimique" inquiète le corps médical -

"Cette drogue est accessible sur le web. C'est un produit qui donne un effet sédatif, 200 à 300 fois plus puissant que le cannabis normal et qui provoque des toxicités cardiaques, pulmonaires et rénales" précise le Dr David Mété. Arrivé à La Réunion fin 2017, ce "tabac chimique", présent à Mayotte depuis 2011 et fabriqué dans des laboratoires chinois et indiens, "peut entrainer de graves troubles et des décès".  "C'est un phénomène tout à fait nouveau qui, on l'espère, ne va pas se développer ici" s'inquiète l'addictologue. 

Des propos soutenus par Christophe Lozé, directeur des Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) du Nord et de l'Est de l'île : "L'effet de la chimique est fulgurant. Il faut qu'on s'en inquiète. Il est temps d'agir".

sw/rb/www.ipreunion.com 

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2 Commentaires
Jose
Jose
5 ans

Il faut être intraitable avec tous ceux qui importent, et vendent ce poison, ce sont plus que des assassins, profiter de la détresse ou la misère humaine pour se faire du fric et frimer, il n'y a aucune excuse à ça !
Au trou, et jetez la clé !

ALP
ALP
5 ans

Que fait la douane qui sait si bien bloquer nos colis pour un papier qui n'est pas de la bonne couleur ?