Making-of de l'AFP

Les Gilets jaunes vus par des yeux syriens

  • PubliĂ© le 26 dĂ©cembre 2018 Ă  02:59
  • ActualisĂ© le 26 dĂ©cembre 2018 Ă  05:38
AFP

Au milieu des témoins des manifestations des gilets jaunes à Paris, trois jeunes hommes tranchaient de façon singuliÚre. Appareils photo en main, ils ont pleinement profité de ces moments, en s'échangeant des regards entendus et des blagues à chaque fois qu'ils se croisaient. De temps à autre un souvenir douloureux ou une réflexion a atténué leur légÚreté. Ces trois hommes sont syriens. AprÚs avoir couvert la guerre dans leur pays, avant de pouvoir s'en échapper, Abdulmonam Eassa, Sameer Al-Doumy et Zakaria Abdelkafi sont photographes de presse pour l'AFP. Ils ont suivi les accÚs de violence qui ont marqué la capitale française. Avec le sourire.

Abdulmonam Eassa - En imaginant ma nouvelle vie en France, je voyais une existence paisible, l’apprentissage d’une nouvelle langue, me faire de nouveaux amis et apprĂ©cier la vie dans un pays en paix. Je ne pensais pas voir remonter des souvenirs de frappes militaires en me trouvant sur les Champs-ElysĂ©es.

Pendant sept ans, j’ai couvert comme photographe la descente aux enfers de la Syrie. Les deux derniers mois dans ma ville natale de la Ghouta ont Ă©tĂ© particuliĂšrement Ă©prouvants. J’ai vu des amis mourir, entendu les cris animaux de parents dĂ©couvrant le corps de leurs enfants Ă  la morgue. J’ai connu la peur, Ă©prouvĂ© la faim, et senti l’anesthĂ©sie qui vous enveloppe avec l’épuisement moral et physique (...) .
 

Sameer Al-Doumy - La premiĂšre fois oĂč j’ai senti du gaz lacrymogĂšne, ça m’a provoquĂ© une agrĂ©able bouffĂ©e de chaleur. Ça m’a ramenĂ© il y a presque huit ans, au commencement du soulĂšvement populaire en Syrie. Les manifestations y Ă©taient pacifiques au dĂ©but. Les Syriens voulaient juste plus de libertĂ© aprĂšs des annĂ©es de dictature. La police se contentait de tirer des gaz lacrymogĂšnes. Il n’y avait encore ni balles, obus de mortiers ou frappes aĂ©riennes. Beaucoup de mes amis et de proches Ă©taient encore vivants. Nos villes n’avaient pas encore Ă©tĂ© rĂ©duites Ă  des tas de ruines. En y repensant, c’était une pĂ©riode bĂ©nie. Et cette bouffĂ©e de lacrymogĂšne m’a ramenĂ© Ă  cette Ă©poque (...).

Zakaria Abdelkafi - En Syrie il n’y a jamais de photos montrant des policiers et des manifestants ensemble. Ici, on peut en faire beaucoup oĂč on voit des manifestants parler Ă  des policiers, ou leur crier dessus. En Syrie, c’est impossible (...).

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