Inégalités salariales (actualisé)

À partir de 15h35 aujourd'hui, les Réunionnaises travailleront "gratuitement"

  • Publié le 6 novembre 2018 à 09:03
  • Actualisé le 6 novembre 2018 à 15:41

A travail égal salaire non égal... En métropole comme à La Réunion, les femmes sont toujours moins payées que les hommes. A cause de ces inégalités salariales, c'est comme si les Françaises travaillaient " gratuitement " à partir d'aujourd'hui, mardi 6 novembre à 15h35 et ce jusqu'à la fin de l'année. Dans les rues de Saint-Denis, ces chiffres choquent et sont une surprise pour la plupart.

"On fait la même chose et nous ne sommes pas payées pareil, c’est injuste," témoigne Inna, qui sort tout juste de son travail dans une boutique dans le centre de Saint-Denis. Corinne est également scandalisée : " les femmes travaillent, occupent parfois la même fonction que les hommes et ne nous sommes pas payées pareil ?"

Comme tout les ans, la newsletter féministe Les Glorieuses de Rebecca Amsellem rappelle les chiffres des inégalités salariales d’après des calculs effectués à l’aide des données et statistiques fournies par Eurostat. En moyenne en France, les femmes ont un salaire inférieur de 15,2% à celui des hommes. Cet écart est proche de la moyenne européenne qui est de 16%. Nous ne sommes pas dans les bons élèves… En Roumanie il est de 5,2%, en Italie de 5,3%, au Luxembourg de 5,5% et en Belgique de 6,1%. "Je tombe de haut, je n’étais pas au courant. Nous n’en parlons pas assez," estime Sévrine.

La situation change, à très petits pas. L’année dernière, cette date fatidique avait été fixée au 3 novembre à 11h44… Nous avons ainsi gagné trois petits jours… A ce rythme là note les Glorieuses, "nous pouvons attendre 2168 pour arriver à l’égalité." Long, long, long… "je suppose que je serais morte à ce moment là" ironise Inna. "C’est inadmissible !" réplique tout simplement Corinne. "Mais c’est dans longtemps, s’exclame Irina, ce n’est pas juste. On se donne à fond pour gagner moins que les hommes ? Nous ne sommes pas égaux."

Quelques efforts… ou pas

Pour la jeune femme, "ils devraient arranger ces inégalités au plus vite. Des pays arrivent très bien à les gérer. La France à un sacré retard sur pas mal de chose, elle devrait revoir sa politique. Ce n’est pas qu’à Emmanuel Marcon de faire des efforts, c’est aussi aux patrons." Ils le font, mais à petits pas. Certaines entreprises commencent à prendre en compte les disparités et mettent en place des dispositifs. Mais pour la transparence, ce n’est pas encore gagné. Pour Inna, il y a encore un trop grand tabou autour des salaires en France : "c’est caché : personne n’en parle. Mais on devrait tous le savoir, tout le monde devrait gagner la même chose." A compétences égales, salaire égal. Du côté de l’Etat, on envisage des sanctions pour pénaliser les sociétés bonnets d’âne… Il y a par exemple le "name and shame" que l’on peut traduire par "nommer et faire honte". Il consiste à révéler publiquement le nom d’une entreprise pour porter atteinte à sa réputation. En septembre 2017, Marlène Schiappa avait ainsi convoqué les dix mauvais élèves pour une action de sensibilisation à la mixité. La ministre du Travail Muriel Pénicaud a également proposé un volet dans la loi "avenir professionnel" concernant l’égalité salariale. A partir du 1er janvier 2019, les entreprises de plus de 50 employés devront mesurer les écarts de salaires entre femmes et hommes. Elles auront un délai de trois ans pour les rectifier.

Pour les inégalités des chances à l’embauche… c’est une autre histoire. Selon une enquête de la Fondation des Femmes rendue public hier, lundi 2 novembre, une femme qui postule à un emploi considéré comme masculin à 22% de chances en moins qu’un homme, à compétences et qualification égales, de se voir proposer un entretien d’embauche. Invitée à la matinale d’Europe 1 hier, la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa estime que le CV anonyme n’est pas la solution pour lutter contre cette discrimination. "Quand on recrute quelqu'un, on a besoin de savoir qui est cette personne donc ce n'est pas quelque chose que je retiens", a-t-elle indiqué au micro d'Audrey Crespo-Mara

S'engager à son niveau

"Mais... il faut se mobiliser, manifester ! Je ne sais pas, faire quelque chose !" s'exclame Jeanne. A notre niveau, ce n’est pas compliqué de s’engager. Il suffit par exemple d'inonder les réseaux sociaux du hashtag #6novembre15h35. Une pétition circule également sur le site internet des Glorieuses, elle appelle le gouvernement à mettre en place trois grandes propositions : un congé paternité équivalent au congé maternité, une transparence des salaire et un certificat d’égalité obligatoire. Elles ont même mis en place un compteur pour calculer notre manque à gagner sur une année si on avait été un homme... De combien est le vôtre ?

nt/www.ipreunion.com

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