La terre grignotée par les eaux

Mayotte : les mangroves sur le déclin

  • Publié le 2 novembre 2018 à 03:00
  • Actualisé le 2 novembre 2018 à 12:01

L'un des symptômes de cette érosion, ce sont les mangroves qui meurent à petit feu victimes de l'urbanisation galopante et de la pollution. Ces forêts entre terre et mer abritent une biodiversité végétale et animale exceptionnelle et protègent le littoral et le lagon. Aujourd'hui menacées par les dépôts de déchets, la pollution des eaux et l'urbanisation, elles ne peuvent plus jouer leur rôle écologique pourtant vital. Les autorité se sont saisies du dossier, préserver cet écosystème est l'un des enjeux majeurs des prochaines décennies.

Nos confrères de France Mayotte Matin ont réalisé tout un dossier sur ces mangroves qui se meurent. Les conséquences sont déjà là : glissements de terrain, montées des eaux, faune et flore menacées. " En sept ans, plus de dix mètres de glissement de terrain ont été constatés " ajoutent nos confrères. Les mangroves ne retiennent plus les eaux. Maisons et exploitations les plus côtières sont englouties sous les yeux d’habitants impuissants.

La mangrove de Kani-Bé à Kani-Kéli est réputée pour sa forêt de palétuviers. Aujourd’hui, elle est en train de disparaître dévorée par le lagon.

L’eau monte de quatre millimètres chaque année. Bernard Thomassin, un scientifique de renommée mondiale s’est penché sur le problème et ses conclusions sont sans appel " si une telle vitesse de hausse du niveau marin se maintient ou s’accélère pendant les quatre prochaines décennies, on assistera à un net recul du trait de côte tout autour des îles, surtout lors des hautes mers de vives eaux, sur tous les littoraux et plus particulièrement sur les plages et dans les plaines estuariennes ". Le scientifique ajoute " la construction d’ouvrage de protection (digues littorales) ne fera qu’amplifier cette érosion des littoraux des îles. "

- L’activité humaine mise en cause -

Le réchauffement climatique n’explique pas à lui seul le déclin de ces mangrove. L’activité humaine y est aussi pour beaucoup. Déchets plastiques et ménagers ont envahi les mangroves et les empêchant de se développer.

L’urbanisation, l’absence d’assainissement, le rejet des eaux usées en mer, le défrichement intense agressent encore un peu plus ces mangroves qui reculent petit à petit. Selon nos confrères de France Mayotte Matin un zone géographique est particulièrement touchée " toute la côte Sud de l’île, de Tsimkoura à Poroani et jusqu’à Kani-Kéli." Dans son premier rapport sur le sujet en 2015, le CNRS alerte " Mayotte abrite de belles forêts de mangroves qui subissent cependant une pression considérable en raison de l’essor de l’urbanisation et d’une très forte densité humaine. "

Aujourd’hui, les autorités semblent avoir pris la mesure du danger qui se profile : le déclin des mangroves et la mort d’un écosystème pourtant vital. Un plan de gestion des récifs coralliens, des mangroves et des herbiers a été dévoilé il y a quelques mois.

Une cinquantaine d’actions qu’il est nécessaires de réaliser d’ici 2020 ont pu être ciblées afin d’améliorer, de préserver et de gérer durablement les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers. Mayotte a aussi été inscrite par le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat) dans la liste des territoires qui seront les plus menacés par les conséquences du réchauffement climatique.

Des chantiers  pilotes  de  restauration  de  mangroves  ont  été réalisés par des associations, avec plantations de palétuviers sur 2 sites  (Tsoundzou et Miréréni), accompagnés d'une sensibilisation de la population et des scolaires. 

fh/www.ipreunion.com

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