Températures élevées, vents, cyclones

Changement climatique: La Réunion n'en sortira pas indemne

  • Publié le 7 février 2019 à 06:07
  • Actualisé le 7 février 2019 à 06:39

Alors que La Réunion étouffe sous la chaleur de l'été austral, les États-Unis grelottent, l'Australie suffoque, l'Europe est sous la neige... Les changements climatiques impactent le monde entier. Sur l'île, les hypothèses sur leurs conséquences sont multiples. Augmentation des températures, changement des régimes du vent, hausse des pluies, cyclones plus puissants... Ces phénomènes qui auront une influence plus ou moins marquée sur la faune et la flore, pourraient être atténués par... la forêt.

• Depuis 40 ans, les températures augmentent

"Plutôt que de réchauffement climatique, nous parlons plutôt de changements climatiques, indique Jacques Ecormier chef prévisionniste à Météo France. Dans le monde, il fera plus chaud à certains endroits, et à d’autres, il fera plus froid." A La Réunion, le mercure monte, doucement. Le mois de janvier a été "exceptionnellement chaud", décrit Météo France, avec des températures maximums supérieures de +1,5°C par rapport à la normale saisonnière. Le record absolu a d’ailleurs été battu à la station de Pointe Trois-Bassin qui a enregistré une température de 37°C. Le dernier record était détenu par le Port en mars 2004 avec 36,9°C.

Lire aussi => Météo France : "janvier 2019 sera le mois de janvier le plus chaud jamais mesuré à La Réunion"

"Nous constatons que depuis les 40 dernières années, les températures augmentent de manière régulière, poursuit le prévisionniste. Même si nous ne croyons pas au réchauffement climatique, ce fait est indéniable : les températures augmentent, légèrement mais sûrement." Entre 1968 et 2008 Météo France a ainsi constaté une hausse de température de 0,62°C.

Pour le moment, difficile de prévoir ces augmentations, des études sur la zone Océan Indien sont en cours. "Ce sont des travaux poussés, longs. Leurs résultats seront connus dans deux ans," annonce Jacques Ecormier

• Pas plus de cyclones, mais des phénomènes plus puissants

Avec les changements climatiques, "le nombre de cyclone ne devrait pas augmenter, précise Jacques Ecormier. Mais par contre, les cyclones intenses vont de plus en plus impacter les zones les plus au sud du bassin de l’Océan Indien : celles de La Réunion, de Maurice."

Des phénomènes plus puissants qui pointeront leur nez pendant la période cyclonique. "Si la saison cyclonique va jusqu’au 30 avril, rappelle Jacques Ecormier, c’est qu’il y a des risques d’avoir un cyclone à cette période. C’est rare, mais pas impossible". A l’exemple de Fakir qui avait touché l’île de plein fouet et très rapidement le 24 avril 2018. "Nous avons déjà eu dans le passé un cyclone en mai, comme Manou en 2003," illustre le chef prévisionniste de Météo France.

• Le lien entre la végétation et le climat est "extrêmement étroit"

"Le climat influence étroitement la répartition des habitats : au dessus de 1.000 mètres nous avons des forêts de montagne, au dessus de 2.000 mètres, c’est de la végétation éricoïde…, observe Julien Triolo, responsable du pôle écologie à l’Office nationale des forêts (ONF). Si le climat change, forcément la répartition naturelle des forêts vont subir des changements." Néanmoins la forte diversité biologique des forêts réunionnaises permettra une meilleure adaptation à ces changements. Les espèces les plus sensibles seront celles qui sont inféodées à des altitudes ou des climats particuliers. Les moins sensibles sont celles qui occupent une large répartition sur le territoire. Sans parler de l’impact des invasives…

Mais finalement, tout n’est pas si simple, les hypothèses sont multiples, les études aussi. "Les changements climatiques sont difficilement visibles dans le parc national en raison de la multiplicité des microclimats et les différence d’altitude à La Réunion. Nous sommes dans un milieu très complexe et ce n’est pas si simple…" indique Paul Ferrand, directeur adjoint du parc national de La Réunion. Il ajoute : "Ce qui semble certain, c’est que nous aurons une modification du régime des vents qui emmènera une modification de la pluie. Mais cela ne se fera pas en cinq minutes… "

Difficile également de blâmer les changements climatiques lorsqu’il y a des feux de forêt… Exemple avec l’incendie du Grand Brûlé qui a eu lieu il y a une dizaine de jours et qui était directement lié à la météo. Entre des températures élevées, et l’absence de pluie, la zone était hautement inflammable…Néanmoins, "il faut prendre de la distance, le rapprochement direct entre réchauffement climatique et incendie est toujours un peu hasardeux… " explique Paul Ferrand.

• La forêt comme solution pour atténuer les impacts du réchauffement climatique

Au delà du lien étroit entre végétation et climat, il faut aussi souligner "le rôle d’atténuation de la forêt sur les impacts du réchauffement climatique," déclare Julien Triolo. La forêt peut être un outil pour freiner le réchauffement climatique. "Pour stocker le carbonne, rien de mieux que de refaire de la forêt," déclare Julien Triolo. Elles piègent et stockent le dioxyde de carbone, jouant un rôle essentiel dans l’atténuation du changement climatique.

Le responsable du pôle écologie à l’ONF cite également en exemple la fonction primordiale du manteau forestier dans le maintien de l’eau : "nous pouvons supposer qu’avec une élévation des températures il y aura des cyclones plus puissants et des pluies importantes, or les arbres retiennent l’eau," rappelle Julien Triolo, et protègent contre des éboulements, les glissements de terrain et les coulées de boue. C’est pour cela que La Réunion a des règles très strictes encadrant le déboisant et le défrichement. "Si vous enlevez une forêt, les températures augmentent, le carbonne est libéré, l'eau qui alimentent les nappes n'est plus retenue. Tout va partir. Plus on conservera le manteau forestier de La Réunion et plus on conservera son habitabilité" résume Julien Triolo.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
si seulement
si seulement
5 ans

et aou bibik ko sa ou fé ou ? all demande l'onf trape un ti baton pour aller jouer dedans don!

bibik
bibik
5 ans

komsi L'ONF et lo Park té fé in nafér contre... mi voi rien béton pousse dan la forêt et piéd de bois crévé... et pu okin zagent la forêt pou entretenir :(... Kossa is passe?

Daoud
Daoud
5 ans

Les dizaines d espèces vivantes importée chaque année risquent de détruire massivement le patrimoine végéta, déjà l fragilisé par des changements trop rapides. Sans la diversité végétale nous perdrons de l eau. Rétention des sols. Certains font encore les climato-septiques mais avouent devant les chiffres l évidence de notre destruction. L urgence est au reboisement massif de la planète pour limiter l impact. Non plus à compter les degrés de réchauffement. Le mouvement actuel de jeunes pour le climat est un espoir. Un réflexe de survie peut être pour la nouvelle génération.