Elle démarre le 9 juillet

Les planteurs inquiets pour cette campagne sucrière

  • Publié le 4 juillet 2018 à 02:59
  • Actualisé le 4 juillet 2018 à 06:48

Après la réunion qui s'est déroulée mardi 3 juillet après-midi, la date de la campagne sucrière 2018 a été fixée au 9 juillet dans le Nord et l'Est. Les syndicats ne voient pas cette campagne sucrière sous de bons auspices. Les planteurs sont confrontés à plusieurs difficultés "comme tous les ans" déclare Patrice Pounoussamy président du syndicat Unis pour nos agriculteurs (Upna). D'une part, les agriculteurs prévoient un tonnage bien inférieur à celui de 2017 qui était une très bonne année. D'autre part, les agriculteurs font face à une perte de revenus liés à une faible évaluation de la richesse de leurs cannes récoltées par la coupeuse péi.

Interrogés successivement, les syndicats agricoles sont unanimes, la campagne sucrière 2018 s'annonce "compliquée", "mitigée" à cause de la période de sécheresse de la fin 2017 et de la tempête tropicale Fakir. Les inquitides sont "quasiment tout le temps les même" a déclaré Patrice Pounoussamy, président de l'Upna

- Une campagne "mitigée" -

Cette année, le tonnage s'annonce bien inférieur à celui de 2017. Les planteurs prévoient entre 880 000 et 900 000 tonnes de cannes pour l'usine de Bois-Rouge. En 2017, 1, 4 million de tonnes de cannes avait atteint l'usine après un début e campagne socialement très mouvementé autour de la convention canne.

Pour rappel, l'année dernière, au mois de juillet, la signature de la convention canne 2017-2021 avec Tereos a bousculé toute l'île. Blocages d'usines, opérations escargot, tensions et tracteurs à la préfecture... Les actions des planteurs avaient été nombreuses et elles avaient porté leurs fruits : l'usinier avait fini par leur octroyer 2,60 euros de revalorisation du prix de base de la tonne de canne, une prime d’intéressement de 0,88 centimes d’euros et une aide à la production de 0,4 cts pour ceux coupant un volume de moins de 700 tonnes.

À ces faibles prévisions de tonnage se greffent les inquiétudes des planteurs sur les revenus à la tonne de canne.  Pour cette année, bien que la convention canne de 2017 ne soit pas remise en cause par les planteurs, ces derniers redoutent une baisse de leur revenu.

- Coupeuse péi, perte de richesse et baisse de revenus -

La "coupeuse péi" c'est la machine utilisée par certains planteurs pour la coupe de cannes longues. Les planteurs doivent faire face à un manque de main-d'oeuvre durant la campagne sucrière. Le manque de bras pour couper la canne à sucre les obligent à avoir recours à cette coupeuse péi.

Pour Patrice Pounoussamy, le président de l'Upna, "commencer une campagne sucrière avec la coupeuse péi c'est un vrai problème. La coupeuse péi ne devrait être utlisée qu'en fin de campagne quand on pense qu'on aura du mal à finir la coupe" soutient-il.

Si cette coupeuse mécanique est tant décriée, c'est qu'elle est la cause d'une dévaluation de la richesse des cannes récoltées "les chargements de cannes coupées par la coupeuse péi contiennent entre 10 et 15% de non-cannes" explique Bruno Robert, des Jeunes agriculteurs.

Les planteurs qui utilisent la coupeuse péi voient la richesse en sucre de leur canne "sous-évalué alors qu'elles contiennent le même pourcentage de richesse que les canne coupée manuellement". La présence de non-canne ferait baisser à 9% la richesse de la canne soit à environ 13 euros la tonne, alors que le prix de base pour une tonne à 13% de richesse (taux normal) est de 40 euros. "La coupeuse péi fait perdre quatre points en richesse et représente une baisse de plsu de 25 euros par tonne" explique Patrice Pounoussamy. Il insiste, "le plus gros problème de cette campagne sucrière c'est la coupeuse péi".

Les planteurs inquiets s'étaient d'ailleurs mobilisés devant l'usine de Bois-Rouge à Saint-André le 13 juin 2018. Ils reprochaient à l'industriel du sucre Téreos une "injustice" vis-à-vis des planteurs qui utilisent la coupeuse péi. "Cela concerne 300 planteurs dans l'Est" déclare Bruno Robert.

Lire à ce propos : Pérennisation de la filière canne/sucre, les planteurs inquiets

La coupeuse péi était présentée comme une "révolution" déclare Patrice Poutoussamy. Mais aujourd'hui, elle est qualifiée "d'alternative désastreuse".  Il conclut "on se demande si ce n'est pas préférable de faire un retour en arrière, mais la main-d'oeuvre manque et les planteurs prennent de l'âge".

sjb/www.ipreunion.com

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