La consommation est également visée

Mouvement du 17 novembre : mais pourquoi donc bloquer les routes...

  • Publié le 7 novembre 2018 à 09:18
  • Actualisé le 7 novembre 2018 à 09:20

A dix jours du mouvement du 17 novembre, les esprits s'échauffent autour du blocage, ou non des routes réunionnaises... Alors que des collectifs se montent sur les réseaux sociaux pour organiser des opérations escargots et autres réjouissances, d'autres écrivent au Préfet et demandent des actions directes pour "désamorcer cette bombe à retardement." Dangereux les blocages ? Légaux ? Pourquoi ne pas monter directement aux institutions ? Certains voient encore plus loin que les hausses des prix des carburants et vise la consommation...et ses centres commerciaux.

Dans les rues de Saint-Denis, on vous avait posé ces questions et une grande majorité d’entre vous nous avait répondu que cette méthode n’était pas la bonne… Céline par exemple, appréhendait déjà cette journée où elle allait se retrouver dans les embouteillages, entre le stress et la chaleur. Quant à Monique elle posait clairement la question du "oui… mais après ? C'est une petite action... Il faut être plus solidaires et engagés : se mobiliser sur le long terme! Nous pouvons signer des lettres, des pétitions, les faire remonter au gouvernement, à l'Assemblée. Pourquoi ne pas réunir nos sept députés pour ouvrir un débat ? Un blocage de route ne sert à rien car il ne dure qu'une journée. Pour être efficace, il faut voir plus loin."

Opérations escargots des motards

Nicolas Guezello du "Collectif de défense des motards" sera sur les routes pour manifester son mécontentement contre la hausse des carburants.  "Nous organisons deux opérations escargots qui vont converger en un seul point : la Préfecture de Saint-Denis. Il y aura un départ à Saint-Benoît, et un autre à Etang-Salé le matin. Nous allons ralentir les quatre-voies et nous rejoindre sur le Boulevard Sud où nous allons stationner pendant une heure de 10 à 11 heure." Pour le moment, c’est ce que ces motards prévoient. Ils attendent encore le feu vert des autorités responsables. A la Préfecture de Saint-Denis, les motards vont remettre leurs revendications. A midi, tout devrait être terminé…

"Bloquer les institutions plutôt que les routes ? C’est ce qu’on voulait faire et j’aurai préféré… mais le 17 tombe un samedi et tout sera fermé. Et un samedi, c’est finalement une bonne chose," estime Nicolas Guezello que se dit soucieux de ne pas "déranger les travailleurs. Et ceux qui travaillent ce samedi auront suffisamment de temps pour s’organiser et d’aller à leur boulot. La situation s’arrangera tout de suite en fin de matinée." Pour le motard, la gêne est minime et "on ne peut pas faire moins. Nous ne sommes pas contre l’Etat et contre les gens nous avons juste des revendications, nous voulons engager la discussion au nom des motards." Et d’ajouter : "nous ne voulons pas pénaliser les personnes qui veulent circuler, on essaye juste de se faire remarquer sans créer la pagaille et sans se faire des ennemis." Ils devraient entre deux et trois cents sur les routes… Pour le moment, ils n’ont pas prévus de faire remonter une pétition aux instances de l’Etat.

Du côté des opposants aux blocages de route, le collectif "Aret Blok a Nou" qui a fait parvenir une lettre au Préfet et à la presse. Georges Potola écrit ainsi : "nous les automobilistes, nous avons marre d’être encore une énième fois victimes d’opération escargot et de blocage de route. (…) Nous comprenons parfaitement les revendications, portées par des millions de Français, les prix en augmentation constante et le pouvoir d’achat qui ne cesse de se rétrécir. Nous la classe populaire, nous vivons grâce aux crédits, une journée de travail perdu c’est encore des problèmes qui s’accumulent. De plus nous ne sommes pas coupables de cette situation, mais doublement victimes, otages sur les routes et bouc émissaire du gouvernement."

Bloquer les centres commerciaux

Ces arguments, le groupe Facebook "Mouvements le 17 novembre" les comprend. Ils ont de leur côté choisi de bloquer la consommation… "On ne veut pas embêter les gens en les empêchant de circuler, explique Aurore Rudy, l’une des administratrices. Nous savons que des gens travaillent, vont à la plage, voient leurs familles et leurs amis. Nous protestons contre la vie chère, la politique d’Emmanuel Macron, les retraites… Il n’y a pas que la hausse des prix du carburant." Avec ses plus 4.180 membres, le groupe entend donc bloquer les grands centres commerciaux, "Duparc, Cambaie, Canabady… nous voulons affaiblir l’économie, ils feront un chiffre d’affaire de zéro. Nous visons ceux qui s’en mettent plein les poches," poursuit Aurore Rudy. Un peu comme en 2009, quand le collectif COSPAR (collectif contre la vie chère) avait organisé de grandes manifestations avec des blocages de supermarchés et de centres commerciaux.

Lire aussi => Des manifestations aux débordements et "Manifester plus pour gagner plus"

Aurore Rudy espère être suivie par une grande majorité  : "les Réunionnais doivent se réveiller, nous ne sommes pas des moutons !" Et ces actions ne dureront pas qu’un jour : "nous allons mettre en place un système de roulement par rapport à nos emplois du temps : il y aura ainsi toujours du monde, nous irons plus loin que le 17 novembre. On ne s’arrêtera que quand le gouvernement comprendra." Pour la manifestante, les pétitions ne servent à rien : "on nous entend mais on ne nous écoute pas : il faut que ça bouge ! Nous voulons des actions concrètes ! Il y a eu 1789, 1848, 1968, il y aura 2018 : le peuple gronde, le peuple va arriver." Les blocages se feront "pacifiquement mais nous ne sommes pas le bon dieu : on ne tendra pas la joue."

Sur internet, une carte commence à circuler avec tous les blocages prévus :

Aurore Rudy n’a déposé aucun préavis de grève ou de blocage : "il y a eu 1789 : nous sommes allés chercher le roi, je ne pense pas qu’il y ait eu de préavis." Quant aux institutions, "nous avons prévu de les viser mais nous voulons commencer par la consommation et les centres commerciaux. Nous sensibilisons d’abord, pour la suite nous verrons : aller voir les députés, la préfecture, la sous-préfecture, la Région…"

La Préfecture de La Réunion, interrogée sur les questions de la légalité et de la sécurité de ce mouvement de blocage national nous a indiqué qu'elle nous répondra  dans la matinée de ce mercredi.

Gilet jaune, un geste de protestation grignoté par des fake news

En attendant les manifestations et les blocages du 17 novembre, les automobilistes qui soutiennent le mouvement sont appelés à placer leur gilet jaune sur leur tableau de bord…Et non, par ce geste vous ne risquez pas une amende de 150 euros comme nous pouvons parfois le lire. L’information, qui s’est rependue sur la toile à vitesse grand V, provenait du site parodique Nordpress…

nt/www.ipreunion.com

guest
2 Commentaires
Michel
Michel
5 ans

C'est vrai pourquoi bloquer les routes... alors qu'elles le sont tous les matins dès 6 h et rebelote le soir dans l'autre sens ?

Augmentez les salaires, les retraites et les minima sociaux, oui, mais alors ça signifie s'attaquer aux vrais fauteurs de vie chère que sont les patrons. Et ça, ça ne plait pas à tous ceux qui défendent le système capitaliste !

Aterla
Aterla
5 ans

"ne pas se faire d'ennemis" en faisant des opérations escargots ? Il faudrait revenir sur terre...